Nous sommes à la période de la Toussaint, la fête
tous ceux et celles qui sont partis avant nous dans la maison du Père.
Tous, ils étaient allés se laver dans le sang de l'agneau,
saints canonisés, ou saints inconnus. La liturgie de ce dimanche
essaie de nous donner une idée de ce que doit être maintenant
leur vie en Dieu. Par l'Eucharistie, la présence du Christ
Ressuscité, nous sommes en pleine communion avec la vie en
Dieu, avec tout ce monde qui vit dans la miséricorde de Dieu.
Il est, dans notre vie humaine une réalité devant laquelle,
riches ou pauvres, puissants de ce monde ou hommes et femmes anonymes,
tous sont parus devant Dieu aussi dépouillés les uns
que les autres. Devant la mort, aucune revendication n'est possible.
C'est avec un dépouillement complet que l'on quitte ce monde.
On comprend que les hommes se révoltent, s'en inquiètent.
L'évangile nous en donne une idée. Une femme, épouse
successive de sept frères, morts les uns après les autres
tout de suite après leur mariage avec cette femme unique. Comment
résoudre le problème de leur vie de couple quand tous
se retrouveraient ensemble dans l'au-delà.
Comment concevoir la vie dans l'au-delà ? Comment comprendre
que quelqu'un qui nous est cher, subitement nous quitte définitivement,
sans nous dire un mot, ni avant, ni après. La vie de demain
est-elle si fermée qu'on ne puisse plus échanger ce
qui doit être merveilleux à connaître, surtout
avec quelqu'un qui a tout partagé avec nous durant toute
une vie. Les liens sacrés tissés ensemble durant une
existence sont-il aussi éphémères ?
Il ne faudrait pas être trop dur avec le sadducéen.
La complexité de la question sur la femme aux sept époux
nous dit plutôt son angoisse aux aspects multiples. Ce genre
de question se trouve sous tous les ciels. L'homme est toujours
intrigué par la vie de demain, et garde dans son secret mille
questions insolubles.
L'explication de Jésus est brève et nette. Il sait
ce qu'il dit. Il est la Résurrection, la vie définitive
en Dieu. Il y aura des liens plus forts que ceux que nous connaissons
sur cette terre. Ils vont nous lier à la source de la vie
où tous se reconnaissent comme fils et filles, héritiers
de la Résurrection.
Tous les liens que nous avons sur cette terre seront transfigurés
dans ce monde de lumière où il n'y aura plus de fin.
Dire comment est ce monde, équivaut à demander comment
Dieu est. Nous comprenons maintenant le silence de tous ceux et
celles qui nous ont quittés.
Mais, sous d'autres ciels, il y a d'autres explications qui n'ont
pas bénéficié de la révélation
comme la Bible. L'histoire que vous allez entendre est donnée
par un maître spirituel à son disciple, sans doute
tourmenté par la même question que celle du sadducéen.
Chaque détail de cette histoire est important. Il est l'élément
qui pousse lentement le disciple à l'éveil au mystère
de la vie.
Il était une fois, une belle rivière se frayant
un chemin au milieu des collines, des forêts et des champs.
Au départ, une source dansante courant sur les pentes de
la montagne, petit torrent joyeux, grandissant et ralentissant à
l'approche des basses terres, et de l'océan. Elle apprit
à se faire belle, serpentant gracieusement parmi les collines
et les champs.
Un jour, elle s'aperçut qu'elle contenait l'image des nuages
de toutes couleurs, de toutes les formes. Alors, pendant des journées
entières elle fut occupée à courir derrière
les nuages. Elle voulait en posséder un, en avoir un pour
elle toute seule. Mais les nuages gambadent dans le ciel à
leur gré, changent de forme d'instant en instant.
La rivière souffrait, comme une infidélité,
de l'impermanence des nuages. Son plaisir, sa joie avaient été
de les poursuivre l'un après l'autre. Mais, depuis que le
vent s'est levé et avait nettoyé complètement
le ciel, sa vie n'a plus eu de sens. La rivière voulut mourir.
Mais comment une rivière pourrait-elle se suicider ?
Cette nuit là, elle eut l'occasion de revenir à
elle-même pour la première fois. Elle courait depuis
si longtemps après quelque chose d'extérieur qu'elle
ne s'était encore jamais regardée. Elle entendit ses
propres pleurs, quand son eau frappait les berges. A l'écoute
de sa propre voix, elle fit une très importante découverte.
Elle s'aperçut qu'elle contenait déjà l'objet
de sa recherche. Les nuages sont nés de l'eau et retournent
à l'eau. C'est l'éveil : Elle comprit qu'elle-même
était faite d'eau et que le ciel est plus grand que les nuages.
Le ciel ne change pas : les nuages le lui cachaient momentanément.
L'immensité du ciel était en son cœur depuis sa naissance
même. A chaque lever du soleil, voyant le vaste azur, elle
comprit que sa paix et sa stabilité était déjà
là.
La parabole révèle la pudeur de certaine sagesse
qui préfère l'histoire de la rivière à
l'étalage de l'histoire secrète des hommes. Mais elle
dit bien, avec délicatesse, le drame de l'homme. C'est en
revenant à soi-même, ne se laissant pas conditionner
par l'extérieur, sauf par l'immensité du ciel, que
l'homme découvre qu'il est unique parmi tant d'autres. Même
l'univers infini ne peut l'aliéner.
Et c'est à Jésus de conclure pour nous : Ils sont
semblables aux anges, ils sont fils et filles de Dieu, en étant
héritiers de la Résurrection. Nous pouvons apprécier,
comme dans la lettre de St Paul aux Thessaloniciens, l'apport de
l'Evangile à notre monde
D.L.
