Suite à l'incitation donnée dans le précédent
Germinal, j'ai relu dans son ensemble la déclaration, et remarqué
ce qui y est dit concernant le dialogue interreligieux.
Citons d'abord trois passages :
- " [..] la tâche ecclésiale d'annoncer Jésus-Christ,
" chemin, vérité et vie " (cf. Jn 14.5) emprunte
aujourd'hui encore la voie du dialogue interreligieux qui ne remplace
certainement pas la mission "ad gentes" mais l'accompagne
plutôt, à cause de ce " mystère d'unité
" dont " découle que tous ceux et celles qui sont sauvés
participent, bien que différemment, au même mystère
de salut en Jésus-Christ par son Esprit. ". " (§2,
page 6, en bas)
- " [..] la "modalité" de la transmission aux
non-chrétiens de la grâce salvifique ; [..] Dieu la donne
" par des voies connues de lui " " (§21, page 32)
- " La "parité", condition du dialogue, signifie
égale dignité personnelle des parties, non pas égalité
des doctrines et encore moins égalité entre Jésus-Christ
-Dieu lui-même fait homme- et les fondateurs des autres religions.
" (§22, page 34)
Nous sommes tous concernés par ces orientations. Je pense, pour
ma part, que la notion de dialogue interreligieux n'est pas limitée
aux seules rencontres entre représentants hiérarchiques
d'Eglises, mais s'étend, hors de ce qui est interne à
notre Eglise, à l'aspect religieux de tous nos échanges
dans la vie.
Dans ce sens, j'adhère complètement à la notion
de "parité" entre les interlocuteurs dialoguants lorsqu'ils
abordent leur propre pensée (hors des situations où interviennent
des effets médiatiques).
Mais ceci n'est pas courant dans notre culture française, où,
bons Colbertistes, nous recherchons instinctivement, non le simple dialogue,
mais la discussion, menant à un accord, un consensus, et une
expression de conclusion commune, source de développements d'actions
rassemblant les groupes ainsi formés.
Cette dernière situation n'est pas le dialogue, car dans celui-ci
chacun, paritairement, ne fait que développer ce qu'il amène
pour éclairer réellement l'autre interlocuteur, sur ce
qu'il ressent lui-même, du mieux qu'il peut, dans ses conditions
propres.
Ce que nous disons de notre foi ne peut en n'être qu'images partielles.
Elle-même nous est donnée par le Seigneur, et a ainsi une
part de nature divine, surnaturelle. Ce que nous pouvons en dire, et
nous devons réellement le dire, car cela se rattache à
la mission de l'Eglise, ne se peut qu'en langage humain, de nature humaine,
ne pouvant en évoquer que des images ne la contenant pas pleinement,
car elle a une part surnaturelle. Mais, même si ce ne sont que
des images, le fait de les échanger n'est pas sans portée,
réellement, car leur objet est la vérité, que le
Seigneur sait communiquer par les voies qu'il connaît. Nous sommes
ainsi appelés à y participer dans notre petite mesure.
Maurice BOMMIER
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