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29 août 2004 |
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Sirac3,17-29
- Hébreux,12,18-19.22-24 - Luc 14,1.7-14
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Le protocole
de l'Evangile
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Le protocole de l'Evangile. L'Evangile est la mémoire de la rencontre avec Jésus
ressuscité. C'est admirable que le langage humain puisse transmettre
cette expérience de rencontre à tant de générations
et donner un fondement solide à la civilisation humaine. Spirituelle,
mais humaine, la Bonne Nouvelle raconte comment les disciples Jésus
se disputaient pour savoir qui aurait la première place. La
recommandation de Jésus à la dernière place les
intriguait. Elle reste à jamais dans " l'Evangile, ce
livre où l'on mange tout le temps ", disait Madeleine
Debrêl, faisant allusion à la soixantaine de repas des
évangiles. La leçon de Jésus est pourtant difficile
à comprendre. Il a dû l'expliquer en geste en leur lavant
les pieds et leur donnant en modèle celui qui sert à
table. L'homme de cette attitude est réaliste. Il sait apprécier,
admirer, aimer, voire se laisser tomber en extase quand la beauté
lui paraît inestimable. Mais conscient de l'Autre, même
extasié, il peut rester debout pour mieux l'estimer. Sa position
fait voir à l'homme chaque chose à sa place. Il sait
qui il est, le fini, l'autonome qui a tout reçu, même
son autonomie. Il sait d'où il vient, où il va, d'où
lui vient ce qu'il a et ce qu'il est. " Se connaître nous
fait plier le genou, posture indispensable à l'amour. Car la
connaissance de Dieu engendre l'amour, et la connaissance de soi engendre
l'humilité. " Mère Teresa Le mot " humilité " n'est pas dans le langage usuel. On s'en méfie : " L'humilité chrétienne est prêchée par le clergé et pratiquée par les ouailles. " " Le serviteur des serviteurs " n'est-il pas le titre suprême que le protocole clérical a réservé au Souverain Pontife ? " Croit-on avoir vaincu l'orgueil, il suit notre humilité et l'encourage à voix basse ". " L'ennui avec l'humilité, c'est qu'on ne peut pas s'en vanter. " On peut trouver autant qu'on veut ce genre de méfiance dans le dictionnaire de citations sur ce mot. Bernanos essayait de le rendre moins pieux, plus convaincant : " La véritable humilité, dit-il, c'est d'abord la décence ". On ne fait pas de l'humilité l'habit de gala que revêt la fierté quand elle est de sortie. La finalité de l'enseignement du Christ ne se dément jamais : Elever l'esprit des hommes en les détachant des recherches de soi-même, de l'éphémère, de vanité, pour l'ouvrir à ce qui seul importe, sa vraie dignité. A partir d'une coutume, d'une histoire brève et concise de la vie de tous les jours, la parabole, ce langage simple imagé, suggère des relations nouvelle qui ne sont plus celles du monde, mais celles des hommes à Dieu. Nous passons de l'invité à l'invitant. Nous voici appelés à la place de Dieu, celui qui invite les hommes à venir à sa table, cette table où il se donne lui-même en nourriture. En nous faisant exister, Dieu nous donne ce que nous ne pouvons pas rendre. Jésus apprend au monde le comportement de Dieu : sa gratuité, son ouverture à l'infini. " Sois semblable à Dieu est le commandement de l'humilité. " Le message de l'Evangile trouve dans la conscience humaine une variation immense des comportements nouveaux qui rendent les hommes plus humains. Il n'y plus de limite à la responsabilité de l'homme vis-à-vis de la souffrance de l'autre. " L'autre ", en hébreu, et " le frère " sont deux mots construits sur la même racine. D.L. |
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