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2ème dimanche de l'Avent C
 
 
Baruch 5,1-9 - Philippiens 1,4-6, 8-11 - Luc 3,1-6
 
     
 
Le visage de l'Avent.
 
     
 
10 décembre 2000
 
     
 

" Une voix crie dans le désert... " La rudesse, la sobriété, la noblesse de cette parole nous ont saisis. C'est celle la voix Jean le baptiste. Oui, ces mots s'adressent à chacun de nous par-delà les siècles, comme si ce désert était au fond de nous-mêmes et qu'y retentissait l'appel du Baptiste.
Le personnage de Jean est le visage de l'Avent, de la fonction prophétique d'Israël: son rôle de précurseur qui annonce et présente la personne qui doit venir : l'Envoyé de l'Eternel. Son geste baptismal s'inscrit dans le cadre des gestes prophétiques.

Jean-Baptiste nous parle. Luc vient de nous dire avec précision dans quelles circonstances historiques il prononçait ces paroles pour la première fois comme pour nous persuader de l'authen-ticité de son récit.

Le Seigneur vient, il est tout proche ; dimanche dernier, nous l'avons découvert et espéré ensemble, en libérant notre cœur de ses lourdeurs afin d'être capables de reconnaître les signes de cette venue.

Aujourd'hui, Jean-Baptiste, comme Isaïe, va nous aider à mieux niveler le chemin de Dieu. Ces obstacles concrets qui érigent un écran toujours plus opa-que entre nous et le Seigneur, nous les connaissons bien.

D'abord, ceux qui tiennent à nous-mêmes. C'est le secret de chacun, chacun est le seul à les connaître. Chacun a les siens : c'est tout ce qui n'est pas lisse, tout ce qui est tourmenté. Nos replis favoris qui creusent des ravins ou élèvent des collines entre nous et le Seigneur, ces déloyautés, ces ambivalences entretenues qui rendent tortueux les chemins de notre conscience, tout ce qui en nous n'est pas net, n'est pas vrai, ces ornières où nous nous enlisons constamment.

Vient ensuite l'écho de ceux qui sont provoqués en nous par le contexte troublant de notre monde. Dans la foulée des actualités, quels sont ceux qui ont gardé la sérénité ?

Il est de bon ton, aujourd'hui d'être tragique. Tout va si mal quand nous sommes laissés à nous-mêmes. Le problème social et ses répercussions politiques, le problème économique et ses conséquences monétaires, l'évolution des avantages professionnels, la faillite des anciennes techniques pédagogiques; tout ce monde qui se craquèle et nous jette dans l'inconnu.

L'homme a toujours eu peur de quelque chose, mais au moins quand il se battait, il savait ce qu'il voulait construire ; Il nous arrive que tout paraît tellement fragile ou caduc que la peur s'insinue partout, trouble les êtres, provoque le doute religieux, constitue un obstacle certain à l'écoute de la Parole de Dieu.

C'est dans ce tohu-bohu que retentit la Parole de Jean-Baptiste et son invitation à aplanir le chemin du Seigneur.

Mais comment faire ?

C'est dans les mêmes circonstances que parlait le prophète Baruch dont l'annonce nous remplit tant d'espé-rance et de joie. Au moment où il proclamait cette prophétie d'espérance, Israël était opprimé, dispersé, sans aucun avenir

politique, dépourvu de toute ressource économique; comment pouvoir imaginer restauration aussi prestigieuse au sein d'un dénuement aussi radical ? Le peuple d'Israël, la Jérusalem dont il parle n'est-elle pas la figure de ceux qu'on appellera plus tard, à la lumière de l'enseignement de Jésus : l'Israël et la Jérusalem nouvelle. Baruch annonce si audacieusement la restauration de son peuple de Jérusalem Cette audace nous concerne en ce temps de l'Avent où il nous est donné de tout espérer.

Le Seigneur vient et Baruch le dit : " Dieu guidera Israël dans la joie, à la lumière de sa Gloire... Dieu a décidé que soient abaissées toutes hautes montagnes et comblées les vallées pour aplanir la terre afin qu'Israël chemine en sécurité sous la Gloire de Dieu.

Nous découvrons ici le projet de vie de ce temps de l'Avent. Il est une manière de niveler les sentiers du Seigneur. Jean-Baptiste et Baruch par-lent tous deux d'abaisser les montagnes et de combler les val-lées pour l'arrivée du Seigneur. Pour Jean-Baptiste, c'était comme une demande, et pour Baruch, sa prophétie désigne l'ouvrier qui réalisera le travail : Dieu lui-même.

La programme à vivre est le refus du désespoir. Le moyen de niveler les sentiers de Dieu est de croire, d'être persuadé qu'Il a décidé de s'en charger.

Le premier geste à faire est l'effort de se détourner de soi-même et de se tourner vers Dieu, c'est d'oser espérer, même contre toute vraisemblance. Notre vrai-semblance à nous est fondée sur une connaissance limitée de la réalité et conditionnée par l'étroitesse évidente de notre esprit. Oser espérer est le message de la suprême sagesse. Mais comment y parvenir ?


Paul répond à cette question dans sa lettre aux chrétiens de Philippes. A l'heure où tout semble confus et fragile, Paul vient nous dire qu'il est possible d'oser espérer comme la prière de St François que nous adoptons comme la ligne directive du temps de l'Avent de notre communauté.

Voilà qui est original : le critère de vérité dans un monde où toute stabilité disparaît, où tout pousse au désespoir, c'est un amour qui défie tout qui donne la capacité d'apporter le message de l'Avent là où tout est à refaire.