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30ème dimanche C
 
 
Siracide 35,12…18 -- 2Timothee 4,6…18 --- Luc 18,9-14
 
     
 
Où est la place de Dieu ?
 
     
 
24 octobre 2004
 
     
 

Deux cas extrêmes
La parabole du pharisien et du collecteur d'impôts est en fait, un sondage de Jésus qui veut savoir à qui on pense quand on écoute la parabole. Les commentaires de l'évangile, anciens ou récents, s'attardent plutôt aux deux compères venant prier au temple. Dieu qui observe, écoute et dit son mot est tacitement mentionné. On se met alors à sa place pour faire part de nos propres appréciations et actualiser la parabole. Ce n'est pas triste ! Le pharisien et le publicain d'aujourd'hui pourrait être l'un, " le catholique pratiquant, et l'autre, l'homosexuel notoire ".
Comme dans toutes comparaisons, les cas extrême extrêmes sont avancés pour donner davantage de relief à la démonstration. L'un prend plaisir à parler longuement de lui-même, l'autre qui n'a pas de quoi être fier, ne sachant quoi faire, se frappe la poitrine. La différence est nécessairement saisistante.
Qui peut faire la comparaison ?
Ce genre d'observations et de commentaires n'appartienent qu'au maître du lieu, celui à qui s'adresse la prière de l'un et de l'autre. Jésus nous fait comprendre que la prière est notre relation personnelle avec Dieu. Nous allons à lui tels que nous sommes, en nous référant à lui seul. La leçon n'est donc pas de dire : " Je ne serai pas comme le pharisien". Ni de dire : " Je serai comme le publicain. " Le mieux serait plutôt de sortir de cette logique, de ne pas passer notre temps à juger, à prolonger le jeu de la comparaison. Quelle communauté, quelle assemblée n'aurait-elle pas des extrêmes et qui ne sont pas nécessairement mauvais, et ne sont objets de jugement de personne ?

La logique pharisien-publicain.

Le Pharisien.
Le pharisien vient au temple pour prier. Seul Dieu peut apprécier son comportement. Or ce n'est pas le cas. Il a été suffisamment montre du doigt. Depuis 20 siècles, fait des commentaires sur lui et on lui fait dire des choses qu'il n'a pas dites.
" Merci, mon Dieu, d'être comme je suis. Tu n'as plus rien à y changer. Je n'ai donc plus besoin de toi, je n'attends plus rien de toi, me voilà quitte envers toi !" Ce genre de littérature exégétique qui paraphrase la prière du pharisien se lit dans la revue d'animation liturgique, pour souffler une piste d'homélie. Il y en a peu qui pensent qu'il serait temps de réhabiliter les pharisiens, trop souvent calomniés au point que leur nom est devenu synonyme d'hypocrite. Avec en plus le crime d'avoir tué le Fils de Dieu, les pharisiens sont objet d'une haine millénaire.

Le Publicain.
Si Dieu trouve qu'il est ridicule de venir au temple pour faire son auto-encensement devant lui, il n'est pas dit non plus qu'il faut faire de l'auto-flagellation et ne se comporter comme la personne du premier rang. L'interlocuteur de notre relation dans le temple, à l'église, est Dieu lui-même et lui seul. Même si nous ne le voyons pas, Dieu observe, écoute et il nous dira ce qu'il pense.
Nous prions en Eglise. La liturgie a besoin de la participation de tous. Mais Dieu s'adresse à chacun de nous dans la solitude de notre cœur. Le comportement des autres ne nous regarde pas. La parabole nous inspire la retenue, pour mieux nous occuper de ce que Dieu aime, pour laisser à Dieu le dernier son mot. C'est déjà beaucoup qu'il parle. Il serait dommage de lui couper la parole.
Dieu est lumière, Dieu notre Père, source de toute vie, de toute beauté. L'émerveillement, le bonheur dans sa peau, l'extase, pourquoi pas, sont les signes de notre présence réelle devant Dieu et de notre perception de sa beauté, de sa bonté. Devant la beauté des beautés, ce n'est pas trop demander que de faire chanter à l'assemblée la louange à son Nom, à sa gloire. " Mon Seigneur et mon Dieu." C'est le soupir de Thomas qui en perd ses moyens en bredouillant ce mot d'admiration et d'adoration.
On comprend Péguy qui s'énerve à la place de Dieu quand Dieu voit des gens qui commencent leur prière par les litanies de leurs misères. " Depuis quand, vous entrez chez moi et vous vous occupez d'abord de vos souliers qui ont dû marcher sur quelque chose qui vous gêne. "
La prière de louange et d'adoration pour paraître devant Dieu est par excellence notre "GLORIA'. Nous remercions Dieu pour son immense gloire. Et la louange nous permet de glisser un mot pour qu'il pense à nous. " Toi qui es assis à la droite de Dieu, prends pitié de nous." L'Eucharistie est vraiment l'action de grâce au Père pour aujourd'hui.
La logique des enfants de Dieu.
Il y a donc la troisième voie, entre celle du pharisien et celle du publicain. C'est la voie que Jésus indique dans les versets qui suivent cette parabole. Ici, celui qui prie c'est Jésus : " Laissez les enfants venir à moi. ". " En vérité, je vous le déclare, qui n'accueille pas le Royaume de Dieu comme un enfant n'y entrera pas." Il n'y a plus de pharisiens ni de publicains, il n'y a que des enfants du même Père.
La parabole du pharisien et du publicain, loin de nous cantonner dans les extrêmes, nous unit dans un même élan : Nous accepter différents, pharisien, publicain, fils du même Père

D.L.