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26ème dimanche C
 
 
Amos 6,1…7 - Timothée 6,11-16 - Luc 16,19-31
 
     
 
L'indifférence de l'anonymat
 
     
 
30 Septembre 2001
 
     
 

L'indifférence de l'anonymat.

Le contenu des textes de ce dimanche, dès le début, se lit avec des paroles au vitriol du prophète Amos. Il n'y a pas à paraphraser ce genre d'interpellation. N'est pas prophète qui veut. Enfant du désert et de la tente, vivant au milieu de l'immense peuple des pauvres et des écrasés, Amos qui s'en prenait aux commerçants escrocs, attaque les riches de Samarie.

Un constat assez grave peut se faire déjà. Dieu est absent. L'indifférence domine. Le riche en fait, il n'a rien fait de mal. Il ne tue pas. Il n'invective personne. Il ignore simplement le monde qui l'entoure. Il n'a pas de relation. Les relations ne l'intéressent pas, surtout celles qui le bousculent, le dérangent. Il est anonyme. Dans l'évangile, il n'a pas de nom propre. Il est le riche.

Celui qui a laissé son nom à la postérité c'est celui qui aspire à avoir une relation, même humiliante. Il s'appelle Lazare. Il cherchait à ramasser les miettes tombées de la table du riche. Des miettes, il arrive qu'il en ait eu qui sont consistantes. A sa mort, les anges l'emportèrent au sein d'Abraham. Tandis qu'en cas pareil, pour le riche anonyme, il est écrit qu'on l'enterra. Il se trouve là où il s'est mis lui-même.

Son indifférence est une sorte de décréation, une création à l'envers, un retour au chaos primordial. Le grand abîme au verset 26, est le tohu-bohu, le vide où il ne peut exister aucune relation.

Nous pouvons mesurer l'écart entre l'état de chaos et la présence de celui qui est le Père des croyants, le Père de la Foi. Quand la foi est un dialogue, l'homme qui croit est mis en contact avec ce qui va au-delà de toutes relations habituelles.

Au lieu de lancer des malédictions, notre époque préfère établir soi-même le constat d'échec. Quel gaspillage, quand on a tout pour être heureux, et on a tout dilapidé pour rien, pour une autodestruction ! Dieu a mis dans la nature suffisamment de biens pour que chacun ait sa part convenable à sa dignité d'homme, d'enfants de Dieu. Mais notre terre n'a pas su partager les dons de Dieu. Le bonheur pour tous n'est pas la priorité de nos projets. C'est ce gâchis qui fait la complainte des textes de ce dimanche.

Pour motiver les gens à s'intéresser aux autres, la pensée profonde de Jésus ne donne pas place au miracle, voire au témoignage d'outre-tombe d'un mort. Aucun miracle, même le plus spectaculaire, ne pourrait retourner un riche qui reste sourd à l'appel du pauvre.

L'art d'être riche s'ouvre aux nécessités des malheureux, sait se montrer avoir besoin des autres. La vraie richesse vient des relations tissées au long de la vie. Ce sont les autres qui nous font sortir de l'anonymat en nous donnant un nom. La richesse n'est-elle pas d'avoir un nom qui ne se perd pas. Au contact avec l'Evangile, le monde l'a connu, le connaît et le connaîtra encore, Lazare.

D.L.