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Dimanche de la Sainte Famille
 
 
Is 52, 7-10; He 1, 1-6; Jn 1, 1-18
 
     
 
Etre parents c'est accepter d'être depassé
 
     
 
31 décembre 2000
 
     
 
Selon une tradition bien établie à Saint-Germain, Denis nous a demandé de partager nos réflexions sur les textes que l'Eglise soumet à notre méditation en ce dimanche de la Sainte Famille. Nous vous proposons nos approches de ces textes en relation avec cette célébration.

ETRE PARENTS C'EST ACCEPTER D'ETRE DEPASSE

C'est d'abord un peu déconcertant de constater que le texte d'évangile qui nous est proposé décrit un épisode où la famille de Jésus est éclatée, séparée, bien loin de la sérénité paisible de la crèche de Bethléem.
Que nous dit-on, en effet.
Comme chaque année depuis douze ans " les parents de Jésus allaient à Jérusalem pour la fête de la Pâque "avec leur enfant. Depuis douze ans, Jésus, suivait ses parents.

Et pourtant, cette année là Jésus leur échappe, les met devant le fait accompli d'un comportement auquel ils n'étaient pas habitués et semble-t-il pas préparés.
Pourquoi Jésus demeure-t-il seul à Jérusalem sans même penser à l'inquiétude que son comportement allait occasionner ?

Au lieu de compatir à la souffrance de ses parents, au lieu de comprendre leur inquiétude il leur répond " Comment se fait-il que vous m'ayez cherché ? Ne le saviez-vous pas ? C'est chez mon Père que je dois être "

Ces interrogations de Jésus adressées à ses parents, résonnent aussi à nos oreilles
Ce qui paraît évident pour Jésus, ne l'est pas pour ses parents.
Ils sont déconcertés, " stupéfaits ", ils ne comprennent pas ce qu'il leur dit.
Ils sont déroutés, dépassés par l'événement.

Ainsi au cœur de cette famille, la plus sainte de toute, il y a cette absence d'évidence commune, cet écart d'appréciation, cette incompréhension, dont chaque famille humaine fait l'expérience.

Combien de fois n'avons-nous pas vécu des situations semblables où un flot d'interrogations montait en nous devant une situation que nous ne comprenions pas, devant un comportement auquel tel ou tel de nos enfants ne nous avait pas habitué.
Comment en sommes-nous arrivés là ? Qui est-il ? Où est-il ? Qu'est-il entrain de me dire ? Quel est ce langage ? Où a-t-il été chercher cela ? Que veut-il ?
Puis intérieurement nous nous demandions : Comment allons-nous parvenir à nous comprendre? Comment retrouver le chemin de la tendresse et du pardon ?
Toutes ces questions devaient habiter Marie et Joseph.

Les années passant notre enfant va nous échapper de plus en plus souvent, nous serons de plus en plus décalés par rapport à ses choix, nous le comprenons de moins en moins.

Alors, comme Marie et Joseph, après avoir donner sans compter à notre enfant tout ce que, comme parents, nous pouvions lui donner, il nous faut à notre tour le laisser grandir, faire confiance à l'avenir, accepter et accueillir le mystère de l'autre, lui permettre de trouver dans la liberté que nous lui avons transmis son propre chemin " sous le regard de Dieu et des hommes ".

ETRE PARENTS C'EST ACCUEILLIR LA PAROLE DE DIEU

Ce passage de l'évangile de Luc nous décrit les circonstances où pour la première fois Jésus parle de son Père et nous indique par la même qu'il est le Fils.

Il faut noter que c'est à ses parents que Jésus réserve la première annonce de cette révélation inouïe : il est le Fils du Père, c'est-à-dire le Fils de Dieu.
Ses parents ne comprennent pas, pas plus que ne le comprendront plus tard les apôtres.
Mais Marie, sa mère, renouvelant le " Fiat " de l'Annonciation, médite et réfléchit ; elle accepte avec foi sans comprendre le mystère de Dieu.

Le nom de son Père sera aussi l'un des derniers mots que Jésus prononcera avant sa mort en présence de sa mère.
Entre-temps Marie aura pu s'introduire plus avant dans le mystère de son fils.
Souvenons-nous qu'aux noces de Cana - premier récit de la vie publique de Jésus - elle indiquera aux serviteurs : " Tout ce qu'il vous dira, faites-le ", alors même que Jésus vient de lui dire " Mon heure n'est pas encore arrivée ".
Tout au long de sa vie Marie aura cherché à comprendre dans un acte de foi commencé au moment où l'Ange Gabriel lui est apparu, elle n'a cessé de faire confiance à la Parole de Dieu.

C'est par le " oui " de Marie que Jésus est venu parmi nous.
L'Incarnation - Dieu s'est fait homme - ne peut être le fruit d'une décision humaine, mais seulement de l'initiative de Dieu accueillie par un être humain, Marie.

Selon les évangiles, Jésus n'est effectivement pas le fils de Joseph, mais celui-ci a adopté l'enfant puisqu'il était le fiancé et l'époux de Marie.
Dans la loi juive, c'est le père qui donne la parenté légale et insère l'enfant dans une lignée..
Marie a donc permis que Jésus soit vraiment Dieu ; et Joseph, par son adoption, a inscrit Jésus dans l'histoire des hommes.
Comme l'a écrit Saint-Augustin
" Dieu s'est fait homme afin que,
marchant à la suite d'un homme, ce que nous pouvons,
nous arrivions jusqu'à Dieu, ce que nous ne pouvions pas "

ETRE PARENTS C'EST VIVRE EN ENFANTS DE DIEU

A l'âge de douze ans, Jésus révèle à ses parents la relation unique qu'il vit avec Dieu son Père.
Etre Dieu n'est pas une question de chromosomes, mais de relation.
Dieu est Amour, l'Absolu est relation : Dieu est Père, Fils et Esprit Saint.
Cette intimité avec Dieu, Jésus l'a vécue parmi nous afin de nous révéler son Père et nous transmettre sa Parole.
Or, que nous dit Saint Jean.
Si nous acceptons d'être dépassé par la Parole de Dieu, si nous nous plaçons avec confiance sous le regard de Dieu, que nous sommes fidèles à ses commandements, ce que nous demandons à Dieu, Il nous l'accorde.
Et le premier commandement que Jésus nous a laissé est : " Tu aimeras le Seigneur ton Dieu " et il en est un autre qui lui est semblable : " Tu aimeras ton prochain comme toi-même ".
Transmettre, agir et vivre de ce message dans notre famille ou avec notre prochain, c'est reconnaître que " Dieu demeure en nous puisqu'il nous a donné son Esprit " et que dès maintenant " nous sommes enfants de Dieu ".

Sabine et Jean François VASSEUR