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3ème
dimanche C
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Ne
8, 1...10; 1 Co 12, 12-30; Lc1,1-4; 4, 14-21
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Peuple
de la Parole, Peuple du Livre.
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21 janvier 2001
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Quand on parle du Livre, on parle de la Bible, le Livre des livres ou la mémoire orale des expériences de la vie, transmises de génération en génération, de père en fils dans les familles. Les anciens racontent à la génération qui vient les bienfaits reçus, les épreuves endurées par le peuple, par leurs familles. Israël est le Peuple de la mémoire, le Peuple de la parole. Si ce peuple ne pouvait être comparé avec les autres nations avoisinantes, en art, en culture et en architecture, il gardait cependant une place spéciale dans la tradition orale de la mémoire. C'est révélateur quand les conteurs prenaient le ton d'éditorialiste donnant, comme une revue de presse, la situation générale des événements qui devaient faire évoluer la vie et même le destin de tout un peuple. Ce sont des prophètes avec leurs visions de ce qui va venir comme projet de Dieu. Ils sont comme des porte-parole de Dieu. A partir de l'Exil, quand Israël risque d'être rayé de la carte du monde, et qu'il n'y a plus personne pour être conteurs, ou prophètes, alors survint une nouvelle génération qui va recueillir la tradition et la conserver par écrit pour que la transmission puisse continuer. Ce sont les scribes. Loin de leur pays, dépouillés de tout, ils n'ont plus ni temple, ni sacrifice, ni prêtre. Ils sont des guides spirituels de la communauté restante, des hommes de l'Écriture, des hommes du Livre. L'un des plus célèbres de ces scribes, celui auquel nous devons peut être la première parution de la Bible, était Esdras. Il était à la tête d'une école de scribes qui étaient non seulement des archivistes, des copistes, mais aussi, sous l'inspiration de l'Esprit, de vrais théologiens qui explicitaient et prolongeaient la tradition orale. Par eux, ont été créée une liturgie nouvelle où il n'y avait ni prêtres, ni sacrifice. Dieu reste ainsi toujours présent au milieu de son peuple, dépouillé de tout étalage de faste. La liturgie dans les synagogues comprend des prières, des lectures, des homélies et des chants. Notre liturgie de la Parole s'y réfère comme son origine. Depuis longtemps, l'Église a adopté cette liturgie dans sa célébration eucharistique, comme signe de sa fidélité à la Première Alliance. Nous restons le Peuple de la Mémoire, le Peuple du Livre. La condition de condamné de Jésus, sa passion, sa mort et sa Résurrection ne se comprennent qu'à la lumière des Écritures. Il est le Serviteur de Yahvé selon la prophétie d'Isaïe. Nous trouvons le Livre d'Isaïe dans la main de Jésus, quand il fréquente la synagogue le jour du Sabbat. L'équipe liturgique qui a choisi comme lecture de l'Évangile de ce dimanche, le commencement de l'Évangile de St Luc, veut nous présenter d'emblée la figure du Messie des pauvres. Des versets 1-4 du chapitre 1, on passe directement au quatrième chapitre pour trouver Jésus à la synagogue de Nazareth. La grande nouveauté que nous pouvons trouver dans ce chapitre 4 justifie cette coupure. C'est Jésus qui fait l'homélie. Alors que d'habitude les rabbins se contentaient d'expliquer un texte de la Loi, Jésus attire l'attention, non sur ce qu'il lit, mais sur ce qui arrive ; non sur le Livre mais sur sa Personne ; non sur l'exégèse d'un texte, mais sur sa réalisation immédiate. Jésus se situe au coeur de l'histoire de l'intervention de Dieu dans le monde. "Aujourd'hui s'accomplit la Parole de l'Écriture." "Dieu a tellement aimé le monde qu'il lui a donné son Fils unique." Avec Lui, la Parole de Dieu est au présent. Elle est dans
sa personne. Elle ne peut être plus concrète. Toute sa
personne parle de Dieu. Le principe de l'homélie est énoncé
dans ces quelques mots. Désormais, dans nos célébrations,
il revient à celui qui fait l'homélie de révéler
que l'Esprit est à l'œuvre dans les textes proclamés.
Cette œuvre est pour aujourd'hui, en commençant par l'assemblée
qui est là, à son écoute. D.L. |
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