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23è dimanche C
 
 
2 septembre 2001
 
     
 
Préférence...
 
     
 
Sagesse 9,13-18 - Philemon 9b,10 - 12,1 - Luc14,25-33
 
     
 
 


Nous sommes toujours, depuis trois semaines, dans le contexte des paroles dures de l'Evangile. Après la porte étroite, la dernière place à prendre, aujourd'hui, c'est "haïr " la famille et porter la croix. Le mot "haïr " est remplacé aujourd'hui par le verbe "préférer ". La langue ancienne de la Bible n'a pas de mot pour dire la préférence. N'empêche que ce mot "haïr " qu'on a compris au premier degré a fait souffrir plus d'une génération.

Nous sommes à l'heure de la rentrée : rentrée du travail professionnel, domestique, rentrée des classes. Qui ose douter dans ce contexte de reprises des responsabilités, le rôle primordial de la famille : " père, mère, femme, ajoutons mari que l'évangile ne mentionne pas, enfants, frères, sœurs. " ? Pourquoi y-a-t-il en ce moment le choix de ce texte qui ne semble pas faire attention à notre vie concrète avec nos soucis de tous les jours ? Devons-nous faire encore des tours de force de commentaire, de méditation pour expliquer l'Evangile à tout prix, " à temps et à contre temps " comme dit St Paul ?

L'idée fixe qu'il faut tout expliquer, nous essayons de l'éviter. Nous avons besoin simplement d'un éclairage à partir d'une parole de Jésus pour prier et vivre.
Jésus est en marche vers Jérusalem. C'est la montée à la ville où il va souffrir et mourir. Pour ceux qui l'accompagnent et ceux qui l'y attendent, c'est la route de la mort. Jésus sait que c'est la route du grand passage vers la vie. Sa démarche n'est un pas un geste suicidaire. Pour franchir ce passage, on y laisse tout. Le choix se fait consciemment ou inconsciemment, avec la vie qui prend soin de l'aménager ainsi pour tous. Ici, Jésus s'y prépare comme le signe de son plus grand amour.

La brutalité apparente de la parole de l'Evangile n'est qu'un rappel de prévoyance qui donne une vision plus complète de la vie où il y a un début et une fin. La fin est présentée ici avec Jésus, comme le sommet.


Avec le temps, les valeurs nouvelles de l'Evangile sont entrées dans la vie des hommes comme une promotion qui donne à leurs vies plus de nuances. La famille qu'il fallait "haïr " peut être vécue comme des lobbies, des clans. Chaque clan a ses intérêts propres à défendre.

C'est l'Evangile qui a fait évoluer lentement nos familles en des communautés d'Eglise. C'est la famille qui fait l'Eglise. La vie pastorale et sacramentelle entend trouver dans la famille le rôle fondamental d'initiation et d'éducation à l'enseignement de l'Evangile.

A chaque étape de la vie chrétienne de l'enfant, baptême, catéchèse, première communion, profession de foi, confirmation, les parents sont pour les enfants la référence d'Eglise. La vie du couple s'avère ainsi comme le sacrement de l'amour qui donne vie à la famille. La Bible a toujours compris que la famille est le lieu où Dieu se révèle.

Elle est d'ailleurs l'histoire d'une famille qui transmet ses expériences de vie de génération en génération. Elle a largement réservé ainsi à la famille tous les respects qu'on lui doit. " Honore ton père et ta mère " n'est pas un conseil mais un des dix commandements. St Luc, auteur de ce chapitre 14, a rappelé au chapitre 18.

La vie de la famille vécue à ce niveau de valeur de l'Evangile doit faire corps avec la préférence dont parle Jésus. Elle se donne les responsabilités qui vont au-delà des limites de " chacun pour soi ".

Nous sommes aussi à la rentrée de la vie de notre communauté paroissiale, conventuelle. Elle est inconcevable sans la participation de ses membres. Nous pouvons penser à toutes les responsabilités de formation, de catéchèse, de pastorale, d'accueil que beaucoup d'entre nous vont prendre.

Les dimensions de ces responsabilités ne nous disent-elles pas le signe universel, multidimensionnel de la croix ? Elle dit la préférence que nous avons choisie pour les autres, pour l'Autre.

Cette préférence enseignée par Jésus est la Sagesse dont parle notre première lecture. Elle nous fait connaître la pensée de Dieu et nous donne une vision adéquate de l'homme, de l'univers, de l'histoire et de l'avenir. Elle nous ouvre, chaque jour un peu plus, malgré nos limites, à la nouveauté de Dieu. C'est ainsi que l'esclave Onésime, le fugitif, le repris de la justice humaine est retrouvé par St Paul comme le frère bien aimé qu'il veuille de présenter à son ancien maître.

D.L.