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NOËL 2006
 
 
Isaïe 9,1-6 - Tite 2,11-14 - Luc 2,1-14
 
   
 
NOËL, naître, engendrer
 
   
 
25 décembre 2006
 
   
 



Noël, Engendrer, Naître.


En cette nuit de Noël, une grande invitation est donnée à toute la communauté humaine à entrer dans le Grand Mystère qui rayonne sur le monde entier depuis plusieurs semaines. Partout, nos rues, nos villes sont illuminées. La venue de Dieu dans notre monde en un nouveau né donne la Joie qui répond à toutes les aspirations de l'homme. L'enfant est attendu avec joie dans toutes les cultures.

Le récit de l'évangile de Saint Luc nous émerveille. Tout ce qu'il raconte n'est que luminosité, fluidité et avec quelle fraîcheur d'inspiration. On ne sait si les parents, spécialement les mamans qui aiment leurs enfants pourraient leur raconter la naissance de chacun avec autant de mémoire. Qui donc a pu raconter ainsi ces souvenirs sinon la Mère du nouveau né ? St Luc a rédigé cette mémoire fascinante, mémoire méditée dans le coeur de la mère qui a tout retenu dans son coeur.

Pour ce moment, l'heure était tout autrement dramatique. La puissance de Rome pesait lourd sur cette terre de Palestine. Notre temps sait bien ce qui se passe en Palestine aujourd'hui. Il est frappant le contraste que l'évangile évoque dès le début du récit, entre la capitale du monde où règne César et la cité de David où naît Jésus, entre le palais posé avec orgueil sur le Palatin au dessus de Rome et ce "trou sous terre" qu'est la grotte de la Nativité. Ce contraste est le décor pour nous introduire aux merveilles de Dieu.

Le grand Mystère que nous vivons à Noël proclame l'enfant de Bethléem comme Parole créatrice, Verbe de Dieu. Plus qu'un simple son vocal, le verbe est le mot qui donne le sens à la phrase construite. Le Verbe est le mot en action. Je vois, j'écoute, je comprends. Les verbes " voir, écouter, comprendre " ont mis le "Je" en action, en vie.

Au moment où rien n'existe encore, le Verbe est pour nous comme le Frémissement du Mystère de Dieu. C'est la Parole qui va en s'amplifiant dans le désert de notre monde pour nous faire vibrer de la présence de Dieu. Tout est caché dans l'enfant comme le verbe à mettre dans la phrase. Et la Parole se fait entendre à ceux qui ont le désert dans leur coeur, une phrase à finir. Chacun peut s'apercevoir qu'il y a une voix qui parle à l'intérieur de soi, même à celui d'un enfant.

La Parole, en hébreu se dit " Davar ". Et le désert, Midvar, le lieu " hors de la parole ", le désert, le lieu sauvage, sans vie qui attend une parole. Par la parole qui crie, le désert va de la voix au réel. Le désert est le vide à partir duquel Dieu appelle à la vie tout ce qui existe dans l'univers. Il dit : " que la lumière soit, et la lumière fut. "

Noël, c'est l'histoire de cette Parole créatrice qui se fait Enfant, le " non-parlant ", in-fans, la Parole qui ne fait pas de bruit. Née d'une mère que l'Esprit de Dieu a couverte de son ombre, elle fait fleurir le désert. Avez-vous entendu autour de vous le gémissement des déserts? Désert d'absence de culture, humaine, religieuse, désert de mémoire où l'homme n'a aucun repère pour savoir d'où il vient, ni où il va. Il se croit comme une évidence, celui qui est venu de nulle part. Le plus impertinent voit même l'évidence comme la nausée.

" Et pourtant, rien de ce qui existe ne s'est fait sans le Verbe de Dieu. " Et lorsque le Nom, Béni-Soit-Il, voulut créer le monde, il n'y avait pas de place pour le créer, car le tout était infini, tout ne peut être que Dieu. De ce fait, le Seigneur contracta (Tsimtsèm) la "lumière" sur les côtés. Et par l'intermédiaire de ce retrait (Tsimtsoum) se forma un "espace vide" (Hallal hapanoui). Et à l'intérieur de cet "espace vide" sont venus à l'existence, le temps et l'espace qui constituent l'essentiel de la création du monde - ainsi qu'il est mentionné au début du livre de la Genèse en son début. "*Le livre Brûlé

Cet " espace vide" était nécessaire existentiellement pour permettre à toutes choses d'exister sans être Dieu. Sans cet "espace vide", il n'y aurait eu aucune place pour la création du monde comme on vient de le dire. Dieu laisse ainsi, à nous, au monde, la grâce d'exister, si pleinement qu'il semble absent. Par la Parole qui est à l'origine de tout et qui exprime la pensée, le désir, le projet de Dieu, le vrai visage de l'homme apparaît. Il a les traits de la Parole de Dieu. Désormais, par la Parole de Dieu qui s'est faite chair en Jésus, nous pouvons entrer en communion avec le Dieu qui se retire en lui-même, inaccessible, imprononçable. Le Dieu trois fois saint du Premier Testament se laisse rencontrer à travers la chair de la femme qui a donné à son Verbe sa lignée de sang.

Avec ce Nouveu Né, toute naissance est un commencement de recontre. Naître, c'est laisser venir de la nouveauté, de la gratuité. C'est introduire du neuf, c'est faire advenir ce qui n'était pas encore. L'univers existe avant nous, mais venir au monde fait venir de l'inédit dans le monde.

Naître, n'est plus une condamnation à mort, ni une réalité à vomir. Naître, est le don du Béni-Soit-il, en cadeau de tout son univers. Il faut créer beaucoup de vide en soi pour naître au don de Dieu. Et rien n'est plus proche de l'absolu qu'un amour en train de naître.

D.L.