Dimanche des Rameaux

Dimanche des Rameaux

La Passion entre lentement imperceptiblement dans la vie du Christ. Le drame débute avec une énorme ambiguïté. La foule l'acclame, arrache des feuilles de rameaux, étend les manteaux sur le chemin pour l'accueillir. C'est une manifestation aussi spontanée que versatile. Ce sera la même foule qui criera:" Qu'on le crucifie." " " Foule abrutie de simplisme et de méchanceté. Foule qui rend bête, foule qui hurle, foule des slogans haineux et des fureurs qui se croient sacrées. Foule de lynchage, attirée par le sang. Foule des bonnes consciences qui tendent les poings vengeurs vers les fourgons cellulaires. Foule qui rend la justice, à sa manière, par des vociférations, des sarcasmes et de la lâcheté. "

Et l'ambiguïté tue. Les gens le disent eux-mêmes: Ils attendaient beaucoup de lui pour réaliser leurs rêves à leur façon et les voilà déçus, entraînés dans des aventures de violence et de haine. Cette fois-ci, dans la foule agglutinée aux portes du malheur, un homme libre se dresse. Si nous nous donnons un peu de temps pour suivre Jésus jusqu'au bout, c'est dans sa personne que nous trouverons la lumière sur Dieu, sur nous-mêmes, sur les problèmes de ce monde, sur nos problèmes.

Il nous fera voir que Dieu n'est pas un Dieu de vengeance qui exige la mort de son fils pour payer la rançon, pour calmer sa colère. Le Dieu qu'il nous fait voir c'est le Dieu qui respecte l'homme tel qu'il l'a créé. Les dérapages dans la vie de l'homme, ce sont les signes de sa liberté. L'ensemble des dérapages de toute une humanité engendre des réseaux et des noeuds qui font la trames de la condition humaine. Le mal est la pollution morale engendrée par la méchanceté la barbarie de l'homme.

Jésus, qui a pris notre condition, entend en assumer jusqu'au bout les conséquences comme signe de son amour. Sa passion, sa mort, sa résurrection font que cette semaine est une semaine sainte car il nous amène avec lui vers le sommet d'une vie humaine où tout est transparent devant la présence de Dieu. Il a refusé toute ambiguïté, tout compromis pour ne laisser réaliser que la volonté du Père.

Comme le petit peuple, victime de l'engrenage des violences de la géopolitique, Jésus n'a pas pris la fuite. Il tient à rester dans la ville sainte, Jérusalem qui a l'habitude de tuer les prophètes et n'a pas ménagé ses violences à celui qui se présente comme Fils de Dieu. On va tester s'il est vraiment la Vie des hommes. Le test de sa vie divine, c'est l'acceptation de la mort comme le signe du plus grand amour. Les gens estiment qu'Il s'échappera, s'il est Fils de Dieu.

Il n'échappera pas à l'engrenage de la condition humaine, signe de la force de l'amour. Désormais les plus persécutés, les plus méprisés de la vie trouvent en Lui le sens de la vie.

Denis LUONG