retour à la page d'accueil retour à la page d'accueil
retour à la page d'accueilarchives des homéliespetit germinal, informations pratiquesla vie de la communautédernières conférencesparticipez à germinal
retour page accueil homelies 2004 archives : 2003 2002 2001 2000 1999 1998 1997
 
3ème dimanche de l'Avent C
 
 
Sophonie 3,14-18 - Philippiens 4,4-7 Luc 3,10-18
 
     
 
Là où est la tristesse, que je mette la joie...
 
     
 
17 décembre 2000
 
     
 


L'Avent est le temps du désir, de l'attente. C'est l'atmosphère de la vie qui respire l'envie de vivre tous les rêves. Nous sentons monter en nous les aspirations, les projets, les travaux entamés que nous n'avons pas encore réalisés dans notre vie, dans la vie de notre famille, de notre société. Comment ne pas sentir le sentiment de douleur d'une humanité qui n'est pas assez humaine, qui aspire à l'être ? Ainsi va la richesse de l'Avent qui fait grandir nos cœurs et élargit les horizons de notre vie.

En suivant St François qui cheminait vers le rendez-vous avec son Seigneur, nous avons interverti les démarches habituelles de l'approche auprès du Seigneur, la Foi, la Charité, l'Espérance, ces trois vertus, dites " théologales ".

" Là où est le désespoir, que je mette l'Espérance. " Nous espérons avant même de croire. L'urgence nous pousse. Le désespoir n'attend pas. Nous avons même prévu les maladresses possibles de notre part créant le doute de notre proposition. Pour que le doute ne s'installe pas, alors nous recourons à la Foi. " Là où est le doute, que je mette la Foi, " avant que tout ne sombre pas dans la tristesse. Et l'imagination de St François vient à notre rescousse. L'amour crée des ailes et il nous souffle : " Là où est la tristesse, que je mette la joie. "

Nous rejoignons ici le désir de l'Eglise en ce 3ème dimanche de l'Avent. Comme une mère attentive qui ne veut pas que ses enfant s'impatientent dans l'attente, elle a inventé une pause de bonheur, un avant-goût de la fête. C'est le dimanche " Gaudete ".

" Poussez des cris de joie, fille de Sion ! Eclate en ovation, Israël! Réjouis-toi, tressaille d'allégresse, fille de Jérusalem! Le Seigneur est en toi. Il aura en toi la joie et son allégresse. Il dansera pour toi avec des cris de joie. " Sophonie 3 14…

Où trouver cette joie assez forte pour changer ces fils barbelés en chaînes de joie ? St François qui nous a inspiré ces propositions audacieuses peut nous le dire.

Un certain jour d'hiver, le bienheureux François venait de Pérouse à Sainte Marie des Anges. Frère Léon l'accompagnait. Ils avaient beaucoup souffert du froid. Le bienheureux François fit signe au frère Léon qui marchait devant lui et lui dit : " O frère Léon, lors même que les frères mineurs donneraient par toute la terre bon exemple de sainteté et édification, note bien et retiens que ce n'est pas la joie parfaite. "

Et après avoir marché un peu, il l'appela encore et lui dit :" 0 frère Léon, même si le Frère Mineur rendait la vue aux aveugles, redressait les perclus, chassait les démons,... si le Frère Mineur savait toutes les langues et toutes les sciences et toutes les Écritures, en sorte qu'il sût prophétiser et révéler non seulement les choses futures, mais aussi les secrets des consciences... même si le Frère Mineur parlait la langue des Anges, et savait le cours des étoiles et les vertus des herbes, si tous les trésors de la terre lui étaient révélés... alors que le frère Mineur saurait si bien prêcher qu'il convertirait tous les infidèles à la foi du Christ, écris que là n'est pas la joie parfaite. "

Après avoir subi cette manière de parler pendant deux bons milles, frère Léon, pénétré d'étonnement, demanda : " Père, je te prie de la part de Dieu de me dire où est la joie parfaite. " Et saint François lui répondit: " Quand nous arriverons à Sainte?Marie des Anges, trempés de pluie, glacés de froid, souillés de boue, épuisés de faim, nous frapperons à la porte du logis, et le portier viendra irrité et dira : Qui êtes vous ? et nous dirons : Nous sommes deux de vos frères. Lui répondra : Vous ne dites pas la vérité, vous êtes plutôt deux ribauds qui allez trompant le monde, passez votre chemin. Et il ne nous ouvrira pas et nous laissera dehors dans la neige et l'eau, avec le froid et la faim jusqu'à la nuit. Alors si nous supportons sans trouble et sans murmurer devant tant d'injures et de cruautés, si nous pensons humblement que ce portier nous connaît vraiment et que c'est Dieu qui le fait parler contre nous, ô frère Léon, écris que là est la joie parfaite.

Et enfin, écoute la conclusion, frère Léon. Au-dessus de toutes les grâces et dons de l'Esprit Saint que le Christ accorde à ses amis, il y a celui de se vaincre soi-même et d'endurer volontiers pour l'amour du Christ les peines, les injures, les opprobres et les incommodités. Attendu qu'en tous les autres dons de Dieu nous ne pouvons pas nous glorifier, car ils ne sont pas de nous, mais dans la croix de la tribulation et de l'afffiction, nous pouvons nous glorifier, parce que cela est à nous; comme l'Apôtre a dit : " Je ne veux point me glorifier, sinon dans la Croix de notre Seigneur Jésus Christ. "

Non, il n'est pas fou, François, lui qui voulait épouser " Dame Pauvreté ". La béatitude de pauvreté l'a séduit. Il a compris que Jésus n'a pas dit : heureux les pauvres en esprit, mais heureux les pauvres qui n'ont que le souffle comme richesse. François pense aux béatitudes comme les traits de la vie de son Maître. Il voulait vivre démuni comme le Maître à l'heure qu'il a choisie pour parler, comme il ne l'a jamais fait, de la joie parfaite.

Sa joie parfaite est inspirée de ses dernières recommandations. " Vous serez affligés, mais votre affliction tournera en joie. Quand la femme met au monde son enfant, elle ne se souvient plus de son accablement, elle est toute à la joie. " Votre cœur se réjouira et cette joie nul ne vous la ravira." Ainsi, quelques heures avant la crucifixion, Jésus a prié son Père pour que ses disciples aient sa joie au point même d'en être comblés.

" Père, je veux que là où je suis, ceux que tu m'as donnés soient eux aussi avec moi… Que l'amour dont tu m'as aimé soit en eux, et moi en eux. ..Je continue, en ce monde, à dire ces choses pour qu'ils aient en eux ma joie dans sa plénitude." La joie profonde vient d'une Présence et d'une Communion. Quand Dieu est devenu l'hôte permanent, qu'il est chez lui chez nous et que nous sommes chez nous chez lui, la joie n'est-elle pas de vivre pour l'autre, avec l'autre, en autre " ? D.L.