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2ème dimanche de Pâques

 
 
Actes 5,12-16 ; Apocalypse 1,9-11.12-13,17-19 - Jean 20,19-31
 
   
 
"Ressusciter, Vivre l'Eternel
 
   
 
15 avril 2007
 
   
 

" Ressusciter, Vivre l'Eternel. "

Dans l'Histoire de la Communauté humaine, il est un seul Evénement qui soit digne de ce nom. Un homme est passé de la mort à la Vie. Sa vie est celle qui, tout étant de ce monde, se vit " Ailleurs ". Sa Vie ne se lie pas ni à l'espace, ni au temps. C'est en Dieu que vit Jésus de Nazareth, mort et ressuscité.

Il faut alors connaître Dieu pour savoir ce que veut dire " Ressusciter ". La Bible, ce haut lieu où Dieu se révèle en parlant par ses prophètes, en disant son Nom à Moïse, ne peut pas dire comment est Dieu. Le Dieu dont les hommes tentent de donner une définition n'est plus Dieu.

On ne localise pas Dieu dans notre monde. Les plus belles célébrations de Pâque n'enferment pas Jésus Vivant dans tous les fastes des rituels est des célébrants. Les efforts des " pratiques inventées " ont le mérite de nous faire penser à l'Evénement, comportent en même temps une ambiguïté dangereuse.

Nous mesurons difficilement la portée de notre acclamation : " Christ est ressuscité. Il est vraiment ressuscité." Jésus ressuscité a rehaussé l'histoire humaine à un niveau qui dépasse le temps et l'espace. Une ère nouvelle s'ouvre depuis. Le temps se prolonge hors du temps. Le passé, le futur font partie du présent. Tout ce que Jésus a dit et a fait semblait à jamais perdu en un laps de temps, dans la mémoire de ses disciples. Sa résurrection rend présent et vivifiant tout de qui a été perdu. On se le raconte. On se le transmet. On vit comme si le Maître était là, en train d'enseigner, de guérir, de rendre gloire à Dieu.

Entre les années 60 et 100, un peu plus de trente ans après l'événement de Pâques, la jeune Eglise du Christ reste encore fragile et traverse une crise grave. La Palestine n'est plus la même qu'au temps de Jésus. Les maîtres de ce monde, les empereurs romains, Néron puis Domitien, se font appeler "Notre Seigneur et Dieu". Il n'y a pas de place possible pour quelqu'un d'autre que César.

Seul survivant des apôtres, Jean est en exil sur l'île de Pathmos. Le dimanche, le jour du Seigneur, précise-t-il soigneusement, il reçut en extase la révélation de Jésus. Le genre littéraire qu'il a adopté appartient au mode de pensée de son temps : Apocalypse. A son âge avancé déjà, tous les souvenirs d'antan lui reviennent à l'esprit comme une prière, une louange, avec des flots de symboles et d'images. Ce n'est plus ici l'évangile des rencontres de Pâques où les apôtres peuvent voir et toucher le corps du Christ, corps glorifié mais en chair et en os.

C'est l'Evangile éternel qui se déploie dans tout le cosmos, au-delà du temps, l'épopée de la Résurrection dans toute sa grandeur qui couvre la création tout entière et nous montre que Jésus est Seigneur. Devant Lui, défilent toutes les civilisations mortelles sauvées par son sang de leur existence éphémère.

Dans le rayonnement de sa gloire, il offre à tous ceux qui acceptent de Le suivre dans son sillage, l'Evangile éternel, la Bonne Nouvelle pour tous les hommes que Jean a la mission de mettre par écrit. Par sa propre expérience, Jean laisse entendre que voir est se souvenir de ce qui a été écrit. Voir c'est commencer à comprendre les Ecritures. Il écrit pour que tous puissent voir même sans être là.

Au long de notre vie quotidienne, nous ne cessons de croire aux choses, à la vie, aux événements, aux gens qui nous entourent. Nous ne pouvons pas tout faire, tout connaître. Nous avons besoin des autres. Croire c'est savoir par le savoir des autres. Il est multitude ce geste de croire de tous les jours dans tous les domaines, et non seulement celui de la religion.

Dans tout l'évangile de St Jean, Jésus a donné des signes multiples pour initier ses disciples à croire en Lui, comme "l'Envoyé" du Père. Les signes sont des Gestes-Evénements que Dieu donne au monde pour s'acheminer vers Lui. Nous disons souvent "je vois", pour dire que "je comprends". La compréhension ou la connaissance est plus profonde que la vue.

Regarder Jésus Vivant est la première étape qui amène à croire qu'Il est maintenant dans le mystère de Dieu. Croire en Jésus qui vit maintenant comme le Verbe éternel en Dieu est le geste qui tient pour vraie sa parole de Pâques : "Sois sans crainte, Je suis le Premier et le Dernier". L'éternel est déjà là dans notre existence qui ne dure qu'un temps et qui est la source de nos angoisses. Le germe de la résurrection est déjà là dans notre chair.

Rabbouni, je célèbre la Pâques, je ferme le Livre, je ferme mes livres, mes yeux, et je cherche Ton Visage, tout au fond de mon cœur.

Denis LUONG