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5ème
dimanche de Carême.
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Isaïe 43,16-21 - Philippiens 3,8-14 - Jean 8,1-11 |
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La misère, la honte, la solitude et la miséricorde. |
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28
mars 2004
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Comment prendre en flagrant délit dans l'enceinte du temple une scène d'adultère ? Comment à partir de ce fait divers, pénible, les voyeurs pensent-ils immédiatement à créer un conflit pour mettre en cause la renommée de Jésus ? Dans tous les cas de figure, qu'il dise oui ou qu'il dise non, le dilemme se referme sur lui : laxisme vis-à-vis de la loi ou infraction au droit romain. Le premier qui s'est senti blessé dans sa pudeur à
propos de cette affaire, n'est-il pas d'abord Jésus ? Il a
à peine trente trois ans. Sa première réaction
que l'évangile de St Jean a retenue, c'est "qu'il s'était
baissé". C'est comme s'il voulait éviter de voir
cette femme ainsi malmenée aux mains des provocateurs. N'est
ce pas à cause de lui que cette femme est ainsi traînée
devant la foule prête à la lapider ? L'évangile
n'a cessé de poser son regard sur Jésus qui reste toujours
là, penché sur le sol. Par deux fois il est écrit
qu'il s'était baissé. Il n'a même pas vu les gens,
les uns après les autres, le quitter inopinément. Par deux fois, il est écrit aussi qu'il se redressa. La misère, la honte, et la miséricorde se sont rencontrées. On peut maintenant voir le regard de Jésus posé sur la femme bafouée pour lui dire : "Femme, où sont-ils donc" ? La miséricorde va jusqu'à cette délicatesse de laisser la femme s'exprimer dans la dignité et la sérénité, ce qu'elle n'aurait pas pu imaginer. "Personne ne t'a condamnée ?" "Personne, Seigneur." La foule des accusateurs a-t-elle reçu l'effet boomerang de la parabole "la paille et la poutre". Tous, ils se sont retirés, en commençant par les plus âgés, note malicieu-sement l'évangile de Jean. Le seul juste, qui aurait pu jeter la pierre, ne le fait pas. Cet homme qu'émeut toute détresse manifeste à l'égard des femmes une prévenance et une attention qui ne sont pas dans l'air du temps. Les femmes de l'Evangile ne participent pas à la haine des hommes. Jésus a des ennemis mais, pas d'ennemies, a remarqué France Quéré. " Il a, plus, que d'autres sans doute, prêté attention à leurs tâches quotidiennes : le grain qu'on écrase à la meule (Luc 17.35), le pain qui lève (Mat 13,33), la maison balayée (Lc15,8) , l'eau qu'on va chercher au puits Jn 4,7). Il sait l'angoisse qui étreint l'accouchée et sa joie lorsque l'enfant est venu au monde. (Jn 16,21). II peut, dans certaines circonstances difficiles, témoigner d'une extraordinaire délicatesse à l'endroit des femmes qu'il rencontre ou qui viennent à lui. Le pharisien Simon n'oubliera pas de sitôt la leçon du maître alors qu'il n'est pas loin de se scandaliser de son attitude à l'égard de cette prostituée venue, jusque dans sa propre maison, lui manifester une gratitude qu'il juge indiscrète. Tout est juste dans les propos de Jésus, et celui qui avait jugé trop vite réalise un peu tard qu'il n'est pas lui-même sans reproche (Lc 7,36-50). Même mesure et même humanité dans l'épisode de la femme surprise en flagrant délit d'adultère et que ses accusateurs lapideraient volontiers ( Jn 8,3-12). On ne sait ce qu'il faut le plus admirer, de l'art consommé avec lequel Jésus invite ces fidèles partisans de la Loi à plus de lucidité à l'égard d'eux-mêmes : " Que celui d'entre vous qui est sans péché lui jette la première pierre ! ", ou de l'étonnante attention dont il fait preuve à l'endroit de celle qui a péché'? " * La femme se sent envahie par la grâce de l'amour. Jésus
lui a rendu sa dignité, son avenir. Le pardon est un geste
d'estime et de confiance qui réhabilite. Comment ne pas rapprocher
ici l'image du père de l'enfant prodigue et Jésus face
à la femme de l'évangile d'aujourd'hui ? D.L. * Jésus, l'homme qui évangélisa Dieu. René Luneau
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