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13ème
du Temps ordinaire C
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Dimanche
27 juin 2004
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Liberté
et Nécessité
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Livres
des Rois 19,16b-21 - Galates 5,1 ;13-18 Luc 9,51-62
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Le temps des grandes fêtes est fini. Les grands moments de l'histoire qui prennent source dans les données de l'Evangile sont célébrés. La liturgie continue, en proposant ce temps ordinaire. Loin d'être banal, ce temps débute avec les grandes vacances et représente les moments de repos, de solitude, de réflexion. Quoi de plus ordinaire que cette simple dispute qui vous arrive sur la route à propos d'un refus d'hospitalité. Les gens ne voulaient pas recevoir Jésus car on sait qu'il monte vers Jérusalem. On réalise bien la scène où, furieux, les disciples de Jésus lui demandent la permission de jeter un sort à ces gens de Samarie. Le règlement de compte par la violence est d'instinct, d'autant plus qu'on croyait servir la grande cause de Dieu. Chacun a ses moments violents ou paisibles, dans sa vie ordinaire, dans son temps ordinaire. Mais le message de l'Evangile veut nous faire sortir de l'ordinaire. Avec ce qui est ordinaire, il va nous faire nous dépasser nous-mêmes. La vie que mène Jésus, il vient de le dire, est moins qu'ordinaire : il n'a pas d'endroit où reposer la tête. Il nous apprend à découvrir la vraie liberté et à la gérer. Ecrivant aux chrétiens de Galatie, Paul parle de la liberté comme de l'œuvre essentielle et du cadeau le plus précieux apporté par Jésus au monde. La liberté est l'aspiration la plus profonde de l'homme. Il est difficile de la réduire à néant. Aliénée, apparemment détruite, elle reste cachée, là où l'homme peut dire oui ou non, sans qu'aucune force extérieure puisse l'influencer. Vivace, mais fragile, la liberté peut être aliénée par les choix qu'on n'arrive pas à contrôler. La libération de l'homme est le rêve et le projet de
beaucoup de soi-disant libérateurs. Rares sont ceux qui y arrivent
vraiment. On est tombé souvent dans des confusions : pour accéder
à la liberté il faut se soumettre à certaines
lois. En réalité, l'homme est à la fois contraint
et libre. Le grand problème est de trouver des lois qui rendent
la liberté à l'homme. " Si l'Esprit vous anime,
vous n'êtes plus sous la loi. " dit Jésus. Il nous
donne la clé pour comprendre les propositions de l'Evangile
d'aujourd'hui.
Ce qui nous touche dans son comportement c'est quand il parle de son avenir comme un impératif : " Il faut que le Fils de l'Homme souffre beaucoup, qu'il soit rejeté… " Comment accorder ce qui semble se contredire : la liberté qu'il veut nous apporter, et la nécessité qu'il nous faut vivre ? Notre vie n'est soumise à aucun destin aveugle. Jésus est venu pour réaliser le grand projet de son Père pour la communauté humaine. " La volonté de Celui qui m'a envoyé est que je ne perde aucun de ceux qu'il m'a donnés. " " Moi, je suis venu pour qu'on ait la vie et qu'on l'ait surabondante. " L'Esprit ne nous dicte pas nos comportements de l'extérieur mais les inspire de l'intérieur : la voix de l'Esprit en nous est bien voix de Dieu mais elle est " plus nous-mêmes que nous-mêmes ": elle est nôtre parce qu'elle nous est intérieure. Tout est de l'Esprit et pourtant tout est de nous. L'Esprit nous construit et nous mène à notre véritable liberté. Jésus refuse le feu du ciel comme il refusera les légions d'anges et demandera à Pierre de remettre son épée au fourreau. Les trois petites scènes qui suivent, manifestent la liberté nécessaire pour marcher à la suite du Christ Le premier homme veut suivre le Christ en s'imaginant qu'il va avoir avec lui une situation honorable. Or, Jésus est celui qui " passe " (Pâques) : il n'y a pas de lieu fixe pour lui en ce monde. Pour le suivre il faut accepter la loi de la marche, de l'Exode. L'histoire du deuxième homme fait penser à une sorte de parabole. Il y a là plutôt une négation du pouvoir de la mort. L'amour filial va au-delà de la mort : Une libération de la mort et de la peur de la mort. Le royaume de Dieu, de la vie, est en direction opposée de la mort. C'est encore le message pascal. La même réponse pour le troisième homme: il ne s'agit pas d'un refus des liens humains dans cet Evangile, ni d'une rupture cruelle, ni d'une dérobade de solidarité et de participation à la vie des hommes, mais une prophétie en voie de réalisation : l'oeuvre de l'Esprit construisant en nous la liberté du Royaume : Liberté pour pouvoir donner. D.L. |
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