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27ème dimanche C
 
 
Habacuc 1,2-3 ; 2,2-4 - Timothée 1,6-8.13-14 - Luc 17,5-10
 
     
 
La "taille" de la foi.
 
     
 
6 Octobre 2001
 
     
 



La " taille " de la foi .

C'est humain la demande des apôtres dès le début de l'évangile. On y trouve leur souci d'être rassurés, d'avoir des critères sensibles, sûrs : "Augmente en nous la foi." Quantité pour quantité, Jésus parle donc de la taille, de la grosseur de la foi et de son éventuel usage. A quoi peut servir, la foi ? Quel volume faut-il avoir ? Faut-il ces tours de force pour épater les gens ? Pourquoi faut-il penser à déplacer un grand arbre, une montagne dans la mer ?

On voit ici que la foi est envisagée comme une force, une possibilité qu'on possède pour faire des choses extraordinaires comme on le veut. On parle de la foi comme une chose qu'on peut perdre. La foi n'a pas de sens en soi. Au lieu de dire j'ai perdu la foi, n'est-il pas plus honnête de dire que je ne suis pas au courant, je n'ai pas tout ce qu'il faut pour connaître l'autre, ou simplement, cela ne m'intéresse pas.

La foi est une relation, un dialogue. Elle est une attitude, un comportement dans une relation de qualité vis à vis de quelqu'un qu'on a rencontré. Quand on connaît quelqu'un, on ne peut pas dire du jour au lendemain je ne le connais pas. La " foi " est la qualité de la relation et elle reste à l'arrière plan comme le fond et laisse la place visible à la présence de la personne avec qui on entre en relation. L'autre est aimé, recherché, regardé, respecté dans tout ce qu'il est. Il a son mystère, comme tout un chacun. Il doit être estimé, respecté avec son mystère. C'est le mystère de chacun qui donne la richesse à toutes relations.

Résumer la relation en un mot abstrait qui n'éveille pas d'abord la présence de l'autre, revient à parler de soi-même, de ses besoins, de ce qu'on peut gagner. Comment l'autre pourrait-il entendre : " Fais que je croie en toi ? Fais que je n'aie pas de doute." L'autre ne préfère-t-il pas qu'on lui dise : Je suis à ton écoute, je vois que tu es là. Je veux te connaître davantage. Je comprends que tu as ton secret. Ton secret ne me gêne pas. Il entretient et enrichit notre dialogue.

Le mot dialogue a ceci de beau : Il fait attention en premier lieu à la présence de ceux qui cherchent à se connaître, à approfondir leur relation. Il ne s'arrête pas à l'attitude austère de la foi qui dit plutôt qu'on ne comprend rien, qu'on a des doutes mais qu'on croit. On ne peut pas faire autrement. L'autre est absent. Il n'y a pas encore de vraie relation.

Le dialogue cherche à faire plaisir. Il n'a pas besoin d'une augmentation de volume. On affine le dialogue en faisant davantage attention à l'autre. Quelle richesse peut-elle avoir alors quand on prend du temps pour regarder l'autre, les autres ?

"Voici un véritable fils d'Israël, un homme qui ne sait pas mentir." dit Jésus voyant Nathanaël qui vient vers lui. Nathanaël lui demande " : Comment me connais-tu ?" Jésus lui répond " : Avant que Philippe te parle, quand tu étais sous le figuier, je t'ai vu. Je t'ai dit que je t'ai vu sous le figuier, et c'est pour cela que tu crois ! tu verras des choses plus grandes encore… les cieux ouverts avec les anges de Dieu qui montent et descendent au-dessus du Fils de l'homme. " C'est l'Evangile de la fête des archanges, Michel, Gabriel, Raphaël, des messagers qui mettent les hommes en relation avec Dieu, en les faisant prendre conscience de l'interlocuteur qui leur parle. Michel veut dire " Qui-est-comme-Dieu ". Son nom dit tout son rôle et sa mission.

Quand l'Autre est invisible, nous recevons de lui la disponibilité de voir l'invisible. Le mot " foi " ne peut pas évoquer cette disponibilité éveillée par la bienveillance de l'Autre qui cherche à se faire comprendre.C'est le secret de l'appel de Dieu, des vocations, celle des personnages de la Bible, de l'Evangile : Samuel, Isaïe, Jérémie, Zachée, chacun des apôtres, et chacun de nous, dans la diversité de nos situations. Puisqu'il nous est donné d'entrer en dialogue avec Lui, nous constatons le besoin de tout faire pour le connaître davantage.

" Une autre façon de vivre " est la relation entre le maître et les disciples dans les leçons de musique qui se passent comme un défi à toute infraction à la liberté de l'homme. Le maître donne la vraie figure de celui qui initie ses disciples à découvrir l'âme des compositeurs. Plus qu'un enseignement technique à apprendre les disciples reçoivent de leur maître la vie, les expression vivantes dans chaque note à jouer. Les expressions qui se lisent sur les visages des jeunes artistes révèlent la communion, la complicité de génie entre le maître et ses disciples.

Paul , au soir de sa vie, en prison et condamné à mort donne son émouvant message. A la veille de sa disparition, la situation de l'Eglise à ce moment-là pourra-t-elle tenir encore ? Timothée, son jeune et timide disciple saura-t-il faire face à l'appel ? " Fils bien-aimé, je te rappelle que tu dois attiser en toi l'aspiration que tu as reçue à la première rencontre… N'aie pas honte de te montrer disciple de celui qui se présente comme le serviteur, celui qui sert. Tout t'as été donné et pour toujours quand tu es ordonné au service de l'Eglise. "

Le vrai caractère d'une relation établie est son dialogue permanent. On ne se quitte plus. On est interlocuteur à tout moment, à tout événement. La vie est le perpétuel échange. " Toi en moi, moi en eux, eux en nous."

D.L