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1er Dimanche de Carême C
 
 
Deutéronome 26,4-10 - Romains 10,8-13 Luc 4,1-13
 
     
 
Rempli de l'Esprit
 
     
 
4 Mars 2001
 
     
 

Le récit des tentations de Jésus n'est évidemment pas un reportage de journaliste, mais un épisode profondément symbolique : placé à l'ouverture du ministère, il constitue comme un frappant résumé des tentations que le Christ a refusées, un tableau figuratif de l'esprit qui l'animera jusqu'au bout.

Tout se situe au désert où Jésus passe quarante jours, comme le peuple hébreu jadis y fut quarante ans, et d'ailleurs à chaque assaut de Satan il est répondu par une citation biblique qui rappelle précisément la longue traversée du désert pendant l'exode : reprenant à son compte, revivant pour lui-même toute l'histoire de son peuple, le Christ la mène à son accomplissement; repassant à son tour par les grandes épreuves de l'exode, il en sortira vainqueur; remportant la victoire là même où l'ancien Israël avait succombé, il résume et fonde en sa personne un Israël authentique et fidèle à son Dieu, un peuple nouveau, un peuple de fils.

En insérant entre le récit du baptême et notre épisode une généalogie qui remonte aux origines en Adam (3, 23-28), Luc suggère que Jésus n'assume pas seulement, pour la redresser, la destinée de son peuple, mais bien celle de l'humanité tout entière. Car "fils d'Adam ", il est aussi celui que la voix céleste au Jourdain vient de proclamer le propre " Fils de Dieu " (3, 22 ; cf. 3, 38).

Si la tradition évangélique a rapproché ces deux scènes, c'est bien pour montrer comment le Fils va maintenant répondre à son Père en lui manifestant son indéfectible attachement. Mais c'est sans doute également pour avertir le chrétien baptisé qu'il devra lui aussi affronter les mêmes tentations, celles qu'avait connues le Peuple de l'Ancienne Alliance, celles qu'a dû surmonter Jésus; c'est pour inviter la communauté des fidèles à bien reconnaître de quel esprit il lui faut être. Dès lors est-il meilleure entrée en Carême que de relire et méditer cette page ?

Depuis le mercredi des Cendres, la liturgie de la Parole est un appel à vivre le temps du Carême comme les disciples les plus proches de Jésus, Jean, Jacques et -Pierre. Nous pouvons rester auprès de lui, le voir, écouter ses confidences et entrer dans ses pensées profondes sur Dieu, sur les hommes. Nous pouvons le suivre partout, jusqu'au sommet de sa vie. Il y aura des moments forts- qui diront que nous sommes aimés d'un amour qui va jusqu'au bout.

La première expérience est celle face aux tentations dans la vie, sous " toutes les formes" que peut inventer le "tentateur". La dernière phrase du récit de Luc dit que Satan a "épuisé" son imagination, n'a plus de programme à proposer. Cette information est capitale et doit nous servir. Nous sommes au courant de tout ce qui pourrait nous arriver.

Le récit du séjour de -Jésus dans le désert est écrit comme le reportage de quelqu'un qui est sur place et qui peut observer les scènes de la tentation. Beaucoup d'images se déroulent sous nos yeux : Jésus qui a faim, Jésus sur un sommet où il peut voir d'un seul regard tous les royaumes de la terre et enfin Jésus au pinacle du temple.

Nous laissons aux exégètes le soin de trouver comment St Luc peut nous donner ce récit. Ce qui nous intéresse, c'est l'attitude de Jésus devant le démon, devant ses stratégies et ses idées sur le Mal.
Le démon suppose que Jésus est le Fils de Dieu, mais il n'a pas d'idée précise sur sa personnalité. Il lui vient à l'esprit de le tester et au besoin, de le faire tomber. Jésus reste réservé, ne livre ses réponses qu'en recourant à ce qui est écrit et auquel il croit. On peut y trouver des traces du Deutéronome. Mais il y a ici plus que la mémoire de l'origine modeste d'un peuple libéré par la grâce de Dieu. Jésus veut y laisser voir encore ce qui le préoccupe.

Partout -le Père est présent, aimé, adoré en premier, alors qu'il connaît les - conditions de vie comme nous, avec l'engrenage inévitable qui nous pousse à mettre notre préférence ailleurs que dans la volonté du Père ou dans les intérêts des autres.

L'origine du mal ne vient-il pas de ce qu'on a choisi et servi soi-même en premier ? C'est la tentation de l'homme au pouvoir et le drame de toute société où la notion de service public n'existe pas encore. Jésus a refusé d'utiliser le pouvoir de faire des miracles, même pour le modeste besoin de manger quand il a faim. Il a refusé d'avoir tout et tout de suite en acceptant des compromis avec le commanditaire du mal: Jésus a refusé d'utiliser Dieu au service de son prestige, de sa volonté de puissance. Le message de ce récit nous amène vers la lumière de la Résurrection, à la rencontre du Fils de l'Homme venu nous apprendre qui est Dieu, son projet pour notre monde et le mal à vaincre.

L'Évangile d'aujourd'hui est la profession de foi de Jésus. Il va la développer à travers son enseignement avec les paraboles qu'il trouvera dans la vie quotidienne des gens. C'est Paul de Tarse qui résume le chemin parcouru du Deutéronome à l'Évangile. A la suite de Jésus, la profession de foi de ses disciples proclame l'accomplissement du projet de Dieu. La grâce de la Résurrection est en germination dans notre vie quand nous proclamons que Jésus est Seigneur, et qu'il a vaincu le mal, il a vaincu la mort.

D.L.