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1er Dimanche de Carême C}
 
 
Deutéronome 26,4-10 - Romains 10,8-13 - Luc 4,1-13
 
     
 
Conduit par l'Esprit
 
     
 
29 février 2004
 
     
 
Le récit des tentations de Jésus tel qu'il est écrit par Luc, suppose un troisième personnage qui regarde et écoute tout ce qui se passe pour faire ce reportage détaillé sur le dialogue entre Jésus et Satan. Peut-être, Luc a-t-il a pu recueillir la tradition évangélique de la première communauté chrétienne, en une catéchèse vivante sur la personne du Christ. Placé à l'ouverture du ministère, le récit constitue comme un frappant résumé des tentations suggérées par ce monde des gens que Jésus a rencontrés au cours de sa mission.

Dans son enseignement, au contact avec ses disciples et les milieux de la société de son temps, combien de fois Jésus a-t-il refusé leurs propositions de faire des miracles, d'être leur leader. Ce qu'ils lui ont demandé est bien loin de ce qu'il leur a enseigné. Dieu, est le Père de tous, et le prochain, l'enfant d'un même Père. C'est toute une relation nouvelle ouverte sur le service, sur le respect, sur la gratuité et sur l'obéissance à la volonté de son Père.

Le récit de la tentation se situe après son baptême et sa généalogie qui remonte jusqu'à Adam. " Fils d'Adam ", mais confirmé à son baptême par la descente de l'Esprit Saint et la voix du Père: " C'est toi mon fils, Moi aujourd'hui je t'ai engendré ". Luc suggère que Jésus n'assume pas seulement la destinée de son peuple pour la redresser, mais bien celle de toute la communauté humaine.

Le rapprochement de ces deux scènes montre bien comment le Fils va maintenant répondre à son Père en lui manifestant son indéfectible attachement. Il a aussi pour but d'avertir le chrétien baptisé des affrontements et des tentations, celles qu'avait connues le Peuple de l'Ancienne Alliance, celles qu'a dû surmonter Jésus.

Tout se situe au désert où Jésus passe quarante jours, comme le peuple hébreu jadis y fut quarante ans, et d'ailleurs à chaque assaut de Satan, il a répondu par une citation biblique qui rappelle précisément la longue traversée du désert pendant l'exode Reprenant à son compte, revivant pour lui-même toute l'histoire de son peuple, le Christ la mène à son accomplissement ; repassant à son tour par les grandes épreuves de l'exode, il en sortira vainqueur ; remportant la victoire là même où l'ancien Israël avait succombé, il résume et fonde en sa personne un Israël authentique et fidèle à son Dieu, un peuple nouveau, un peuple de fils.

Depuis le mercredi des Cendres, la liturgie de la Parole est un appel à vivre le temps du Carême comme les disciples les plus proches de Jésus, Jean, Jacques et Pierre. Nous pouvons rester auprès de lui, le voir, écouter ses confidences et entrer dans ses pensées profondes sur Dieu, sur les hommes. Nous pouvons le suivre partout, jusqu'au sommet de sa vie. Il y aura des moments forts qui diront que nous sommes aimés d'un amour qui va jusqu'au bout.

La première expérience est celle face aux tentations de la vie, sous " toutes les formes" que peut inventer le "tentateur". La dernière phrase du récit de Luc dit que Satan a "épuisé" son imagination, n'a plus de programme à proposer. Sa stratégie est de proposer à Jésus des paroles de l'Ecriture qui suggèrent à sa mission, une voie de facilité, une voie royale sans faire de mal ni à lui-même, ni aux autres. Peut-être, faute d'un vrai renseignement sur Jésus, ce Satan ne semble-il pas avoir peur comme le démon qui crie par la voix du possédé dans la synagogue: " Ah! Que nous veux-tu, Jésus de Nazareth. Es-tu venu pour nous perdre? "

Jésus veille d'abord à la présence du Père, toujours présent, aimé, adoré en premier, alors qu'il connaît les mêmes conditions de vie que nous, avec l'engrenage inévitable qui nous pousse à mettre notre préférence ailleurs que dans la volonté du Père ou dans les intérêts des autres. L'origine du mal ne vient-elle pas de ce qu'on a choisi et servi soi-même en premier ? C'est la tentation de l'homme au pouvoir et le drame de toute société où la notion de service public n'existe pas encore. Jésus a refusé d'utiliser le pouvoir de faire des miracles, même pour le modeste besoin de manger quand il a faim. Il a refusé d'avoir tout en chassant les compromis avec le commanditaire du mal. Jésus a refusé d'utiliser Dieu au service de son prestige, de sa volonté de puissance. Le message de ce récit nous amène vers la lumière de la Résurrection, à la rencontre du Fils de l'Homme venu nous apprendre qui est Dieu, son projet pour notre monde et le mal à vaincre.

L'Évangile d'aujourd'hui est la profession de foi de Jésus. Il va la développer à travers son enseignement avec les paraboles qu'il trouvera dans la vie quotidienne des gens. C'est Paul de Tarse qui résume le chemin parcouru du Deutéronome à l'Évangile. A la suite de Jésus, la profession de foi de ses disciples proclame l'accomplissement du projet de Dieu. La grâce de la Résurrection est en germination dans notre vie quand nous proclamons que Jésus est Seigneur, et qu'il a vaincu le mal, il a vaincu la mort.

D.L.