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3ème
Dimanche de Carême C
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Exode
3,1-15 - I Corinthiens 10,6-12 - Luc 13,1-9
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Pourquoi
ont-ils dû subir d'un tel sort?
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14
mars 2004
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Pourquoi ont-ils dû subir de tel sort ? Chaque jour, nos actualités quotidiennes sur les drames dans le monde, ne cessent de provoquer des questions sur les souffrances inopinément subies par tant de personnes. En commençant par la Bible, on a tout le livre de Job pour retrouver des questions toujours actuelles dans la vie de chacun. Avec les souffrances atroces, au fil des jours, notre civilisation entière se trouve dans la situation de Job s'interrogeant sur la souffrance humaine et le silence de Dieu. " De quelles peines est troublé le genre humain, peines qui tiennent non seulement à la malice et à la perversité des méchants, mais aussi à la condition humaine et à la misère commune! Qui peut l'exprimer en paroles, qui peut la concevoir en pensée? Quelles craintes, quelles désolations naissent des veuvages et des deuils, des dommages et des condamnations, des perfidies et des mensonges des hommes, des faux soupçons, de tous les forfaits et crimes dus à la violence des autres, puisque c'est d'eux que proviennent si souvent spoliation, captivité, emprisonnement, exil, torture, amputation des membres, privation des sens, oppression du corps pour satisfaire l'obscène passion du plus fort et tant de maux horribles. Et que dire des innombrables accidents qui viennent du dehors, si redoutables pour le corps : la chaleur et le froid, les tempêtes, la grêle et la foudre, les tremblements et les déchirures de la terre. " St Augustin " Cité de Dieu ") Job est sorti de ses angoisses en trouvant le sens du silence de Dieu. Il cesse d'essayer de résoudre le problème du mal, d'expliquer la justice de Dieu selon les normes de la morale humaine. Il a retrouvé à la fois le sens de Dieu et le sens de la condition humaine. Pourquoi le mal existe-t-il ? Il n'y a pas de réponse à notre portée. Mais quand on découvre que Dieu est Amour, " l'humilité de l'amour donne la clef : il faut peu de puissance pour s'exhiber, il en faut beaucoup pour s'effacer. Dieu est une puissance illimitée d'effacement de soi. " Avec les drames du XXème siècle, nous sommes plus sensibles peut-être que les autres époques à la présence et au scandale du mal. Aussi, nous a-t-il été donné plus de chances de découvrir que Dieu est souffrance, puisqu'il s'est fait homme et reste désormais un Dieu-Homme. Dieu est à la fois le Tout-Puissant, créateur du ciel et la terre et le " Non-Puissant " en Jésus de Nazareth, le Verbe de Dieu qui s'est fait chair. Jésus n'a pas répondu directement à la question des gens : Dieu est-il le justicier et les catastrophes sont-elles des punitions de Dieu ? Par deux fois, à la place des réponses attendues, il invite les gens à la conversion. La condition de la vie humaine est fragile. Il vaut mieux que chacun veille à sa propre conduite, à ne pas faire le mal, avant de demander pourquoi existe le mal. Tout peut arriver à tout le monde. Au Sinaï, pour être accrédité par son peuple, Moise a besoin de savoir le nom de Celui qui veut l'envoyer faire sortir son peuple de l'Egypte. " S'ils me disent : Quel est son nom ? - que leur dirai-je ? " Dieu dit à Moïse : " Je suis celui qui suis, ". Le nom s'écrit en effet, en quatre consonnes sans voyelles : YHWH. Ce nom est " imprononçable ". Celui que nous appelons " Dieu " est " l'Imprononçable ". On ne peut enfermer Dieu dans des mots. Quand Jésus est venu, il nous a fait voir un visage de Dieu tout autre. Et voici qu'il répète plus de cent fois : " Vous avez entendu qu'il a été dit, mais moi, je vous dis..." Il complète ainsi l'enseignement des anciens en annonçant la plénitude de Dieu qu'il appelle son Père. " L'Imprononçable " est désormais prononcé en la personne de Jésus, C'est " Dieu qui sauve, Dieu avec nous ". Une relation personnelle, vivante s'est établie entre Dieu et l'homme. On ne peut plus parler de "pécheur" sans penser aux paraboles de la brebis perdue, de la pièce retrouvée, de l'enfant prodigue. "Je vous le déclare, c'est ainsi qu'il y aura plus de joie dans le ciel pour un seul pécheur qui se convertit que pour quatre-vingt-dix neuf justes qui n'ont pas besoin de conversion." Les personnes qui ont pu recueillir le plus de confidences importantes de la part de Jésus s'appellent Matthieu, Zachée, le larron crucifié à côté de Jésus, la samaritaine, Marie Madeleine, la femme amenée de force devant Jésus pour qu'on puisse la lapider. En changeant l'image de Dieu, Jésus a voulu mettre un terme à certaine théologie du péché et du sacrifice et libérer ainsi l'homme de sa mauvaise conscience. Ce n'est pas Dieu qui a voulu la mort de son fils bien-aimé, ce sont des hommes au coeur dur et pavé de bonnes intentions qui l'ont jugé, torturé et cloué sur la croix, parce qu'il avait mis en cause leur idée inhumaine de Dieu qui a besoin du sacrifice et du sang d'un innocent pour le rachat de nos péchés. Pour ne pas donner " une survalorisation du mal ", le
message chrétien annonce que la bonté est plus forte
que le mal. Si Dieu paraît se taire, il nous a parlé
en réalité par tout ce qui est beau et bien dans le
monde. " Acclamer la bonté, c'est l'hymne fondamental
" P.Ricoeur |
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