Nous sommes au mois de Toussaint, la fête tous ceux et celles
qui sont partis avant nous dans la maison du Père. Tous, ils
s'étaient allés se laver dans le sang de l'agneau, saints
canonisés, ou saints inconnus. La liturgie de ce dimanche essaie
de nous donner une idée de ce que doit être maintenant
leur vie en Dieu. Par l'Eucharistie, la présence du Christ
Ressuscité, nous sommes en pleine communion avec la vie en
Dieu, avec tout ce monde qui vit dans la miséricorde de Dieu.
Il est, dans notre vie humaine une réalité devant laquelle,
riches ou pauvres, puissants de ce monde ou hommes et femmes anonymes,
tous sont parus aussi dépouillés les uns que les autres.
Devant la mort, aucune revendication n'est possible. C'est avec un
dépouillement complet que l'on quitte ce monde. On comprend
que les hommes se révoltent, s'en inquiètent.
L'évangile nous en donne une idée. Une femme, épouse
successive de sept frères, morts les uns après les autres
tout de suite après leur mariage avec cette femme unique. Comment
résoudre leur problème de vie de couple quand tous se
retrouveraient ensemble dans l'au-delà.
Comment concevoir la vie de l'au-delà ? Comment comprendre
que quelqu'un qui nous est cher subitement nous quitte définitivement
sans nous dire un mot, ni avant, ni après. La vie demain
est-elle si fermée qu'on ne peut plus communiquer ce qui
doit être merveilleux à connaître, surtout à
quelqu'un avec qui, on a tout partagé durant toute une vie.
Les liens sacrés qu'on a tissés ensemble durant une
existence sont-il aussi éphémères ?
Il ne faudrait pas être trop dur avec le sadducéen.
La complexité de sa question sur cette femme qui a pour époux,
successivement tous les sept frères d'une famille, nous dit
plutôt son angoisse aux nœuds multiples. Ce genre de question
se trouve sous tous les ciels. L'homme est toujours intrigué
de la vie de demain, et garde dans son secret mille questions insolubles.
L'explication de Jésus est brève et nette. Il sait
ce qu'il dit. Il est la Résurrection, la vie définitivement
en Dieu. Il y aura des liens plus forts que ceux que nous connaissons
sur cette terre. Ils vont nous lier à la source de la vie
où tous se reconnaissent comme fils et filles, héritiers
de la Résurrection.
Tous les liens que nous avons sur cette terre seront transfigurés
dans ce monde de lumière où il n'y aura plus de fin.
Dire comment est ce monde, équivaut à demander comment
Dieu est. Nous comprenons maintenant le silence de tous ceux et
celles qui nous ont quittés.
Mais, sous d'autres ciels, il y a d'autres essais d'explications
qui n'ont pas bénéficié de la révélation
comme la Bible. L'histoire que vous allez entendre est donnée
par un maître spirituel à son disciple, sans doute
tourmenté par la même question que celle du sadducéen.
Chaque détail de cette histoire est important. Il est l'élément
qui pousse lentement le disciple à l'éveil au mystère
de la vie.
Il était une fois, une belle rivière qui se frayait
un chemin au milieu des collines, des forêts et des champs.
Au départ, elle fut un petit torrent joyeux, une source dansante
à courir sur les pentes de la montagne. Elle grandissait
à mesure qu'elle approchait des basses terres et elle se
ralentissait à l'approche de l'océan. Elle apprit
à se faire belle, serpentant gracieusement parmi les collines
et les champs.
Un jour, elle s'aperçut qu'elle contenait l'image des nuages
de toutes couleurs, de toutes formes. Alors, pendant des journées
entières elle fut occupée à courir derrière
les nuages. Elle voulait en posséder un, en avoir un pour
elle toute seule. Mais les nuages gambadent dans le ciel à
leur gré, et ils changent de forme d'instant en instant.
La rivière souffrait, comme une infidélité,
de l'impermanence des nuages. Son plaisir, sa joie avaient été
de les poursuivre l'un après l'autre. Mais, depuis que le
vent se leva et nettoya complètement le ciel, sa vie n'a
plus de sens. La rivière voulut mourir. Mais comment une
rivière pourrait-elle se suicider ?
Cette nuit là, elle eut l'occasion de revenir à
elle-même pour la première fois. Elle courait depuis
si longtemps après quelque chose d'extérieur qu'elle
s'était encore jamais regardée. Elle entendit ses
propres pleurs, quand son eau frappait les berges. A l'écoute
de sa propre voix, elle fit une très importante découverte.
Elle s'aperçut qu'elle contenait déjà l'objet
de sa recherche. Les nuages sont nés de l'eau et retournent
à l'eau. C'est l'éveil : Elle comprit qu'elle-même
était faite de l'eau et que le ciel est plus grand que les
nuages. Le ciel ne change pas. C'étaient les nuages qui le
lui cachaient momentanément. L'immensité du ciel était
en son cœur depuis sa naissance même. A chaque lever du soleil,
voyant le vaste azur, elle comprit que sa paix et sa stabilité
étaient déjà là.
La parabole révèle la pudeur de certaine sagesse
qui préfère l'histoire de la rivière à
l'étalage de l'histoire secrète des hommes. Mais elle
dit bien, avec délicatesse, le drame de l'homme. C'est en
revenant à soi-même, ne se laissant pas conditionné
par l'extérieur, sauf par l'immensité du ciel, que
l'homme découvre qu'il est unique parmi tant d'autres. Même
le nombre infini ne peut l'aliéner.
Et c'est à Jésus de conclure pour nous : Ils sont
semblables aux anges, ils sont fils et filles de Dieu, en étant
héritiers de la Résurrection. Nous pouvons apprécier,
comme la lettre de St Paul aux Thessaloniciens, l'apport de l'Evangile
à notre monde
D.L.