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4ème
dimanche de Carême C
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Josué 5,9-12 - 2 Corinthiens 5,17-21 - Luc 15,1-3 ;11-32
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Le cadet
de l'amour
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21
mars 2001
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Le récit s'attarde, en fait, au Père, invite à le contempler inlassablement pour comprendre le message de Jésus qui fréquente les pécheurs. Il s'explique en révélant le Père. Les évangiles mentionnent 212 fois la présence du Père (1) . Laissons-nous guider alors par " ce premier portrait grandeur nature pour lequel Dieu lui-même ait jamais pris la pose ". Tout du visage du père qui accueille son fils à genoux peut nous inspirer ce que doit être le visage du Père que Jésus est venu nous révéler. (2) " Orphelin de son fils, dévasté d'une aussi longue absence, il s'est épuisé à tenir debout …Il est en train de penser à son fils qui lui a tant manqué. L'attente lui a tant coûté. Le visage du père, un visage d'aveugle. Il s'est usé les yeux à son métier de père. Scruter la route obstinément déserte, guetter du regard l'improbable retour. Un vrai visage est une énigme, ce continent qu'on n'a jamais fini d'explorer, tant il restitue, en son relief, les oasis et les déserts, les abîmes et les sommets, la sauvagerie et les tendresses, la plénitude et les détresses de toute vie digne de ce nom. Il est écrit que ce visage humain est l'image de l'Eternel. On pourrait alors voir le visage de l'Eternel dans ce visage du père, en clef de voûte. Ne dit-on pas d'un vieux qu'il est voûté : çà pèse sur les épaules d'un homme au dur métier de père. Arc-boutées, en une aisance confondante, la pesanteur et la tendresse : arche d'alliance et de douceur ! Nous sommes bien ici au seuil d'une naissance, comme de toute renaissance : " Mon fils était perdu et le voici revenu à la vie… " Sous le coup que porte le visage de son fils, le Père se creuse, s'évide du dedans, s'efface. Immense vulnérabilité ! Peut-on aimer sans en être blessé ! Non pas blessé à mort, mais atteint à vie. Un creux, un vide, assez vaste, assez plein pour que s'y engendre, comme d'un sein maternel, le fils perdu et retrouvé. Tout le passé du fils est là, gravé dans ce qu'on peut voir de dos. Il est à genoux devant le Père. L'agenouillement du fils fait rempart et contrepoids; que l'un des deux s'absente et tous les deux s'écroulent. Il le fait se précipiter à l'intérieur du père : une manière d'immersion radicale et sans retour. Du même mouvement, il a l'air d'en émerger, comme un nouveau-né. Ce fils est en train de naître, de re-naître d'après la parabole. Appuyé de la joue, tel un nouveau-né, au creux d'un ventre maternel, il achève de naître.
En fin de compte, grâce au Verbe qui s'est fait chair, les pinceaux de l'artiste parlent de l'immensité de l'amour de Dieu dans l'amour humain. Il faut que le Verbe soit dans notre chair pour que cette chair soit capable de révéler ce qui est Eternel, la paternité, la maternité et la filiation humaine. Dieu a emprunté ces relations humaines comme son langage de Dieu. La fraternité, cette relation collatérale est appelée à s'élever à la dimension originelle du père et de la mère. On ne sait pas si le frère est allé rejoindre la fête organisée pour son jeune frère. On sait qu'il est libre et que pour lui, tout reste ouvert. En ce début du troisième millénaire, Dieu en grandeur nature est de fait, ce Père de myriade de fils et de filles. A chacun de se s filles et de ses fils, il réserve un tel amour que chacun est unique à ses yeux. L'homme et la femme sont dans la pensée de Dieu dès la première page de la Bible. Ils sont créés à l'image de Dieu pour lui tenir compagnie. La personne de Jésus nous dit comment vivre ce désir de Dieu. Notre liturgie en ce dimanche de " Laetare ", " Réjouissez-vous ", fait écho de la joie du père qui explique à son fils aîné : " Il fallait bien festoyer et se réjouir ; car ton frère que voilà était mort, et il est revenu à la vie. " Et chacun de ses deux fils peuvent le dire autant. A l'aîné de dire à son frère : " Notre Père était mort, le voilà revenu à la vie ". Le petit frère en habit de fête peut féliciter la reconnaissance de son père comme le cadet de l'amour. Le droit d'aînesse est partagé. D.L. (1) Matthieu 55 fois, Marc 18 fois, Luc 43 fois, Jean 105 fois
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