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32ème
Dimanche ordinaire C
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Les livres de martyrs 7,1-2.9-14 - Thessaloniciens 2,16.3, 5 - Luc 20,27-38 | ||
La vie
de l'au-delà
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11
Nov.2007
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Nous luttons durant toute notre vie pour repousser les limites de
tout genre pour créer l'espace de notre vie. Il en est une,
fatale, devant laquelle aucune tentative de la refouler n'est possible.
Riches ou pauvres, puissants de ce monde ou hommes et femmes anonymes,
tous paraissent devant Dieu aussi dépouillés les uns
que les autres. C'est avec un dépouillement complet que l'on
quitte ce monde. On comprend que les hommes se révoltent, s'en
inquiètent. Comment concevoir la vie dans l'au-delà ? Comment comprendre que quelqu'un qui nous est cher, subitement nous quitte définitivement, sans nous dire un mot, ni avant, ni après. La vie de demain est-elle si fermée qu'on ne puisse plus échanger ce qui doit être merveilleux à connaître, surtout avec quelqu'un qui a tout partagé avec nous durant toute une vie. Les liens sacrés tissés ensemble durant une existence sont-il aussi éphémères ? Il ne faudrait pas être trop dur avec le sadducéen. La complexité de la question sur la femme aux sept époux nous dit plutôt son angoisse aux aspects multiples. Ce genre de question se trouve sous tous les ciels. L'homme est toujours intrigué par la vie de demain, et garde dans son secret mille questions insolubles. L'explication de Jésus est brève et nette. Il sait ce qu'il dit. Il est la Résurrection, la vie définitive en Dieu. Il y aura des liens plus forts que ceux que nous connaissons sur cette terre. Ils vont nous lier à la source de la vie où tous se reconnaissent comme fils et filles, héritiers de la Résurrection. Tous les liens que nous avons sur cette terre seront transfigurés dans ce monde de lumière où il n'y aura plus de fin. Dire comment est ce monde, équivaut à demander comment Dieu est. Nous comprenons maintenant le silence de tous ceux et celles qui nous ont quittés. Mais, sous d'autres ciels, il y a d'autres explications qui n'ont pas bénéficié de la révélation comme la Bible. L'histoire que vous allez entendre est donnée par un maître spirituel à son disciple, sans doute tourmenté par la même question que celle du sadducéen. Chaque détail de cette histoire est important. Il est l'élément qui pousse lentement le disciple à l'éveil au mystère de la vie. Il était une fois, une belle rivière se frayant un chemin au milieu des collines, des forêts et des champs. Au départ, une source dansante courant sur les pentes de la montagne, petit torrent joyeux, grandissant et ralentissant à l'approche des basses terres, et de l'océan. Elle apprit à se faire belle, serpentant gracieusement parmi les collines et les champs. Un jour, elle s'aperçut qu'elle contenait l'image des nuages de toutes couleurs, de toutes les formes. Alors, pendant des journées entières elle fut occupée à courir derrière les nuages. Elle voulait en posséder un, en avoir un pour elle toute seule. Mais les nuages gambadent dans le ciel à leur gré, changent de forme d'instant en instant. La rivière souffrait, comme une infidélité, de l'impermanence des nuages. Son plaisir, sa joie avaient été de les poursuivre l'un après l'autre. Mais, depuis que le vent s'est levé et avait nettoyé complètement le ciel, sa vie n'a plus eu de sens. La rivière voulut mourir. Mais comment une rivière pourrait-elle se suicider ? Cette nuit là, elle eut l'occasion de revenir à elle-même pour la première fois. Elle courait depuis si longtemps après quelque chose d'extérieur qu'elle ne s'était encore jamais regardée. Elle entendit ses propres pleurs, quand son eau frappait les berges. A l'écoute de sa propre voix, elle fit une très importante découverte. Elle s'aperçut qu'elle contenait déjà l'objet de sa recherche. Les nuages sont nés de l'eau et retournent à l'eau. C'est l'éveil : Elle comprit qu'elle-même était faite d'eau et que le ciel est plus grand que les nuages. Le ciel ne change pas : les nuages le lui cachaient momentanément. L'immensité du ciel était en son cœur depuis sa naissance même. A chaque lever du soleil, voyant le vaste azur, elle comprit que sa paix et sa stabilité était déjà là. La parabole révèle la pudeur de certaine sagesse qui préfère l'histoire de la rivière à l'étalage de l'histoire secrète des hommes. Mais elle dit bien, avec délicatesse, le drame de l'homme. C'est en revenant à soi-même, ne se laissant pas conditionner par l'extérieur, sauf par l'immensité du ciel, que l'homme découvre qu'il est unique parmi tant d'autres. Même l'univers infini ne peut l'aliéner. Et c'est à Jésus de conclure pour nous : Ils sont semblables aux anges, ils sont fils et filles de Dieu, en étant héritiers de la Résurrection. Nous pouvons apprécier, comme dans la lettre de St Paul aux Thessaloniciens, l'apport de l'Évangile à notre monde Denis LUONG | ||