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5ème Dimanche C
 
 
Isaïe 6,1-8 - 1Corinthiens 15,1-11 Luc 5,1-11
 
     
 
J'ai vu Dieu
 
     
 
4 Février 2001
 
     
 

Comment penser à Dieu en ayant conscience de l'immensité de sa grandeur, de sa nature de " l'au-delà de tout "? Le vertige c'est la sensation du vide d'en bas quand on est sur un sommet. Que dire de la sensation quand on est devant le silence de l'infini et que cet infini nous regarde, vous connaît jusqu'aux fins fonds de nous-mêmes ?

" Dieu est inconnaissable. Je ne sais s'il est tendre. La nature témoigne d'intelligence certes, mais en même temps de barbarie. Il est aussi cruel que tendre, aussi indifférent qu'attentif. Il convient de casser d'abord tous les mots qui fabriquent pour nous un dieu à notre image. Dire non à Dieu par fidélité à Dieu, c'est la démarche de la Bible. "*

C'est l'expérience de Jérémie, de Paul de Tarse, de Simon-Pierre. Chacun nous le redit avec ses vécus personnels. " J'ai vu Dieu. "

Le Dieu qu'ils ont rencontré n'est pas une proposition intellectuelle sur laquelle on peut raisonner, spéculer pour arriver inévitablement au constat qu'elle nous est inaccessible, inconcevable, donc, nous n'avons rien à nous y arrêter. Si le Dieu de la raison existe, il doit être hors de notre portée et il est vain et même dangereux de nous y arrêter. On risque fort de le défigurer avec nos pensées, nos vocabulaires humains.

Le Dieu dont Jérémie, Paul et Pierre veulent témoigner est le Dieu qui a fait irruption dans leur vie. Il ne les consulte pas avant. Il ne mesure pas la capacité de leur intelligence pour leur manifester qui il est.

Le fait qu'ils puissent parler de Lui laisse entendre que l'infini de Dieu s'adapte au langage humain pour que les hommes puissent parler de Lui. Seul Dieu peut parler de Dieu. Il a parlé à travers le langage de ces hommes qui l'ont rencontré. " La crainte et le tremblement " sont le signe de la reconnaissance de l'homme devant l'infini de Dieu.

Par l'expérience de leur contact avec Dieu, ils ne parlent plus de l'immensité de Dieu mais de sa sainteté. Il y a ici l'estimation de rencontre. L'homme qui a rencontré Dieu vit en lui deux réalités extrêmes, la grandeur incommensurable de Dieu et la petitesse de l'homme. Pour qu'il n'y ait plus de vertige que peut-il faire l'homme ainsi placé au sommet du vide, sinon de descendre. " Éloigne-toi de moi. "

L'évangile de ce dimanche nous met devant la disproportion entre ce qui s'est passé sur les bords du lac et ce qui s'en est suivi. Jésus est au milieu de ses disciples dans leurs besognes quotidiens. Ils sont là avec leur barque, leurs filets, leur métier de pêcheurs.

Pour les atteindre, en ce qui compte le plus à leurs yeux, il les a aidés à attraper du poisson jusqu'à faire craquer les filets et à enfoncer les barques. Le miracle est le signe qui fait découvrir le message de Jésus au-delà de cette pêche poissonneuse. Le message est un retentissement qui dure jusqu'à nos jours pour continuer à perpétuer encore à travers le temps. Nous découvrons la personne même de Jésus. Il est l'homme qui nous fait entrer dans l'intimité de Dieu jusqu'à l'appeler Père. Avec lui, nous ne disons plus que nous sommes devant Dieu, nous trouvons que Dieu est en nous.

Jésus est le Présent éternel de Dieu dans notre vie, dans la vie de notre monde. Avec Lui le visage de l'homme peut rappeler le visage de Dieu. L'abîme entre Dieu et nous n'est pas colmaté. La distance existe. Jésus nous en fait prendre conscience. Le vertige est changé ici en contemplation animée d'adoration et de louange. C'est l'Eucharistie, le signe du pain et du vin, le geste du plus grand amour qu'il nous a donné la veille de sa mort, disons la veille de sa résurrection, de sa vie en Dieu.

* J.Sulivan Itinéraire spirituel

D.L.