Assomption de la Vierge Marie .
En ce jour de pèlerinage de Jean Paul II à Notre Dame
de l'Immaculée Conception à Lourdes, ce n'est pas seulement
une personne âgée malade qui vient prier avec des centaines
de milliers de personnes qui attendent leur guérison. C'est
l'Eglise entière dans un monde plus malade que jamais qui vient
célébrer la réalisation du Projet Inouï
de Dieu en la personne de la Mère de Son Fils, le Verbe de
Dieu qui s'est fait chair dans le corps de Marie. " Je demande
à tous de m'accompagner spirituellement, pour que le pèlerin
du Successeur de Pierre soit riche de fruits pour tout le peuple de
Dieu. " annonce Jean Paul II, porteur des supplications du monde.
Avec les images " grandioses " du livre de la Révélation,
le langage humain essaie de dire ce que doit être la condition
de l'homme dans la pensée de Dieu, en cette fête de Marie
élevée, corps et âme au ciel. Les images du monde
de demain sont de dimensions cosmiques. Tout l'univers attend le renouveau
de l'homme. On y trouve encore des traces de conflit, de guerre et
d'anéantissement. Elles nous donnent une idée de la
vie du Christ Ressuscité et de sa Mère élevée
au ciel.
Quand nous pensons à toutes les situations dramatiques dans
notre monde actuel, à ce qui reste comme dépouilles
des hommes, des femmes, des enfants, des gens de tous âges,
les images proposées par notre liturgie sont comme irréelles,
si loin de notre vie concrète, faisant partie d'un monde inconcevable.
Même si, par amour, par respect, nous savons entourer les dépouilles
de nos morts, de fêtes et de fleurs, nous savons bien qu'il
faut les mettre en terre.
En osant regarder le corps inanimé de l'homme, nous mesurons
ce que représente la fête de l'Assomption. La matière,
par nature sujette à toute décomposition, se trouve
ici assumée par l'esprit, tout en gardant sa consistance réelle.
Plus que la transfiguration du corps, c'est l'homme qui est entré
dans une vie tout autre. L'Evangile seul peut nous en donner une idée
avec la rencontre avec le Christ au matin de Pâques. Nous ne
serons plus assujettis à l'espace, au temps, comme Jésus
ressuscité : Il entre quand la porte est fermée. Il
apparaît, il disparaît, il dit qu'il est dans la vie en
Dieu. Il est dans le mystère de Dieu.
C'est dans cette vie nouvelle de ressuscité que Marie est entrée
au jour de son Assomption. Le mot dit bien la nuance qu'il y a avec
la résurrection. Avec Marie élevée au ciel, nous
sommes transportés à la fin d'un itinéraire,
à la réalisation définitive du projet de Dieu
que Marie a accepté à l'Annonciation.
Marie est le lieu où se noue notre condition humaine avec Jésus,
Fils de Dieu, fils de Marie. Les scènes grandioses que la fête
de l'Assomption veut nous faire voir prennent leur source dans une
vie humaine simple, consciente et reconnaissante de l'action de Dieu
dans le quotidien de son existence.
Dans son chant de louange Magnificat, Marie dit ce qu'elle a vécu,
ce que son peuple a vécu. Et ce qu'elle dit est un merveilleux
tableau de l'histoire d'un petit reste qui a survécu à
toutes les péripéties de ce monde des hommes et des
femmes, toujours en quête d'ambition aux dépens des uns
et des autres. Elle est l'humanité qui accueille la Parole
de Dieu.
La Parole a fait son chemin dans l'itinéraire de l'histoire.
Le salut d'Elisabeth à sa cousine et la réponse de Marie
sont comme des hymnes de louanges. L'une est devenue la prière
de tout moment : " Je vous salue Marie pleine de grâces…
" Et l'autre est devenue la prière vespérale de
l'Eglise : " Mon âme magnifie le Seigneur ".
Ces prières ont la force de faire évoluer la communauté
humaine en une communauté qui prend conscience des bienfaits
de Dieu. Ces paroles de louanges reflètent l'intérieur
de Marie toute pénétrée de Dieu qu'Elle ne peut
être vouée à la déchéance.
" Christ, Fils du Dieu Vivant,
Le Seigneur de Gloire,
Tu n'as pas peur de prendre chair,
Dans le corps d'une Vierge,
Pour libérer l'humanité captive. " chante le Te
Deum.
La fête de l'Assomption nous rappelle que ce qui est arrivé
à Marie est la marche de la nouvelle histoire de l'homme, commencée
à partir de la résurrection du Christ. C'est tout naturel
que l'Eglise trouve Marie à la suite de son Fils, Jésus
Ressuscité. Et nous sommes tous appelés à rejoindre
cette marche de l'histoire.
D.L.