Au cours de ce sixième dimanche de Pâques nous arrivons au terme des rencontres des apôtres avec le Christ Ressuscité. Ressuscité, Jésus de Nazareth, fils de David, fils de Marie vit la vie de Dieu. Son corps prend toute la dimension du Verbe de Dieu. C'est le corps glorieux de Jésus Ressuscité. Durant tout le temps pascal, les disciples l'ont vu. La conséquence effective de ces rencontres est la découverte des paroles du Maître entendues durant trois ans, mais perdues,
restées stériles. Après une soirée aussi intense que la dernière cène, sauf Jean, tous semblent n'avoir rien compris de ces longues confidences du Maître. Au jardin de Gethsémani, ils se sont tous enfuis.

Avant la résurrection de la chair, il y a d'abord la résurrection de la mémoire. Quand elle devient vivante, capable de communiquer l'expérience de leurs rencontres, le Maître peut partir, les laisser en témoigner. Le temps des rencontres aboutit au temps du Mystère, le Mystère de l'Eternel, l'Imprononçable. La liturgie imprégnée de paroles qui font penser aux adieux nous rappelle ce que dit le Maître avec des nuances de promesse et d'annonce de l'avenir. Plus que jamais le Christ est au centre de la rencontre.

Pour la première fois, le choix de l'Evangile s'arrête sur la venue de l'Esprit. Il est la force qui oeuvre dans le secret pour que revienne la mémoire dans les esprits. C'est la lumière intérieure qui éclaire, qui fait comprendre. L'Esprit traverse les zones opaques, fait la jonction entre les choses, les événements et les êtres. Il fait naître du dedans, connaître. " Il vous fera souvenir de tout ce que je vous ai dit. "

St Jean a retenu l'importance de la Parole donnée et retrouvée. Jésus, à la dernière Cène, épanche son coeur. Le disciple bien-aimé a tout remémoré en retrouvant son Maître Ressuscité. Nous ne lisons pas seulement l'Evangile. La présence de l'Evangile dans notre esprit est le signe de la présence de Jésus Ressuscité dans notre vie. En l'écoutant parler, nous le voyons.

Rester fidèle à ses paroles est le signe de sa présence, de la présence du Père qui établit sa demeure là où il trouve les paroles de son Fils. Nous viendrons. L'intense frémissement entre le Père et le Fils, le dialogue infini du toi-et-moi divin (si fort qu'il est lui-même une personne, l'Esprit des deux) il viendra demeurer en nous! Demeurer, un des mots fréquents de ce chapitre, inclut l'échange intime, le partage, le lieu où il y a la vraie vie. C'est le lieu que l'on n'a pas envie de quitter. Le partage entre le Christ et nous va jusqu'à ce jaillissement de vie entre le Père et le Fils. La venue dans l'Esprit Saint réalise cette demeure.

Nous pouvons remarquer que tout est prêt maintenant pour que le Christ soit enlevé de leurs yeux. Du fond du cœur, nous pouvons entendre cette voix du Christ adressée à ses disciples au matin de Pâques, comme l'écho qui va durer encore jusqu'à la fin des temps : SHALOM, ou SALAM, ou SALUT. Bonjour, Santé, Bien-être, et jusqu'à la Béatitude éternelle. C'est le souhait du Verbe de Dieu qui parle par la bouche du Christ Ressuscité. La paix que lui seul peut donner, la paix au-delà des appuis humains n'a plus besoin de la lumière du soleil, ni de la lune pour briller. Sa source de lumière vient de la Gloire de Dieu.

Déjà une communauté nouvelle est en train de naître. Elle va faire craquer le cadre juif par une décision célèbre, dictée par l'Esprit, tandis que Jean voit cette Eglise dans son achèvement glorieux, comme la Jérusalem céleste. Loin de nous distraire du Christ pascal, ces méditations sur l'Eglise nous racontent la résurrection de Jésus "en marche".

L'Eglise est en perpétuelle recherche des paroles du Seigneur qu'elle n'a pas pu encore porter. " J'aurais encore beaucoup de choses à vous dire. " Notre monde chaque jour parvient de nouveau à une réelle maîtrise dans ses recherches dans tous les domaines. La parole de Jésus peut-elle susciter en nous l'envie de connaître ce qu'il veut nous dire ? Il s'agit rien moins que d'accommoder notre mémoire à la mémoire de Dieu.

D.L.