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   Une journée ordinaire  
     
   Germinal 121, avril 2001  
   

Le matin vous cueille tout désabusé, vide, échoué, sans passion : plus de son, plus d'image. Pourtant, il faut bien réparer, la journée doit commencer. A-t-on besoin du bonheur qu'on n'a pas : la guerre, la famine, la maladie, le divorce, le chômage, la fièvre aphteuse, les Talibans, et les impôts : c'est énorme et ce n'est pas cela, le bonheur, mais c'est un coup de pied qu'on balance à une mécanique en panne pour qu'elle reparte, et c'est utile.
La vie recommence à grincer, le cœur s'échauffe et patatras ! C'est un coin de ciel bleu, brusquement familier, avec ses toits, ses antennes, ou une coulée de soleil sur un mur blanc, ou n'importe quoi d'autre… Le monde est imprégné de ces souvenirs d'enfance, on y tombe comme dans un piège, et quand on en revient, par contraste, tout est triste et tout est laid. Pas de chance, juste au moment où la vie paraissait plus facile…

Bon, on se dit qu'on est chrétien, cela devrait faire toute la différence ! Oui, mais voilà, dans une eau trouble, le ciel se reflète trop mal : on cherche, on fouille, on n'y voit pas. Et la journée se poursuit, raisonnablement heureuse, comme un fragile équilibre entre angoisses et nostalgies.
Je crois qu'il y a en chacun de nous capacité ou incapacité au bonheur, comme à courir vite ou à chanter juste. Une inclination, un instinct, un talent naturel à bien attraper sa vie, quelle qu'elle soit, qu'on l'ait choisie ou non, sans s'y piquer les doigts comme à un cactus, définiraient mieux le bonheur qu'un quelconque idéal, tellement improbable.
Pour ceux qui n'auraient pas cette disposition heureuse, il peuvent toujours faire des efforts, on doit tout pouvoir apprendre. Et puis, il nous reste quand même de belles mélancolies, de ces grands "soleils noirs" auxquels on pourra encore se chauffer.

Anne TAUVEL

 
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