La conférence de Jean Lambert est un résumé de
son Livre : "Le Dieu distribué" (Cerf, 1995) que je
n'ai fait, jusqu'à présent que parcourir.
On peut saluer l'effort qu'il constitue d'une approche anthropologique
des textes fondateurs. Elle semble en effet ouvrir des perspectives
nouvelles aux futures relations interreligieuses. Le modèle "tridimensionnel",
proposé par G. Dumézil, et que l'auteur retient pour caractériser
le courant religieux indo-européen, constitue une sorte de "grille
de lecture" des trois religions monothéistes : Judaïsme,
Christianisme, Islam.
Cette grille en retient bien divers aspects et permet à l'Auteur
une thèse, sinon une synthèse, séduisante. Pourtant,
elle laisse passer des aspects essentiels : le Christianisme, par exemple,
ne se réduit pas à la personne de Jésus, sa conception
trinitaire exprime l'unité divine sous forme d'une relation d'amour
entre des personnes distinctes, qui se donne et s'ouvre par la Création
et l'Incarnation pour y faire entrer l'Humanité et l'Univers
entier.
Dans le livre, certaines phrases de l'Auteur semblent condamner le monothéisme
: "l'idéologie monothéiste rencontre bien sa limite,
comme si le système avait fourni tout ce qu'on en pouvait attendre…"
(p. 378).
Le Monothéisme est actuellement de plus en plus souvent en procès,
on peut lire sur ce point le livre d'Hippolyte Simon : "Vers une
France païenne", (Cana, 1999). Les attaques viennent notamment
de l'extrême droite qui y voit le danger d'une conception "égalitariste"
des rapports humains (voir notamment page 142).
Il faut répéter hautement que le Monothéisme ne
signifie pas "Dieu exclusif", mais bien "Dieu unique".
Et ceci en opposition avec le Polythéisme -fût-il "Indo-Européen"…
Les religions qui le proclament sont nées de ce même tronc.
Le génie du Monothéisme c'est d'abord qu'il fonde la fraternité
universelle sur un roc solide : les êtres sont tous issus d'une
même source, fils d'un même Père. Il exclut donc
définitivement le racisme.
C'est ensuite qu'il trouve son écho dans l'unité de la
Nature que révèle progressivement la Science, unité
de structure et unité d'origine.
C'est enfin que Dieu, contrairement aux polythéismes antiques,
n'est pas une manifestation de la Nature. Il la crée. Il est
donc transcendant. Et, du même coup, extérieur à
elle : "La création même est un retrait" (p.378).
Il laisse l'humanité libre et responsable sur notre Planète
: voilà le message commun aux trois monothéismes !
Serge DRABOWITCH (07/03/01)
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