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22è dimanche C
 
 
2 septembre 2001
 
     
 
Les pieds sur terre
 
     
 
Si. 3,17-18. 20,28-29 - He. 12,18-19. 22-24a - Lc, 14, 1a,7-14
 
     
 
C'est le temps de la rentrée. Petits et grands se préparent à reprendre la vie active qui suppose beaucoup d'aspirations et de désirs. Chacun recherche la place qui lui convient, la meilleure possible. L'envie de chercher pour soi une bonne position dans la vie fait partie de la personnalité à conquérir. On cherche consciemment à se mettre en valeur là où il y a le plus de chance, le plus de facilité à le faire. Les rigueurs de la vie sociale, humaine exigent plus d'ambitions que de fabulations. C'est impensable de se présenter à une place pour laquelle on n'a pas de qualification. Les faux-semblants sont impitoyablement éliminés.

L'Evangile propose ce type de relation courtoise, gratifiée d'imagination et d'intelli-gence. Ici, " Celui qui invite " est bien Celui qui appelle les gens dans son Royaume. Dimanche dernier, nous nous disions que le Royaume des cieux n'est pas un lieu. Ce constat doit résoudre le problème de placement. Les situations de haut, de bas ne sont que des symboles. Il inspire plutôt une attitude de réception, d'acquiescement, de connaissance et de reconnaissance de ce que Dieu prépare pour nous.

Il s'agit d'établir et d'entretenir une relation de cœur qui donne la communion à l'Autre. Ici, chacun est ce qu'il est. Dieu est Dieu ; et l'homme est l'homme. On ne joue pas au malin. La méchanceté de l'homme n'engage en rien la bonté de Dieu. Les bêtises de l'homme ne peuvent pas être des prétextes pour professer que j'ai perdu la foi : Il y a des gens qui trichent et qui m'ennuient.

Nous avons ici le sens originel du mot " humilité ", " humus = terre ", qui suggère le comportement de l'homme debout, les pieds sur terre pour parler à Dieu qui est au-delà de tout. Le mot ne fait pas partie du vocabulaire des Evangiles. C'est un mot nouveau qui revient seulement sept fois dans lettres des apôtres. Il essaie d'expliquer la bonne conception de ce que doit être Dieu et de ce que doit être l'homme à sa place. L'homme sait qui il est lui-même, le fini, l'autonome qui a tout reçu, même son autonomie. Il sait d'où il vient, où il va, d'où lui vient ce qu'il a et ce qu'il est.

L'homme de cette attitude est réaliste. Il sait apprécier, admirer, aimer, voire se laisser tomber en extase quand la beauté lui paraît inestimable. Mais conscient de l'Autre, même extasié, il peut rester debout pour mieux l'estimer. Les pieds sur terre, il conserve son autonomie, il peut dire non. Il peut être impertinent et provoquer des conflits quand il voit son autonomie menacée.

Mais ici, il sait qu'il a comme interlocuteur, l'Eternel, le Maître de la vie et de la mort, Celui qui détient le mystère du Mal. Et il se comporte en conséquence. C'est Job qui est sorti de ses épreuves, après avoir longuement crié sa révolte, son dégoût pour la vie. Il a épuisé ses armes de contestation. Il accepte la relation avec l'Eternel sans poser de conditions préalables.

Tout homme doit passer malgré lui, par l'expérience de Job. Ceux qui ont crié le plus fort leurs révoltes, durant leurvie, entrent en fin de compte, silencieux, dans le grand silence de la vie. La vie aménage pour tous ce genre de passage. On observe la vie, on écoute la Parole, on la suit comme l'eau qui épouse toutes les configurations de la terre, descend jusqu'au niveau le plus bas, crée des chemins, s'infiltre là où elle doit être présente. C'est la Kénose, la voie de l'abaissement de "Tao". Ce principe suprême du taoïsme a le même cheminement du "Verbe qui s'est fait chair".

" L'homme du bien suprême est comme l'eau,
L'eau bénéfique à tout n'est rivale de rien,
Elle séjourne aux bas-fonds dédaignés de chacun
De la Voie, le Tao, elle est toute proche."

Les pieds collés à la terre sur une planète perdue parmi des milliards et des milliards d'autres, l'homme, à cette dernière place de l'univers, peut lever les yeux au ciel pour admirer tout le cosmos et chercher à mieux comprendre. L'immensité et le silence qui l'entourent peuvent l'aider à se présenter devant l'immensité de Celui qui est Maître du mystère de la vie et de la mort.

Quand il parle à l'Autre, il s'aperçoit que son esprit, son cœur est ouvert et "élevé " à ce niveau de communion avec son interlocuteur qu'il devient son vis-à-vis, son éternel. Dans ce dynamisme de relation, l'inconnu est l'invité privilégié.

D.L.