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4eme dimanche de Pâques
 
 
Actes 13,14,43-52 - Apocalypse 7,9.14b-17, Jean 10,27-30
 
     
 
Le Bon Pasteur
 
     
 
Dimanche 6 Mai 2001
 
     
 

L'atmosphère du temps pascal vient d'une ambiance de rencontre. La liturgie de Pâques fait revivre les expériences des apôtres qui ont rencontré le Christ crucifié, mort et vivant. C'est lui qui a pris l'initiative d'aller à la rencontre de ses disciples. Rencontre après rencontre, une figure se dégage dans les esprits et la mémoire des paroles du Maître retrouve ce qu'il a dit sur lui-même. " Je suis le Bon Pasteur. "

L'évangile de ce quatrième dimanche de Pâques ne comporte que quatre petites phrases, et suffit pour révéler l'identité divine du Ressuscité. " Mon Père et moi, nous sommes UN. " En se disant le Bon Pasteur, Jésus Ressuscité assume la responsabilité totale du peuple de Dieu. Il prend en main les destinées de la communauté humaine. " Je leur donne la vie éternelle ; jamais ils ne périront, personne ne les arrachera de ma main. " Utilisé dans l'Antiquité pour dire le rôle des rois et des chefs du peuple, le titre quitte le domaine politique et est décerné désormais à la personnalité de Jésus et par extension à ceux qui sont choisis pour le représenter comme guide spirituel. On comprend que, depuis longtemps, il n'arrive pas à aucun personnage politique de se donner le titre de " Pasteur ".

Les fichiers d'état civil où figurent le nom, l'origine, l'âge et d'autres caractéristiques ne constituent pas la connaissance de l'autre. La connaissance dont parle Jésus est l'expérience vitale entre les êtres relationnels. " Je connais mes brebis et mes brebis me connaissent, comme mon Père me connaît et que je connais mon Père. " La connaissance réciproque de Jésus et des siens trouve sa source et sa plénitude dans l'amour qui unit le Fils et le Père. Nous sommes amenés au sommet du niveau existentiel. Connaître c'est aimer, aimer c'est partager la pensée et le projet du Père.

Que pourrait on dire de plus beau sur les relations humaines qui appellent l'autre par son nom, grâce au Verbe qui vit en lui de toute éternité ? Aucun de nous n'entre dans ce monde sans que L'Eternel ne nous ait au préalable murmuré, dans son souffle, une parole indicible. Grâce à cette prévenance, nos oreilles sont à même de percevoir cette voix discrète. Nos yeux ouverts par l'amour sont capables de discerner la moindre forme de vie créée par la Parole de Dieu. Notre bouche est disposée à la prononcer avec amour.

En Toute vie le silence dit Dieu... Pas un seul mot, et pourtant c'est son Nom
Que tout sécrète et presse de chanter; Vous avez tout en vous pour adorer…
N'avez-vous pas un monde immense en vous ?
Nous avons souffert dans notre vie comme dans l'histoire des hommes, de l'incompréhension, du refus de communication, d'idées fixes, de préjugés, de jugements précipités. Le simple conflit personnel ou la grande guerre entre les nations est la conséquence de ce manque de considération des uns et des autres. Le prophète Ezéchiel se plaint avec amertume : " Le vent paît mon troupeau. " Sa plainte est la plainte de Dieu et celle des hommes.

Dans la parabole du Bon Pasteur, le Christ nous apprend l'art de vivre. Il consiste à savoir accéder au plus profond du cœur de l'autre afin de gagner le centre du monde, le cœur de Dieu.

Où se trouve le cœur de Dieu ? La réponse de chaque religion est très diverse.
" Dieu réside dans la beauté de toutes choses, dans la majesté de tout être vivant dans la nature alentour. " répondront les hindous.
" Dieu vit dans le tréfonds de ton cœur, lorsque tu t 'immerges en toi-même jusqu'à atteindre le lieu où l'agitation de ton cœur s'apaise et où tout devient limpide et lumineux " répondront les bouddhistes.
" Dieu siège au-delà des sphères du firmament enveloppant la terre entière et nous surpassant infiniment de sa coupole bleu acier ", répondront les musulmans.
" Dieu est notre guide et notre but sur le chemin nous menant à l'humanité solidaire, à une fraternité universelle de tous les peuples, rassemblant tous les hommes en tant que membres d'un seul peuple ", répondront les juifs .

Disciples du Bon Pasteur, nous avons ces mêmes réponses en ajoutant ce que les évangiles nous ont transmis. " Voici mon Fils bien-aimé en qui j'ai mis toute ma faveur. " Il est le Verbe de Dieu qui s'est fait chair. Avec lui, nous découvrons que Dieu réside dans notre chair. Désormais, Jésus nous servira d'échelle dans nos relations avec autrui, avec le monde. " Vous savez que les puissants se prétendent bienfaiteurs, tout en exerçant un pouvoir, un vouloir tyrannique sur leurs sujets. Il ne doit pas en être ainsi avec vous, au contraire : que celui d'entre vous qui désire exprimer sa grandeur soit le dernier de tous, le serviteur de tous. " La nature même du pouvoir a été changée. Il est la délégation de service à rendre, la capacité d'imaginer et de réaliser le bien-être des autres.

Suivre le Bon Pasteur, c'est vivre la vie nouvelle qu'il nous a apportée d'au-delà de la mort, de toute mort. La Résurrection est pour maintenant, Le Christ est présent au milieu de nous et de tous nos efforts pour rendre ce monde plus heureux, puisque habitée par sa Présence. Notre Eucharistie est le geste du Bon Pasteur qui se donne et qui crée un monde de relation nouvelle, fondée sur le don de soi, sur le service mutuel.

D.L.