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3ème Dimanche de Carême C
 
 
Exode 3,1-15 - I Corinthiens 10,6-12 Luc 13,1-9
 
     
 
HWHY Le Nom
 
     
 
18 mars 2001
 
     
 

Dans la scène du Buisson ardent, à travers Moïse, c'est l'âme d'Israël sans cesse à la recherche de son Dieu que l'on sent vibrer. Certes, les noms ne manquaient pas pour désigner le Dieu des pères. Mais le sens de la demande est ici plus profond il s'agit, non pas d'obtenir un vocable de plus, mais d'avoir un terme qui atteigne l'être même, l'intime réalité. C'est une question qui porte sur la nature même de Dieu. Israël ne se contente plus de l'expérimenter comme son sauveur, il est fasciné par le mystère de Dieu en lui-même. Et peut-être une telle demande est-elle plus importante que la réponse elle-même!

C'est déjà un grand pas dans le respect que de ne pas interpeller Dieu, de ne pas le prendre pour cible comme s'il était responsable des événements, des malheurs que nous pouvons trouver dans notre monde, comme au temps de Jésus. Mort des innocents, violence dans les banlieues, conflits sanglants dans beaucoup de coins de notre monde… Nous pouvons remarquer que les malheurs suscitent souvent des mouvements de générosité, de compassion et de solidarité. C'est à ces moments-là qu'on est saisi par le sens de Dieu et le sens de nos limites humaines, le sens de l'homme.

En fait, Jésus n'a pas répondu directement à la question des gens : Dieu est-il le justicier et les catastrophes sont-ils des punitions de Dieu ? Par deux fois, à la place des réponses attendues, il invite les gens à la conversion. La condition de la vie humaine est fragile. Il vaut mieux que chacun veille à sa propre conduite. Tout peut arriver à tout le monde.

Au Sinaï, pour être accrédité par son peuple, Moise a besoin de savoir le nom de Celui qui veut l'envoyer faire sortir son peuple de l'Egypte. " S'ils me disent : Quel est son nom ? - que leur dirai-je ? " Dieu dit à Moïse :" Ehiè ashèr èhiè ! - Je serai qui je serai. " On peut comprendre : Je suis celui qui suis, c'est à dire, je ne veux pas ou je ne peux pas dire qui je suis. Le nom s'écrit en effet, en quatre consonnes sans voyelles.

En hébreu,Yod He Wav He, eH vaW eH doY ou en notre alphabet YHWH. HWHY Ce nom est " imprononçable ". Celui que nous appelons " Dieu " est " l'Imprononçable ". On ne peut enfermer Dieu dans des mots.

Mais Dieu se révèle aussi dans nos vécus. Dans le contexte où il envoie Moise en mission, la phrase : je serai qui serai veut dire : je suis là, avec vous, de la manière que vous verrez. C'est l'histoire de l'exode qui va se dérouler. C'est le projet de la Pâques de Dieu.

Ce passage de l'exode où Dieu dit son nom éclaire tout ce que Jésus a dit dans l'évangile d'aujourd'hui. " Déjà même la hache est prête à attaquer la racine de l'arbre. Tout arbre donc qui ne produit pas de bon fruit va être coupé et jeté au feu. " C'était la menace de jugement proférée par Jean le Baptiste.

Mais quand Jésus est venu, même dans la conversion à laquelle il nous invite, il nous a fait voir un visage de Dieu tout autre. Et voici qu'il répète plus de cent fois : " Vous avez entendu qu'il a été dit, mais moi, je vous dis..." Il complète ainsi l'enseignement des anciens en annonçant la plénitude de Dieu qu'il appelle son Père. " L'Imprononçable " est désormais prononcé en la personne de Jésus, C'est " Dieu qui sauve, Dieu avec nous ". Une relation personnelle, vivante s'est établie entre Dieu et l'homme.

On ne peut plus parler de "pécheur" sans penser aux paraboles de la brebis perdue, de la pièce retrouvée, de l'enfant prodigue. "Je vous le déclare, c'est ainsi qu'il y aura de la joie dans le ciel pour un seul pécheur qui se convertit que pour quatre-vint-dix neuf justes qui n'ont pas besoin de conversion." Les personnes qui ont pu recueillir le plus de confidences importantes de la part de Jésus s'appellent Matthieu, Zachée, le larron crucifié à côté de Jésus, la samaritaine, Marie Madeleine, la femme amenée de force devant Jésus pour qu'on puisse la lapider.

En changeant l'image de Dieu, Jésus a voulu mettre un terme à certaine théologie du péché et du sacrifice et libérer ainsi l'homme de sa mauvaise conscience. Ce n'est pas Dieu qui a voulu la mort de son fils bien-aimé, ce sont des hommes au coeur dur et pavé de bonnes intentions qui l'ont jugé, torturé et cloué sur la croix, parce qu'il avait mis en cause leur idée inhumaine de Dieu qui a besoin du sacrifice et du sang d'un innocent pour le rachat de nos péchés.


D.L.