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20èmedimancheC

 
 
r 38,4-6.8-10 - He 12,1-4 - Lc 12,49-53
 
     
 
Comme un feu dévorant
 
     
 

19 août 2007
 
     
 


Comme un feu dévorant.

Trois sentences, trois images dures et fortes de l'Evangile nous sont proposées : le feu, le baptême du sang ; les divisions des membres de la même famille. Ces paroles sont-elles du même auteur qui insiste pour que la paix et l'unité soient les signes de l'authenticité de sa mission. " Je vous laisse la paix, je vous donne ma paix. " Jean 14,27. 3 Moi en eux comme toi en moi, pour qu'ils parviennent à l'unité parfaite et qu'ainsi le monde puisse connaître que c'est toi qui m'as envoyé. « Jean 17,22 »

La paix figurait traditionnellement dans les oracles prophétiques comme la valeur suprême comprenant et résumant tous les bienfaits que devait apporter le Messie. Ce concept biblique aussi riche qu'imprécis renferme tout ce qu'on peut imaginer de plus beau : la parfaite harmonie de l'homme avec la nature, des hommes entre eux et avec Dieu.

Luc est celui des évangélistes qui nous a le plus fréquemment montré en Jésus ce Messie porteur de paix (à sept reprises il est seul à le faire). Comment peut-il ici lui faire dire le contraire'? On peut se rappeler qu'Israël fut souvent tenté de confondre cette paix, qui ne pouvait venir que du ciel, avec les vaines sécurités humaines et les fallacieuses assurances politiques: ainsi Jérémie dénonçait-il les faux prophètes : « Ils pansent la blessure de mon peuple à la légère en disant `Paix! Paix! alors qu'il n'y a point de paix! » (6, 14).

La paix de Dieu, celle que peut donner Jésus, n'est pas tranquille indifférence. Sa paix dérange, bouscule et nous sort de ces fausses paix aux visages multiples : l'indifférence, les compromis intéressés, l'absence du sens de l'autre.... et surtout la neutralité à son égard. Jésus est le "lieu" où il faut nous décider : "Qui n'est pas avec moi est contre moi" (Lc 11,13). C'est une décision personnelle, qui touche la conscience d'un chacun en son moi intime. Il arrive que, dans une même famille, le père accepte le Christ tandis que le fils le refuse, et inversement. Ainsi peuvent être opposées mère et fille, sur les valeurs de l'Evangile.

Jésus conteste ainsi une certaine image de paix d'arrangement. Il se présente au monde comme une force de scission, comme celui qui rompt avec des schémas de paix sociale fondée sur un désir de s'aimer à tout prix, sur le fait que l'on tolère tout compromis avec l'injustice ou le mensonge. Jésus entend dépasser une paix de pure surface, une paix imposée. Jésus parle de sa passion comme d'un baptême particulier (littéralement, être plongé dans). Baptême auquel nous devons participer, bien autrement que par une charmante cérémonie: "La coupe que je dois boire, vous la boirez, et le baptême dont je dois être baptisé, vous en serez baptisés", dira Jésus à Jacques et à Jean, plus désireux de belles places que d'avoir part à la passion du Christ (Mc 10,39).

La paix selon le Christ exige des choix précis devant Dieu, devant les hommes, devant les valeurs humaines et évangéliques. Elle s'appelle la promotion de l'homme, et avant tout de l'opprimé et du faible. Alors, Jésus devient un motif de scission : Celui qui le choisit est dévoré du feu de la justice, parce qu'il refuse de se compromettre avec l'oppresseur et avec l'injustice: il se fait combattant pour la paix. Choisir c'est lutter, c'est ne pas hésiter devant le baptême de feu et de sang.

Ce langage rappelle l'annonce de Jean baptiste : " Il vous baptisera dans l'Esprit et le feu. L'Esprit Saint opère comme le glaive, signe de séparation, de division des esprits, en mettant à nu les coeurs: l'Esprit confondra le monde en matière de péché, de justice, de jugement (Jn 16,8).

Jésus trahit son impatience: " Comme je voudrais que ce feu soit déjà allumé! Et comme il en coûte d'attendre que ce baptême soit accompli! L'heure, la grande, approche; elle est déjà là: celle de sa passion.
La nôtre aussi, celle d'une dérision qui ne souffre ni de oui mais, ni de remise à demain. Luc, en transcrivant ces trois paroles (qu'on appelle parfois l'évangile du glaive), pense aux déchirements douloureux des nouveaux convertis, rejetés par leurs familles et leurs compatriotes. Pour peu que nous vivions un christianisme vrai, il faut nous attendre à l'incompréhension, aux conflits, parfois avec nos plus proches.

C'est le cas de tous ceux qui sont appelés à témoigner de la présence de Dieu dans le monde. Jérémie est le type même de l'homme droit qui a fait un choix, qui a pris une responsabilité, et qui a le courage de ses opinions, même si elles lui attirent des ennuis. " Je me disais : je ne penserai plus à Dieu. Je ne parlerai plus en son nom…Alors, c'était en mon cœur comme un feu dévorant. "

Dieu est dans notre monde en la personne de Jésus de Nazareth. Pour être parmi nous, il doit être issu d'une lignée de sang, avoir une famille, une terre, une nation. La mission de Jésus est d'élargir l'identité de l'homme restreinte à ce que demande un état civil. Elle sera universelle, unie comme la vie en Dieu.

Denis LUONG



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