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16è
dimanche C
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22
Juillet 2001
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L'Hospitalité
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Genèse 18,1-10a - Colossiens
1,24-28 Luc 10,38-42
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Tous les textes sacrés de ce dimanche ont parlé d'un fait très humain, lié à l'ouverture, à la dimension du coeur de l'homme : hospitalité, amitié, accueil, rencontre, échange. Il s'agit de la valeur de notre personnalité. Elle n'atteint la plénitude de sa consistance de personne qu'en sachant donner et recevoir mutuellement. La lecture du livre de la Genèse nous en donne un récit d'une limpidité qui le place à la source même de la découverte de l'Eternel. Il faut relire encore l'histoire de ces trois passants qui débarquent à l'heure la plus chaude du jour, dans la tente d'Abraham. Auparavant, il s'appelait plutôt Abram. Le nouveau nom qu'il a à cette heure, c'est Abraham " le Père de multitude" il l' a cru, malgré son âge avancé, ainsi que celui de sa femme. C'est à ce moment là que se situe la visite des trois voyageurs. On reste ébloui à jamais devant cette scène avec l'icône de Roubliev . "il semble que toute la lumière d'un beau jour d'Orient y passe, toute la promesse d'un avenir merveilleux." Ce passage de la Bible exalte moins la foi religieuse que la noblesse des manières et l'hospitalité du magnifique nomade. Le plus de ce récit c'est ce raffinement de délicatesse qui ne peut provenir que d'un pressentiment de l'Invisible. Le contact avec l'Eternel, la prière affinent notre coeur et nos sensibilités et nous rendent aptes à voir ce que d'ordinaire on ne voit pas. St Paul nous propose une leçon pratique :"N'oubliez pas l'hospi-talité, car grâce à elle, certains, sans le savoir ont accueilli des anges."Les Pères de l'Eglise vont plus loin en nous disant :"Abraham en voit trois, il adore l'Unique." Nous quittons le chêne de Mambré pour rejoindre "un certain village" dont St Luc ne nous dit pas le nom, mais que Jean connaît bien : c'est Béthanie. Située sur la hauteur du mont des oliviers, Béthanie apparaît comme un balcon fleuri ouvert sur le désert de Juda, la vallée du Jourdain, la mer morte et les falaises de Moab. En cette aridité du paysage et des hommes, Béthanie est pour Jésus l'oasis de l'amitié. Un de ces lieux si rares où il respire et apprécie le frais parfum des orangers, mieux encore le frais parfum d'un accueil amical. St Jean qui s'y entendait en amitié, en rencontre, nous a livré le secret de Béthanie en une simple phrase dont la brièveté fait la puissance et le charme :" Jésus aimait Marthe et sa soeur Marie et son frère Lazare." C'est si beau qu'i nous faut en rester là sans entrer dans les commentaires incontournables sur le soi-disant conflit entre les deux soeurs Marthe et Marie devant Jésus, et en extension sur le conflit entre la vocation contemplative et la vocation pastorale active. Nous avons la propension de projeter nos propres problèmes, nos préférences, même, sur les personnages bibliques. Faisons confiance au ser-mon d'un curé de campagne qui ignore les dédales des discussions théologi-ques et qui a dit ceci: On a compliqué la parole du Christ en lui faisant dire à Marthe : Une seule chose est nécessaire", alors qu'il aurait dû dire simplement "un seul plat suffirait, Marthe. La beauté de ces récits sur l'hospitalité biblique nous introduit directement au geste du pain et du vin de Notre Seigneur. Tout pauvre comme il était, il a trouvé le moyen d'inviter ses disciples à ce repas d'adieu qui a ceci de spécial : chaque génération qui vient trouvera une place dans ce repas jusqu'à la fin du monde. St Paul dans sa lettre aux Colossiens nous dit son expérience d'invité. Quand on accepte l'invitation du Christ, on entre dans la maison du crucifié. On introduit chez soi un condamné à mort qui entend nous faire parta-ger son sort,"rester en agonie jusqu'à la fin du monde". Mais n'ayons pas peur :En Lui, le mystère de la soufffrance et de la mort conduit à l'expérience de Pâques. Nous sommes invités à entrer dans sa Présence de Ressuscité. Il vit en Dieu. Nous sommes en Lui. Nous vivons dès maintenant l'hospitalité de Dieu. D.L. |
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