L'annonce faite
à la communauté humaine

En quatre temps, l'Avent fait revivre le long chemin des espérances de toute la communauté humaine. Combien d'images, combien de visages nous ont été donnés pour nous apprendre à espérer. La Bible n'a pas fait des traités sur l'espérance. Elle nous fournit des noms. La Bible est le livre unique qui nous fournit autant de noms propres, depuis le début de l'histoire. L'espérance est la vie des hommes et des femmes de tous les temps. Elle peut alors nous apprendre à lire les événements de la vie jusqu'aux prises de conscience les plus intimes.

A Nazareth, la basilique de l'Annonciation abrite une petite maison en forme de grotte, reconnue comme le lieu de la rencontre de Marie avec l'Ange Gabriel. De ce coin perdu, de ce qui se passe dans le cœur d'une jeune fille, émane dans le monde entier depuis vingt siècles, le dialogue emblématique de toutes relations entre Dieu et les hommes.

Dieu vient à l'homme dans l'appel intime qu'il ressent comme une invitation, même une requête qui attend d'être agréée et à laquelle l'homme essaie de répondre. A l'Annonciation, tout est dans une ambiance de courtoisie, de profond respect de part et d'autre. Marie prend conscience d'une mission unique : donner sa lignée de sang au Fils de Dieu. Le " oui " de Marie est celui de l'humanité qui répond à l'appel de Dieu.

Marie voit un changement de vie qui lui est proposé, avec toutes les conséquences qui la dépassent. Tout sera nouveau selon le projet de Dieu à vivre selon les étapes perdues dans l'inconnu. Sa réponse la fait passer au-delà de la peur. Le dialogue qu'elle a eu avec l'Ange devient la prière de tous. " Je vous salue Marie pleine grâce… " " Que tout se passe pour moi selon ta parole. "

" Bonjour Marie, bien aimée de Dieu, tu es toute belle de la grâce divine… Bonjour, Mère de toute beauté de femme… " La prière de la communauté humaine ne fait pas mieux que de redire cette salutation à Marie. Le projet de Dieu pour toutes les femmes et tous les hommes, revêt la forme d'une immense couronne de Rosaire.

En suivant le chapelet, les étapes de l'Histoire de l'Intervention de Dieu dans l'Histoire, dans la vie de chacun, se déroulent et se réalisent en actualité du temps présent. Le Mystère Joyeux est le chemin de l'Annonciation à la Visitation, à la Naissance de Jésus, à sa Présentation et aux retrouvailles au Temple. Le mystère lumineux, inventé par Jean Paul II, qui raconte la personne de Jésus, son baptême, sa présence à Cana, son " Notre Père " et ses béatitudes. Le Mystère Douloureux suit Jésus dans son agonie à Gethsémani, dans sa flagellation, dans son couronnement d'épines, son portement de Croix et sa Mort cricifié. Le Mystère Glorieux fait vivre la Résurrection de Jésus, son Ascension au ciel, la Descente du Saint-Esprit au Cénacle et l'Assomption de Marie, couronnée Reine du ciel et de la terre.

Cet immense projet de Dieu pour l'humanité se réalise au rythme de la prière de chacun. Avec Marie, chacune des étapes se réalise dans notre vie présente. Nous nous arrêtons à la descente du Saint Esprit. Alors l'Esprit Saint est là en nous, comme à la Résurrection de Jésus, et au-delà de l'Annonciation faite à Marie. Nous vivons le Projet de Dieu dans son accomplissement.

La richesse du quatrième dimanche de l'Avent se résume dans tous les mouvements d'attente dans notre monde sur le visage de la jeune femme qui attend son enfant. Depuis qu'elle se sait porteuse d'un enfant qui sera le Fils du Très-Haut, elle n'a plus rien à dire. Marie sait que son enfant est le Saint de Dieu. L'espérance prend source de cette joie d'attente de Marie et fait partie de ce qu'elle ne sait pas encore : le visage de son enfant. C'est pour bientôt qu'elle va voir ce visage.

Il nous faut parfois souffrir de l'absence pour mieux saisir la présence quand elle est là devant nous. Dans l'évangile de St Jean, on peut chercher et on ne trouvera pas le nom " Marie ". St Jean ne parle que de "la mère du Seignuer".C'est comme si Marie s'était perdue dans le silence de la mère. D'ailleurs toute mère est silence. La vie qu'elle a portée, donnée, nourrie se détache de jour en jour plus loin d'elle.

Mère de Jésus, Toi qui attends en silence de voir le visage de ton Fils, apprends nous le silence de la vie intérieure, là où L'Eternel a promis d'écrire sa Loi pour que nous ne l'observions plus avec nos lèvres, mais là où ton Fils va le reconnaître comme le Royaume des cieux.

Denis LUONG