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5ème
dimanche de Carême C | ||
Is
43, 16-21 - Ph 3, 8-14 - Jn 8, 1-11 | ||
La
misère, la solitude et la miséricorde. | ||
25
mars 2007 | ||
. La misère, la solitude et la miséricorde. Qu'une histoire aussi invraisemblable que scabreuse, celle de la femme prise "en flagrant délit " d'adultère soit devenue la liturgie de la Parole dans le Mémorial de la mort et de la Résurrection du Christ est vraiment une avant première ! En quoi ce récit peut-il nous introduire à la Présence du Seigneur ? L'histoire de sexe et de mensonge n'est pas seulement le produit de notre temps. L'annonce de l'Evangile se fait à travers cette histoire. Elle sera liée à jamais aux récits de la vie de Jésus. En dix phrases, Jésus est mentionné 22 fois : onze fois avec la 3ème personne, il, le, lui ; 2 fois avec la 2ème personne, toi, tu ; deux fois avec la 1ère personne, je, moi ; et cinq fois avec son nom propre : Jésus. Le premier qui s'est senti blessé dans sa pudeur à propos de cette affaire, n'est-il pas d'abord lui ? Il a à peine trente trois ans. Sa première réaction que l'évangile de St Jean a retenue pour nous c'est "qu'il s'était baissé". C'est comme s'il voulait éviter de voir cette femme ainsi malmenée, et de regarder ses provocateurs. Comment les gens en sont-ils arrivés à prendre la femme en flagrant délit? On remarque que la scène s'est déroulée pendant la fête des Tentes. Les pèlerins s'installait dans les tentes autour du Temple pour commémorer le temps dans le désert. Les pharisiens osé étaler ses trouvailles en public, comme une sorte d'otage à alimenter le conflit qu'ils ont essayé de fomenter entre Jésus et leur groupe ? C'est un peu à cause de leur haine contre Jésus que cette femme est ainsi maltraitée. L'évangile n'a pas cessé de poser son regard sur Jésus. Il reste toujours là, penché sur le sol. Par deux fois il nous dit qu'il s'était baissé. Il n'a même pas vu les gens, les uns après les autres le quitter inopinément. Et il n'y a pas seulement les gens qui ont quitté cette scène qu'ils viennent de provoquer. Il y a aussi cette ambiance malsaine qui est complètement dissipée. Jésus et la femme. Deux solitudes. C'est Jésus et la femme qui sont au banc des accusés. Jésus qu'ils appellent, Maître, est au centre de ce cercle des maudits. Aussi, par deux fois, est-il écrit qu'il se redressa. La misère et la miséricorde se sont rencontrées pour donner enfin cette dignité et cette sérénité comme la fin de cette histoire scabreuse. Qui peut dire sur le regard de Jésus posé sur la femme bafouée pour lui demander : "Femme, où sont-ils donc" ? La miséricorde va jusqu'à cette délicatesse de faire dire à cette femme ce qu'elle n'aurait pas pu attendre. "Personne ne t'a condamnée ?" "Personne, Seigneur." Les accusateurs et la foule qui les a suivis, tous ont reçu comme une grâce de lucidité, qui leur fait penser à "la paille et la poutre". La femme se sent envahie par la grâce de l'amour. Jésus lui a rendu sa dignité, son avenir. Le pardon est un geste d'estime et de confiance qui réhabilite. Comment ne pas rapprocher ici l'image du père de l'enfant prodigue et Jésus face à la femme de l'évangile d'aujourd'hui ? Qu'est devenue la femme adultère après cette péripétie? L'Evangile ne nous le pas dit. Nous pouvons le dire nous-mêmes : cette femme n'est-elle pas notre communauté humaine ? Le cœur des hommes est " ailleurs ", alors que Jésus, lui, est toujours là. L'Eucharistie nous apprend à revenir à nous-mêmes pour être enfin avec "l'Autre", les autres. Notre religion est celle d'amour, ou bien une religion de devoir ? Les devoir ne dure qu'un temps, surtout dans les moments de crise. La religion d'amour dure toujours, même après 2O siècles d'histoire.
Denis LUONG
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