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   Le bonheur : mode d'emploi  
     
   Germinal 121, avril 2001  
   

Peut-on vraiment faire l'expérience du bonheur sur terre ? Oui sans aucun doute, mais à condition d'en connaître le " mode d'emploi ".
Tout d'abord il faut être lucide : le bonheur en ce monde n'est pas un état durable. Le bonheur se conjugue au présent et tout comme le présent (qui en toute rigueur a une durée nulle), il ne fait que passer. Car la vie est une alternance d'instants de bonheur et de phases moins agréables, où l'on rencontre l'épreuve et la souffrance.
Je pense même que les temps d'épreuve ou de souffrance sont certainement plus longs dans la vie que les moments où l'on se sent bien ; mais avec l'âge, et c'est heureux, on a plutôt tendance à " positiver " sa vie et les proportions s'inversent dans la mémoire. Le souvenir des mauvaises périodes s'estompe au profit des moments agréables, pour donner en finale, un bilan globalement positif, selon l'expression désormais consacrée.
Par ailleurs, le bonheur est une " denrée " qui se partage : il a une dimension collective et suppose une relation avec les autres. Je ne pense pas qu'on puisse être vraiment heureux, tout seul sur une ile déserte, fût-elle " paradisiaque ", en se contentant de se taper sur le ventre. Lorsqu'on est heureux, on est comme sous une certaine pression intérieure ; on a besoin de s'exprimer, de communiquer sa joie et de voir cette joie se refléter sur un autre. De la même manière que lorsqu'on souffre, on a besoin de la compassion des autres, même si parfois on peut préférer souffrir en silence.
Enfin, le bonheur n'est pas gratuit ; il ne tombe pas du ciel, il se gagne. Je n'irai pas jusqu'à nier que si on a la chance d'être en bonne santé et qu'on touche le gros lot, on accède quand même à une certaine forme de bonheur. Mais le vrai bonheur est toujours pour moi le " salaire " d'un effort, d'une oeuvre, d'un accomplissement.

C'est le sommet de la pyramide de Maslow, qui dit qu'un individu, après avoir assuré ses besoins physiologiques (manger, dormir), tente de satisfaire ses besoins psychologiques dans un certain ordre, en terminant par le besoin de s'accomplir, de s'épanouir, de créer.
Je pense que si l'on accepte cette façon de voir les choses, on peut savourer pleinement son bonheur, celui que le père Teilhard de Chardin qualifiait de bonheur de croissance, celui de l'alpiniste, qui parvient au sommet de la montagne, après avoir sué sang et eau, pour contempler enfin le monde à ses pieds.
Nous tendons tous à terme vers un sommet et nous en connaissons le chemin. Mais pendant l'ascension, nous avons un devoir : indiquer ce chemin du sommet à ceux qui nous entourent et les aider à progresser dans leur ascension, qu'ils fassent partie de notre cordée ou d'une autre.
En un mot nous avons, nous chrétiens, vocation à être des premiers de cordée et la joie ne peut pas être complète au sommet, si on a perdu
quelqu'un en route.
Mais cela ne nous interdit pas de marquer une pause de temps à autre dans cette longue ascension, pour contempler le paysage et savourer un instant de bonheur.

Daniel DESORMIERE

 
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