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4ème dimanche C
 
 
Jérémie 1,4-5.17-19 - Corinthiens 12,31-13,13 Luc 4,21-30
 
   
 

Dieu seul est humain. Son Verbe s'est fait chair
 
   
 
28 janvier 2007
 
   
 

Dieu seul est humain. Son Verbe s'est fait chair

Dans ce qui est humain, il y a du divin, dans ce qui est profane, il y a du sacré. Quand on fait connaître cette vision du Verbe de Dieu qui s'est fait chair, on annonce la Bonne Nouvelle pour la vie de tous. La Bible et l'Evangile sont tissés de combien de vécus profanes de l'homme.

Le récit de la vie de Jérémie semble faire de son rôle de prophète, un insupportable trouble-fête. Comment expliquer la conviction qu'il a eue de l'appel aperçu avant même d'être conçu dans le sein de sa mère ? Comment dire sa conviction que Dieu est avec lui pour qu'il soit seul contre tous ? Être le porte-parole de Dieu, lutter pour la réussite de Dieu et avouer qu'il n'a pas choisi son métier de prophète, comment le comprendre ? Le prophète est l'homme de la parole, l'éditorialiste, qui, témoin des événements, synthétise ce qu'il a vu en une vision qui fait connaître le projet de Dieu.

Tous les prophètes encourent le risque de grave incompréhension de la foule. Sont-ils des illuminés, des fous de Dieu ? St Luc a pris beaucoup de soins et de précautions pour présenter Jésus. Il bloque plusieurs fréquentations de Jésus à la synagogue en un seul événement, en un seul jour. C'est l'ouverture de la mission de Jésus. Tout a été présenté en un seul aperçu avec l'énoncé des thèmes qu'il va développer, enseigner à ses disciples et à la foule.

Jésus est plus que le porte-parole de Dieu. Il est sa Parole. Comment " le fils de Joseph " peut-il se présenter ainsi à tous, à ceux qui le connaissent ou à ceux qui ne le connaissent pas ? On sait comment il réagit aux réactions de ses familiers blasés, le côtoyant tous les jours. " Qui est ma mère ? Qui est mon frère, qui est ma sœur ? " Les liens qui le relient à la famille humaine passe par la relation avec Dieu, le Père de tous. Jésus ne banalise pas les impertinences familières comme des réactions incontournables. Il les évangélise.

Qu'on soit le fils, le frère, la sœur, le voisin, le prochain de quelqu'un, ces relations ne sont jamais banales. Jésus initie les hommes au mystère des relations, à leur propre mystère et les aide à le dire comme il l'a fait lui-même. Nous ne savons jamais le tout d'un être, même du plus aimé, surtout du plus aimé. Il y a un mystère au cœur de tout amour comme de tout rapport humain.

Quand les autres perdent à nos yeux leur mystère, c'est que nous-mêmes avons perdu le nôtre. Le véritable amour se vit comme un mystère silencieux auquel on participe par un approfondissement de sa propre vie, une confiance que l'on mérite, non en raison de ce qu'on fait, mais de ce qu'on est. Le blocage dans les relations se situe souvent au niveau des idées.


Chacun a ses idées fixes. On ne les abandonne pas si facilement. Jésus ne propose pas d'abord des idées, ni une doctrine. Il se présente lui-même comme sujet de relation. Il est Fils de Dieu. Son enseignement est le comportement du Fils face à son Père. Il montre comment on se comporte devant son Père, en suivant les différents niveaux de pensée sémitique. Que les disciples de ce Fils soient seulement fils, et c'est déjà beaucoup ! Tout autre titre serait déplacé.

Au départ, il y a la réalité, ce qui est réel, concret, appelé " le simple ". " Le simple " évoque une image, une parabole, c'est " l'allusif ". A partir de l'allusion du simple, on explique. C'est " l'explicatif " qui conduit au " secret " de la réalité. Ce sont les quatre niveaux du sens : Le Simple (Peshat), l'Allusif ( Remez), l'Explicatif ( Drach), le Secret (Sod). Cette logique hébraïque, nous la trouvons comme la logique des enseignements de Jésus. Du concret de la vie, il nous conduit au mystère des choses, des hommes, de Dieu. Le mystère inspire le respect, le désir de connaître, le sens de l'immensité. C'est l'espace où il n'y a pas de porte, ni de limite, mais des étapes à franchir. On entre dans le mystère non pas par définition, mais par affinité. " Bienheureux les cœurs purs, dit-il, ils verront Dieu. " On comprend l'autre par la rencontre qui aboutit à la connaissance. On est alors comme né ensemble dans les réalités de la vie.
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La lettre de St Paul aux Corinthiens nous propose une réalité sublime de la vie humaine. L'amour dépasse l'amour, défie tout, même l'usure du temps, l'usure de nos humeurs. Il tient le secret de la réussite dans la vie. On sait que Corinthe était le puissant carrefour hellénique du Moyen-Orient. Comme tous les ports du monde, c'était le lieu de brassage des peuples, des cultures, où la rencontre durait le temps de l'ancrage. On se rencontrait hâtivement, sans lendemain. C'est à cet environnement où vivait une communauté de chrétiens. Paul leur a envoyé cette missive d'amour. L'amour passe l'amour, défie tout, même l'usure du temps, l'usure de nos humeurs. On se demande comment un auteur de vingt siècles de différence avec le nôtre est arrivé à écrire une telle page sur l'amour. La raison, l'auteur nous l'a dite, c'est à cause de cet homme nommé Jésus. C'est sa façon de vivre notre vie humaine qui est l'inspiration de cette page.

Depuis, une nouvelle civilisation a été fondée. " Je est l'autre ". L'autre existe, connu, respecté, aimé tel qu'il est dans sa manière d'être, son rythme de penser. Ici, l'amour est l'éternelle présence de l'autre. On comprend pourquoi ce poème de l'amour a séduit les jeunes qui se préparent au sacrement de leur mariage. Ils disent souvent qu'ils ne sont pas très croyants, mais ils se retrouvent ensemble dans ce que dit St Paul. La mission de Jésus est accomplie. Grâce à lui, en aimant un homme, une femme, ( c'est ce que nous pouvons faire), nous entrons dans le mystère de Dieu, (ce que nous ne pouvons pas faire par nous-mêmes).

Denis LUONG