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Dimanche
de la Passion. Les Rameaux. }
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Luc
22,14-23, 56
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Dimanche
de la Passion. Les Rameaux
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4 avril 2004
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La Passion entre lentement, imperceptiblement dans la vie du Christ. C'est aujourd'hui que commence le drame et nous le voyons débuter par une énorme ambiguïté .La foule l'acclame, arrache des branche de rameaux, étend les manteaux sur le chemin pour l'accueillir. C'est une manifestation aussi spontanée que versatile. Car ce sera la même foule qui crie aujourd'hui : " Hosannah ! Fils de David", et qui va crier:" Qu'on le crucifie ! " Foule abrutie de simplisme et de méchanceté. Foule qui rend bête, foule qui hurle, foule des slogans haineux et des fureurs qui se croient sacrées. Foule de lynchage, attirée par le sang. Foule des bonnes consciences qui tendent les poings vengeurs vers les fourgons cellulaires. Foule qui rend la justice, à sa manière, par des vociférations, des sarcasmes et de la lâcheté. " L'ambiguïté est grave. Ils le disent eux-mêmes, les gens: Ils attendaient beaucoup de lui pour réaliser leurs rêves à leurs façons et les voilà déçus, entraînés dans des aventures de violence et de haine. Mais, parfois, dans la foule agglutinée aux portes du malheur, un homme libre se dresse. L'une des caractéristiques du récit de l'évangile de St Luc est la maîtrise et la conscience aiguë avec laquelle Jésus va au-devant de son sort et de sa mort. Le vendredi saint ne sera pas une surprise pour lui. Il l'aura longuement préparé comme le signale Luc en organisant la vie du Seigneur en une lente montée vers Jérusalem, la cité du Temple et des sacrifices. C'est d'ailleurs dans le Temple, et non pas, comme les autres évangélistes, dans la ville, qu'il fait entrer Jésus le dimanche des rameaux. Le Temple est au début, au centre et au terme du troisième évangile. Jésus a voulu, prévu et désiré l'acte sacrificiel qui mettra fin à sa courte vie terrestre : "J'ai tellement désiré manger cette Pâque avec vous avant de souffrir. " (Lc 22,15) L'Eucharistie, au cénacle, fut le signe de sa consécration. II est le maître de sa vie: il la donne, comme il veut et quand il veut. Dans la personne de Jésus nous trouverons la lumière sur Dieu, sur nous-mêmes, sur les problèmes de ce monde, sur nos problèmes.
Jésus, qui a pris notre condition, entend en assumer jusqu'au bout les conséquences comme signe de son amour. Sa passion, sa mort, sa résurrection font que cette semaine est une semaine sainte car il nous amène avec lui vers le sommet d'une vie humaine où tout est transparent devant la présence de Dieu. Il a refusé toute ambiguïté, tout compromis pour ne laisser réaliser que la volonté du Père. Alors que la Passion, pour Marc, se déroule dans le silence et la solitude, Luc mentionne les foules: " I1 était suivi d'une grande multitude du peuple, entre autres de femmes qui se frappaient la poitrine et se lamentaient sur lui ". De même, le meurtre accompli sur le Golgotha, Luc nous signale "tous les gens qui s'étaient rassemblés pour ce spectacle, qui s'en retournaient en se frappant la poitrine". Ses disciples et les saintes femmes se tenaient à distance et regardaient. Le centurion de garde est bouleversé par un tel supplicié: " Sûrement, cet homme était juste ". Mais l'exemple le plus étonnant est celui du bon larron. Devant les moqueries de son compagnon, il prend la défense de Jésus, il se recommande à lui: " Souviens-toi de moi quand tu seras dans ton royaume". L'évangile de la miséricorde et du pardon nous rapporte seul les paroles stupéfiantes qui tombent sur lui comme une absolution: " Aujourd'hui, tu seras avec moi dans le paradis ". C'est en compagnie d'une humanité fragile que Jésus passe vers son Père. D.L. |
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