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   "Guerre ou paix entre les 3 religions monothéistes"  
     
   Germinal 121, avril 2001  
   
Exposé de M Lambert, professeur de religions et chercheur au CNRS, au théâtre de La Piscine le 28 février 2001. L'assistance assez nombreuse montre l'intérêt suscité par un tel sujet.

Ceci est le compte rendu succinct d'une conférence qui propose un point de vue anthropologique sur les religions monothéistes dont l'exactitude n'est pas démontrée ou reconnue. Les arguments développés donnent toutefois un éclairage intéressant sur les racines profondes de ces religions et sur leurs liens.

Définition du mot " monothéiste " et conséquences

D'après le conférencier, le terme de monothéiste ne veut pas dire un Dieu unique, mais un Dieu exclusif de tout autre. Ce point explique les conflits et les intolérances qui existent entre les religions monothéistes, chacune devant combattre les autres pour faire triompher son Dieu (croisades). A ces conflits fondamentaux " externes " s'ajoutent des conflits " internes" liés à des points de vue différents, à l'intérieur de chaque religion, sur certains dogmes. Les conflits externes sont donc, hélas, irréductibles, du moins tant que le mot monothéiste aura le sens indiqué, mais les internes devraient s'estomper si les théologiens le souhaitaient vraiment. C'est le travail œcuménique actuellement en cours.

Influence des religions Indo-Européennes primitives sur les religions monothéistes

Les 3 religions monothéistes : le Judaïsme, le Christianisme et l'Islam ont vu le jour au Moyen-Orient au sein de communautés sémitiques, c'est à dire non Indo-Européennes, mais la mise par écrit de ces religions a été réalisée dans des pays Indo-Européens plusieurs décennies voire plusieurs siècles après leur conception orale. Cette formulation écrite a subi l'influence des croyances Indo-Européennes antérieures fondées sur 3 grandes fonctions : un principe de souveraineté et de droit, la croyance en un héros divin (ou assimilé), guerrier, motivé par le salut des siens, éventuellement tué et capable de revenir à la vie, un principe de fécondité se développant dans le cadre d'une tribu souvent symbolisé par une divinité féminine et 2 jumeaux.
Dans les religions Indo-Européennes primitives polythéistes, ces 3 fonctions étaient assurées, au sein d'une même religion, par des divinités distinctes, souvent hiérarchisées et l'ensemble était ainsi complet. Il n'y avait pas de conflit entre les différentes religions primitives, toutes fondées sur les mêmes principes, seuls les noms des dieux changeant d'une religion à l'autre (croyance romaine et grecque par exemple).

Lors de la mise par écrit des religions monothéistes, chacune a mis plus particulièrement l'accent sur une des 3 fonctions primitives : le Judaïsme sur la 3ème (la fécondité, la tribu), le Christianisme sur la 2ème (le héros), l'Islam sur la 1ère (la souveraineté et le droit).

Ainsi elles couvrent, à elles 3, les 3 fonctions et constituent un système saturé. C'est la raison pour laquelle il n'y a jamais eu de 4ème religion monothéiste.

Originalité des religions monothéistes
Par rapport aux religions primitives, les 3 religions monothéistes présentent les originalités suivantes :

  • Le héros est délibérément pacifique,
  • La construction de la religion est continuellement contestée par le courant prophétique qui, au nom de Dieu, revendique autre chose. C'est ce courant, rejeté par les autorités religieuses et civiles, qui exprime la véritable innovation et le sens profond des religions monothéistes.
C'est l'adhésion à ce message prophétique qui constitue la vraie appartenance à ces religions.

Jean-Paul du MERLE

 
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