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26ème dimanche C

 
 
Amos 6,1…7 - Timothée 6,11-16 - Luc 16,19-31
 
     
 
L'indifférence
 
     
 
30 septembre 2007
 
     
 

L'indifférence.


Les invectives contre les "vautrés" sur des lits d'ivoire restent comme des paroles gênantes. L’invective est le genre littéraire qu'on n'utilise qu'avec réserve. Quel éditorialiste s'amuse-t-il à se mettre à la place de Dieu pour parler en son nom, en fustigeant les autres ? N'est pas prophète qui veut.

Mais au-delà des malédictions contre les riches, il y a une mise en demeure contre toute forme subtile d'exclusion. La richesse n'y est que le mobile. On peut remarquer que dans les textes d'Amos comme dans l'évangile, Dieu est absent. C'est le comportement d'indifférence qui domine. Le riche, en fait, n'a rien fait de mal. Il ne tue pas. Il n'invective personne. Il ignore simplement le monde qui l'entoure. Il n'a pas de relations. Les relations ne l'intéressent pas, surtout celles qui le bousculent, le dérangent. Il est anonyme. Dans l'évangile, il n'a pas de nom propre. Il est le riche.

Celui qui a laissé son nom à la postérité c'est celui qui aspire à avoir une relation, même humiliante. Il s'appelle Lazare. Il s'agit de ramasser les miettes tombées de la table du riche. Et son désir est comblé. A sa mort, les anges l'emportèrent au sein d'Abraham. Tandis qu'en cas pareil, pour le riche anonyme, il est écrit qu'on l'enterra. Il se trouve là où il s'est mis lui-même.

Son indifférence est une sorte de dé-création, une création à l'envers, un retour au chaos initial. Le grand abîme, au verset 26, est le tohu-bohu, le vide où il ne peut exister aucune relation. Nous pouvons mesurer l'écart entre l'état de chaos et la présence de celui qui est le Père des croyants, le Père de la Foi. Et quand la foi est un dialogue, l'homme qui croit est branché sur une relation qui va au-delà de toutes relations habituelles.

Au lieu de lancer des malédictions, notre époque préfère établir elle-même le constat d'échec. Quel gaspillage, quand on a tout pour être heureux, et qu’on a tout dilapidé pour rien, pour une autodestruction ! Dieu a mis dans la nature suffisamment de biens pour que chacun ait sa part, convenant à sa dignité d'homme, d'enfants de Dieu, et notre terre n'a pas su partager les dons de Dieu. Le bonheur pour tous n'est pas la priorité de nos projets. C'est ce gâchis qui fait la complainte des textes de ce dimanche.

La parabole du riche et du pauvre révèle la figure de Jésus comme le religieux, celui qui relie Dieu et les hommes, et les hommes entre eux. Il a un projet précis : " Que tous soient un. Comme toi, Père, tu es en moi et moi en toi, qu'eux aussi soient un en nous. Je leur ai donné la gloire que tu m'as donnée pour qu'ils soient un comme nous sommes un : moi en eux et toi en moi, pour qu'ils soient parfaitement un et que le monde sache que tu m'as envoyé et que je les ai aimés comme tu m'as aimé." Jean 17,21-23.
Comment vivre ce projet en des circonstances conflictuelles où chacun tient plus à ses idées fixes et uniques qu’à la présence de l'autre, sinon savoir reprendre comme sienne la piste que l'évêque d'Oran osait proposer à ceux-là mêmes qui ont voulu l'éliminer. " La foi est un dialogue", disait-il, et il l'a dit au prix de sa mort. La foi est le Don de Dieu, car aucun ne peut dialoguer si l'Autre ne lui tend la main. Ce don suppose un autre don qui vient de ceux qui l'ont reçu au paravant. Pour ce faire, " rencontrer l'autre et dire notre espérance."

Denis .LUONG.