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20è dimanche C
 
 
19 août 2001
 
     
 
Comme c'était en mon coeur comme un feu dévorant.
 
     
 
Jr 38,4-6.8-10 - He 12,1-4 - Lc 12,49-53
 
     
 

Nous sommes devant trois sentences dures, trois images fortes de l'Evangile: le feu, le baptême du sang, la division dans la même famille. Elles nous interpellent et nous nous demandons si ces paroles sont du même auteur qui insiste que la paix et l'unité sont les signes de l'authenticité de sa mission. " Je vous laisse la paix, je vous donne ma paix. " Jean 14,27. 3 Moi en eux comme toi en moi, pour qu'ils parviennent à l'unité parfaite et qu'ainsi le monde puisse connaître que c'est toi qui m'as envoyé. " Jean 17,22

L'embarras que nous pouvons sentir devant les affirmations qui divisent les gens vient plutôt de la coupure de l'Evangile qui nous prive du contexte du passage choisi. Il s'agit de deux paix diamétralement opposée. Jésus dira: "Je vous donne ma paix, non comme le monde la donne" (Jn 14,27). Sa paix à lui n'a rien à voir avec le f...-moi la paix, ne me dérangez pas. Or Jésus dérange, bouscule et nous sort de ces fausses paix aux visages multiples: l'indifférence, les compromis intéressés, l'absence du sens de l'autre.... et surtout la neutralité à son égard. Jésus est le "lieu" où il faut nous décider: "Qui n'est pas avec moi est contre moi" (Lc 11,13). C'est une décision personnelle, qui touche la conscience d'un chacun en son plus intime. Il arrive que, dans une même famille, le père accepte le Christ tandis que le fils le refuse, et inversement. Ainsi peuvent être opposées mère et fille, sur les valeurs de l'Evangile.

Jésus conteste à l'avance une certaine image de paix d'arrangement. Il se présente au monde comme une force de scission, comme celui qui rompt avec certains schémas de paix sociale fondée sur un désir de s'aimer à tout prix, sur le fait qu'on tolère tout compromis avec l'injustice ou le mensonge. Jésus entend dépasser une paix de pure surface, une paix imposée. Jésus parle de sa passion comme d'un baptême particulier (littéralement, être plongé dans). Baptême auquel nous devons participer, bien autrement que par une charmante cérémonie: "La coupe que je dois boire, vous la boirez, et le baptême dont je dois être baptisé, vous en serez baptisés", dira Jésus à Jacques et à Jean, plus désireux de belles places que d'avoir part à la passion du Christ (Mc 10,39).

La paix selon le Christ exige des choix précis devant Dieu, devant les hommes, devant les valeurs humaines et évangéliques. Elle s'appelle la promotion de l'homme, et avant tout de l'opprimé et du faible.


Alors, Jésus devient un motif de scission : Celui qui le choisit est dévoré du feu de la justice, parce qu'il refuse de se compromettre avec l'oppresseur et avec l'injustice: il se fait combattant pour la paix. Choisir c'est lutter, c'est ne pas hésiter devant le baptême de feu et de sang.

Ce langage rappelle l'annonce de Jean baptiste : " Il vous baptisera dans l'Esprit et le feu. L'Esprit Saint opère comme le glaive, signe de séparation, de division des esprits, en mettant à nu les coeurs: l'Esprit confondra le monde en matière de péché, de justice, de jugement (Jn 16,8).

Jésus trahit son impatience: " Comme je voudrais que ce feu soit déjà allumé! Et comme il en coûte d'attendre que ce baptême soit accompli! L'heure, la grande, approche; elle est déjà là: celle de sa passion. La nôtre aussi, celle d'une dérision qui ne souffre ni de oui-mais, ni de remise à demain. Luc, en transcrivant ces trois paroles (qu'on appelle parfois l'évangile du glaive), pense aux déchirements douloureux des nouveaux convertis, rejetés par leurs familles et leurs compatriotes. Pour peu que nous vivions un christianisme vrai, il faut nous attendre à l'incompréhension, aux conflits, parfois avec nos plus proches.

Les cas de ces conflits sont multiples. Entre autres, nous pouvons penser à cette jeune fiancée rejetée par son futur mari pour avoir ramené un jour une croix à son chevet. On lui a reproché de ne pas comprendre les actualités de guerre entre les juifs et les Palestiniens. Pourquoi une personne de cette nationalité entre nous ? Veut-elle se mêler de cette affaire qui ne rime en rien avec la civilisation de son pays, de leur pays qui est essentiellement non-violent ?

C'est le cas de tous ceux qui sont appelés à témoigner de la présence de Dieu dans le monde. Jérémie est le type même de l'homme droit qui a fait un choix, a pris une responsabilité, et qui a le courage de ses opinions, même si elles lui attirent des ennuis. " Je me disais : je ne penserai plus à Dieu. Je ne parlerai plus en son nom…Alors, c'était en mon cœur comme un feu dévorant. "

Dieu est dans notre monde en la personne de Jésus de Nazareth. Pour être parmi nous, il doit être issu d'une lignée de sang, avoir une famille, une terre, une nation. La mission de Jésus est d'élargir l'identité de l'homme restreinte à ce que demande un état civil. Elle sera universelle, unie comme la vie en Dieu.