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2ème
dimanche C | ||
Isaïe 62,1-5 - 1Corinthiens 12,4-11 - Jean 2,1-11 | ||
Les noces de Cana | ||
14
Janvier 2007 | ||
C'est la première fois que St Jean parle d'elle sans l'appeler par son nom. Cette discrétion n'est-elle pas la mémoire personnelle du disciple à qui Jésus a confié sa mère ? Vivant si proche d'elle, il l'a appelée " la Mère du Seigneur. " La présence toute naturelle de Marie laisse entendre qu'elle doit connaître la famille et explique son attention au déroulement de la fête et les remarques qu'elle adresse à son fils. " Ils n'ont plus de vin " C'est aussi l'unique fois qu'il nous fait écouter les quelques mots de la mère du Seigneur parlant à son fils. Qu'on nous permette de rester d'abord dans ce cadre humain, ce contexte de relation de tous les jours avant de la voir tout de suite " Médiatrice ". Comme il est humain d'écouter ceux qui ont l'expérience
de père et de mère pour comprendre ce mot si simple de Marie ! A-t-elle
sollicité un miracle ou simplement, veut-elle juste faire part discrètement
de la situation embarrassante des garçons de service et des gens de la
famille? On a beaucoup discuté sur la réponse de Jésus à sa mère. André Chouraqui trouve que nous avons ici une locution littéralement traduite de l'hébreu et signifiant avec beaucoup de nuances : " Qu'en est-il pour moi et pour toi, femme ? " " Qu'est-ce que nous, toi et moi, pouvons faire ? " " Mon heure n'est pas venue. " Ce n'est pas le moment où je dois faire connaître qui je suis. La discrétion et la bienveillance de Marie qui cherche à rassurer les servants ont tout changé. " Faites tout ce qu'il vous dira. " Les paroles de Jésus sont brèves; il dit : " Remplissez d'eau ces jarres…Puisez maintenant.. " Aucune formule magique. En fins connaisseurs, on peut remarquer cette délicatesse de ne pas verser du vin nouveau dans les amphores déjà utilisées. Même contenu dans les jarres d'ablution, le vin n'est pas mélangé. Les convives ont fait savoir qu'il est meilleur et regrettent qu'il n'ait pas été servi en premier. St Jean termine son récit en soulignant que c'est le commencement des signes de Jésus. Il a manifesté qui il est. Il est venu pour " donner à ceux qui croient en lui de pouvoir devenir enfants de Dieu ". Ils ne seront pas nés du sang, ni d'un vouloir charnel. Les mystiques et les théologiens friands de signes et de symboles fouillent les Écritures, cherchent dans les prophéties les images du vin, de l'eau, de l'alliance pour echaffauder des visions du temps nouveau. " Par l'emploi de l'eau, l'Alliance est rétablie depuis son premier stade, celui de la création; par les jarres de l'institution juive, est maintenu le temps du premier Israël; par le bon vin est suggérée la nouveauté de la pleine communion des hommes en Dieu désormais offerte avec Jésus. " (Léon Dufour) Le ministère public du Christ débute par un signe. Le "premier des signes" est pourtant unique: il n'est pas accompli au profit d'une personne précise. Il n'est pas conditionné par la foi. Il n'est pas non plus provoqué par une détresse existentielle. Il est comme le don gratuit, inattendu pour le bonheur de l'amour de l'homme et de la femme. Nous retenons simplement qu'il y a dans notre vie " l'humanisation du divin " Ce n'est pas nouveau. Elle est faite quand le Verbe s'est fait chair. C'est la Parole qui vient d'ailleurs et qui coule dans notre langage. Elle rend possible aussi " la divination de l'humain. " La médiocrité de certaine vie peut devenir la merveilleuse dégustation d'un vin enivrant. Mieux encore, désormais la rencontre de l'homme et de la femme se vit comme un sacrement, le geste humain qui conduit l'homme, la femme, leur foyer à la vie en Dieu, comme Jésus présent aux noces de Cana. Le sacrement de mariage est la présence du Christ dans la vie de l'homme et de la femme qui ont choisi l'Evangile comme fondement de leur engagement d'amour. Denis LUONG | ||