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Le bonheur est comme un ciel de printemps : chaud, lumineux, d'un
bleu très doux, et soudain parsemé de nuages. Blancs et
légers, ils ne font que passer, en laissant peu de traces. Noirs
et chargés d'orage, ils inondent la terre et sèment l'inquiétude.
Ainsi en va-t-il de nos vies. Le bonheur ? On le sent à peine
quand il est là. Tout va bien. On aime, on est aimé ;
on reçoit et on donne ; on a suffisamment d'argent pour vivre
correctement et s'offrir quelques petits plaisirs. Pas de soucis de
santé.
Que souhaiter de plus ? Il faut parfois un gros "pépin"
ou un malheur positif pour se rendre compte qu'on était heureux,
mais que le bonheur n'est ni un dû, ni un bien permanent et durable.
Il est alors nécessaire de "relire sa vie", pour se
situer correctement, et reconnaître les bienfaits que nous avons
reçus de Dieu.
Il est normal de chercher le bonheur. Mais nous, chrétiens, savons
qu'il ne peut être parfait en ce monde. Ainsi disons-nous chaque
dimanche, après le Notre Père : "Délivre-nous
de tout mal, Seigneur, et donne la paix à notre temps. Libère-nous
du péché, rassure-nous devant les épreuves, en
cette vie où nous espérons le bonheur que tu promets,
et l'avènement de Notre Seigneur Jésus-Christ".
Les psaumes qui chantent la gloire de Dieu chantent en même temps
notre bonheur de le connaître et d'attendre de lui notre salut.
Quand nous rendons grâce à Dieu, c'est bien que nous connaissons
le bonheur, malgré le péché, et toutes sortes de
difficultés. Si les béatitudes énoncées
par Jésus nous surprennent, et même parfois nous choquent,
elles nous donnent la clé pour parvenir au Salut éternel,
et ces clés se situent dans notre vie actuelle, dans nos actions
quotidiennes : pauvreté du cœur, douceur, justice, miséricorde…
"Réjouissez-vous, dit-il, Soyez dans l'allégresse
!"
Oui, le bonheur se mérite. Il se fonde sur des grâces et
des événements qui nous sont donnés, mais aussi
de tout ce que nous sortons de nous-mêmes. Comme le dit Saint
Paul de la charité, le bonheur est fait de ce que nous partageons
avec les autres. Il est fait de patience, de générosité,
de pardon, de don de soi, d'accueil, de douceur.
Cela commence, bien sûr, dans la famille et, si c'est là
le plus facile, il se peut aussi, hélas, que ce soit le plus
difficile, et le plus douloureusement ressenti. Que de bonheurs conjugaux
détruits, d'enfants déracinés, de personnes âgées
oubliées…
Et par contre, que de joie quand on s'aime et qu'on s'entraide, qu'on
sacrifie quelques plaisirs personnels à l'amour et à l'éducation
des enfants ou au bien-être d'un grand-parent ! Une confidence
reçue, un lien renoué, une maladie ou une solitude adoucies,
font que notre cœur qui se donne reçoit en échange un
grand bonheur.
Au-delà de notre famille, notre cercle s'étend, bien sûr,
à la vie professionnelle, associative, ecclésiale. Les
membres de ma Communauté Evangélique, qui ont réfléchi
à ce thème du bonheur et de l'espérance, ont cité
de nombreux exemples concrets. Je n'en rapporterai qu'un, qui, sur le
moment, m'a un peu surprise, car je n'y avais pas pensé avant.
Cette amie disait qu'elle avait apprécié avec émotion
l'expression de la repentance par la hiérarchie de l'Eglise de
ses fautes passées. Cet aveu a été pour elle une
joie, car elle a senti là une Eglise humaine, faillible, certes,
mais toujours en recherche de justice et de vérité.
Si toutes les autorités politiques avaient cette même préoccupation,
peut-être serait-on plus heureux, en ce monde déjà,
et dans l'autre pour l'Eternité ?
Monique BENOIT
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