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La
Sainte Famille 2006 | ||
Genèse
15,1...21;3 - Hébreux 11,8-19 - Luc 2,22-40 | ||
Joseph Marie Jésus | ||
31
décembre 2006 | ||
Joseph, Marie, Jésus C'est tout naturel de célébrer en famille Noël et les festivités du nouvel an. Aussi, la liturgie consacre-t-elle ce dernier dimanche de l'année qui s'achève comme la journée de la Sainte Famille. Saint Matthieu nous montre simplement la famille dont Jésus nouveau-né a tout reçu, celle qui lui a donné une éducation humaine. Cette famille, c'est Joseph, Marie, Jésus. On ne les voit pas parler beaucoup entre eux. Les évangiles n'ont retenu que deux fois où Marie a parlé à son enfant. De même, Jésus ne s'est adressé que deux fois brièvement à sa mère en l'appelant d'une façon vraiment insolite :" femme". On peut dire que c'est cela la famille dans la Bible. On se parle peu entre homme et femme. Nous pouvons chercher longtemps pour trouver un mari qui parle amoureusement à sa femme. Tout ce que l'homme aurait dû dire à sa femme, et la femme à son mari, Dieu l'a pris comme son propre langage pour s'adresser à son peuple. Le langage amoureux de l'homme et de la femme est devenu ici les paroles de prière et de louange. C'est le dialogue perpétuel de Dieu avec son peuple et de son peuple avec Dieu. "Je te fiancerai à moi pour toujours, par tendresse, par amour." Os.2,21. "Je t'aime d'un amour éternel, aussi t'ai-je étendu ma faveur."Jér.31,3. "Seigneur, ton amour m'est plus précieux que la vie."Ps.24,4 "Seigneur tu m'as restauré avec des gâteaux de raisin, et je suis malade d'amour."Cant.2,5.Dès l'aube, je Te cherche, ma chair languit auprès de Toi. Mais ici, même ces mots d'amour ne sont pas aussi forts pour parler de ce qui s'est passé entre Joseph et Marie. Le silence de Joseph, de Marie, et de Jésus nous apprend mieux encore ce que peut être la famille que Dieu attend. Ici, chacun dit "moi" dans l'autre: Joseph dans Marie, Marie dans Jésus, et Jésus dans "son Père". Le "Je" pronom personnel de chacun est l'autre. Et l'autre ultime des trois c'est cet Enfant Dieu qui va nous dire un jour :" Croyez-moi ! Je suis dans le Père et le Père est en moi." La famille est le lieu de l'intériorité, et du dépassement. C'est le lieu où Dieu se révèle et parle. Car c'est aussi le lieu où nous conjuguons tout au long de la vie à tous les moments, les verbes les plus forts de la vie humaine. Naître. Aimer. Engendrer. Vivre. Se nourrir. Elever. Eduquer c'est à dire Transmettre et recevoir la Mémoire de la vie. Servir. Etre ensemble devant la solitude de la vie. Mourir. C'est en vivant à fond tous ces verbes que l'homme rencontre Dieu écoute Dieu qui parle à travers ces vécus humains. Il est impossible de rencontrer Dieu si l'on ne se rencontre pas encore en famille. Le non-sens de Dieu n'est-il pas d'abord le non-sens de la relation humaine ou l'incapacité de penser à l'autre, de penser l'autre. Car c'est dans les vécus profonds de l'homme que Dieu trouve des images pour parler du mystère de la vie en Dieu. Dieu est Père. Dieu est Fils .Dieu est Relation Père Fils, intérieur profond comme le souffle ou l'Esprit. La famille biblique est ainsi le lieu éminent où les enfants peuvent forger leur personnalité. Ils n'ont pas à revendiquer leur autonomie. Elle est donnée. Car c'est pour eux que la Bible est écrite. "Donne-moi des fils, sinon je suis morte, moi, disait Rachel à son mari. La famille c'est le foyer, comme le mot a si bien dit, le lieu où rayonne la chaleur, où l'on est heureux de rentrer le soir venu. Quoi d'étonnant si l'on sent la froideur à son intérieur, autour de soi, quand on a perdu de mémoire de ce qu'est un foyer humain ? La psychanalyse moderne essaie de retrouver la chaleur perdue, essentielle à l'homme pour retrouver son équilibre. Elle a touché à la blessure. Mais le vrai père, la mère véritable, le fils "comme on attendait" ne s'inventent pas. Et on tourne ainsi en un cercle vicieux ne pouvant pas débarrasser le visage encombrant de l'autre qui n'est pas autre chose que la réplique de son moi perturbé. La Bonne Nouvelle c'est que Dieu est devenu Fils. C'est Lui qui sauve le père et la mère, plus conscients de leur mission, capables maintenant de donner des enfants qui peuvent envisager, eux aussi à leur tour, que la vie reçue, c'est pour la donner aux autres. D.L. | ||