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2ème dimanche de l'Avent C
 
 
Baruch 5,1-9 - Philippiens 1,4-6, 8-11 - Luc 3,1-6
 
   
 
Le visage de l'Avent
 
   
 
10 décembre 2006
 
   
 

Le visage de l'Avent.

Le troisième évangile est par excellence un évangile humain. Il présente la Bonne Nouvelle de Jésus à travers le vécu de l'homme au quotidien. Cette ambiance générale de la communauté humaine apparaît déjà dans la citation d'Isaïe (40,3-5). Marc et Matthieu la mettent bien sur la bouche du Précurseur, mais en la tronquant. Luc est seul à la poursuivre jusqu'à ces mots qui rappellent la prophétie de Baruch: " Toute chair verra le salut de Dieu. " Dès le début, Luc tient à affirmer une caractéristique de son évangile, à savoir que l'espérance est pour tous.

C'est sur la même vision qu'il termine son oeuvre complète " C'est aux païens qu'a été envoyé le projet de vie voulu par Dieu. Eux du moins, ils écouteront " (Actes 28,28). C'est le plan de l'ouvrage de Luc en deux volumes, l'Evangile et les Acte des Apôtres : montrer la progression du salut de Nazareth à Jérusalem, puis de Jérusalem " jusqu'aux extrémités du monde " (Actes 1,8). L'expansion du message n'est pas seulement spatiale ou géographique; elle comporte un passage du monde juif au monde païen. Elle provoque donc une réaction de tout homme, l'acceptation ou le refus du salut en Jésus Christ

L'appel du Précurseur est toujours actuel : " Préparez le chemin du Seigneur, rendez droits ses sentiers. " Jean fait allusion à une coutume orientale : pour recevoir un grand personnage, on ouvre pour lui une belle route. La Palestine a plusieurs " routes royales "; depuis la visite de Paul VI, Jérusalem a " la route du Pape ". Or le Seigneur vient vers l'homme. " Il est même proche ", ne cesse de répéter la liturgie de l'Avent. II faut donc, pour le recevoir dignement, lui faire une route, niveler les sentiers rocailleux. Que de portes fermées et de pistes bouchées, les hommes ont laissés s'amonceler entre Dieu et le monde ! C'est la souffrance du secret de chaque conscience.

Jean est le visage de l'Avent, de la mission prophétique d'Israël. Son rôle de précurseur annonce et présente la personne qui doit venir : l'Envoyé de l'Eternel. Son geste de purification par l'immersion dans l'eau s'inscrit dans le cadre des gestes prophétiques. Luc vient de nous dire avec précision dans quelles circonstances historiques il prononçait ces paroles pour la première fois comme pour nous persuader de l'authenticité de son récit. Comme Isaïe, il veut niveler le chemin qui conduit à Dieu.

Devant les duretés de la vie, souvent il est de bon ton d'être tragique. Le problème social et ses répercussions politiques, le problème économique et ses conséquences monétaires, l'évolution des avantages professionnels, la faillite des anciennes techniques pédagogiques; tout ce monde qui craque et nous jette dans l'inconnu. Il arrive que tout paraisse tellement fragile ou caduc que la peur s'insinue partout, trouble les êtres, provoque le doute religieux, constitue un obstacle certain à l'écoute de la Parole de Dieu. C'est dans ce tohu-bohu que retentit l'invitation de Jean Baptiste à aplanir le chemin du Seigneur.

Dans des circonstances analogues, intervient le prophète Baruch. Son annonce est remplie de tant d'espérance et de joie ! Baruch a prédit audacieusement la restauration de son peuple et de Jérusalem. Cette audace concerne ce temps de l'Avent où il nous est donné de tout espérer. Le Seigneur vient et Baruch le dit : " Dieu guidera Israël dans la joie, à la lumière de sa Gloire... Dieu a décidé que soient abaissées toutes les hautes montagnes et comblées les vallées pour aplanir la terre afin qu'Israël chemine en sécurité sous la Gloire de Dieu. " Le programme à vivre est le refus du désespoir. Le moyen de niveler les sentiers de Dieu est de croire, d'être persuadé qu'Il a décidé de s'en charger. Le premier geste à faire est d'être persuadé, de se détourner de soi-même et de se tourner vers Dieu, oser espérer, même contre toute vraisemblance. C' est le message de la suprême sagesse.

Paul rappelle cette sagesse dans sa lettre aux chrétiens de Philippes. Missionnaire infatigable, Paul est un homme d'oraison. I1 nous révèle même une nouvelle dimension de la prière. Elle sera ce souffle qui nous permet de faire une course pour aller au-devant du Seigneur. Prière instante et constante car notre vie est marquée par l'attente de cette venue suprême. Nous sommes " ceux qui se tendent avec amour vers l'Avent du Seigneur " (2 Tm 4,8). La prière apostolique est de plus éminemment pastorale. Elle n'oublie rien, ni personne. Elle se fait aussi grande que le monde, que l'Eglise, que le Christ. Elle est contemplative car elle se nourrit de ce qu'elle voit faire par l'Esprit au coeur de chaque personne et de chaque situation. Elle est ininterrompue : " jour et nuit, en tout temps ", dit saint Paul. Il s'agit d'un désir qui habite le coeur de l'apôtre, le désir du Royaume. Le désir, dit saint Augustin : " C'est le désir lui-même qui est la prière. " L'Avent est le temps de la rencontre du désir de Dieu et celui de l'homme.


Denis LUONG