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   Un témoin pour notre époque  
     
   Germinal n° 123, juin 2001  
   

En juin 2000 son livre sortait des presses. Pendant plusieurs mois, il a tenu la tête du peloton des livres religieux les plus vendus à la Procure. Le Vendredi-Saint 13 avril, avec René Rémond, Robert Hossein, Jean-Louis Fourrier et Jean-Denis Bredin, il subissait le feu des questions de Bernard Pivot dans Bouillon de Culture. A la question classique de Pivot "que pensez-vous que Dieu vous dira quand vous arriverez au ciel ?" il répondait en finale "Je pense qu'il me dira : tu aurais pu être meilleur dans Bouillon de Culture".

Lui, c'est Timothy Radcliffe, Maître Général des Dominicains. Son livre, c'est "Je vous appelle mes amis", entretiens avec Guillaume Goubert suivis de neuf écrits (lettres à son ordre ou prédications).

Ce livre nous a été offert par une personne amie à l'occasion de Noël et il a été pour moi source de beaucoup de bonheur. Je n'ai pas l'intention ici d'en faire l'analyse, les diverses publications chrétiennes l'ayant déjà fait et beaucoup mieux que je ne le pourrais. Mais je voudrais essayer de creuser pour moi-même et pour vous la partager, la traînée lumineuse qu'il m'a laissée.

Un beau livre n'est pas un objet comme un autre ; c'est un ami, un interlocuteur de choix, un maître à penser et c'est bien ce qu'est l'ouvrage de T. Radcliffe. Les questions de G. Goubert nous permettent de connaître un peu son itinéraire et éclairent la source d'où jaillissent la lumière, la joie qu'irradie le Supérieur des Dominicains.

Son enfance terrienne dans une grande propriété anglaise entourée de forêts avec toute une bande de frères, de sœurs, de cousins, de cousines lui a appris à aimer les arbres, la nature, les animaux et lui a procuré des instants de long silence pour guetter le passage furtif d'un animal méfiant. C'est là dans ce silence vivant que Timothy a découvert la contemplation de Dieu présent en lui et autour de lui, Dieu avec qui il a poursuivi sa vie durant, un long et intime dialogue.

Et cependant avant ses 19 ans, il n'avait jamais envisagé la vie religieuse ou sacerdotale. La recherche de la VERITE déclencha ce désir. Ayant appris qu'une congrégation religieuse avait pour devise "Veritas" il téléphona à ses anciens professeurs bénédictins pour savoir quelle était cette congrégation. Dès la réponse donnée, il se mit en quête du supérieur provincial et alla lui exposer son désir.

Cette intimité avec Dieu vécue dans la simplicité du quotidien me frappe profondément. Peut-être parce qu'elle rejoint mon propre penchant pour la prière simple, jaillissant de la vie et donc propre à chacun et qui est en quelque sorte une vie d'intimité amoureuse avec quelqu'un qu'on ne voit pas, qui souvent paraît absent mais auquel on fait une totale confiance.

Si T.Radcliffe a un tel rayonnement, il le doit sans doute à cette intimité avec Dieu, mais aussi à sa qualité de relation avec les autres et particulièrement avec ses frères. Il aime la vie pauvre et simple, il n'a aucun goût pour le pouvoir, il s'en méfie même tant pour ses frères que pour lui-même. Il est joyeux, direct, chaleureux, plein d'humour, respectueux de la pensée des autres dont il favorise l'expression et qu'il écoute avec une grande et bienveillante attention. Même au sommet de la hiérarchie de son ordre, il ne se prend jamais au sérieux et garde son sourire malicieux d'enfant.

Ses homélies, ses prises de parole comme ses lettres à son ordre ne font jamais appel à la "langue de bois" mais osent appeler un chat un chat, osent traiter de sujets tabous dont lui-même n'a jamais entendu parler en communauté. Il a le secret des comparaisons originales, inattendues qui excitent la curiosité du lecteur ou de l'auditeur.

Faut-il évoquer pour me faire comprendre deux de ses écrits. "Jurassik Park et la dernière Cène" conférence au cours de laquelle il met en parallèle le film célèbre sur les dinosaures et l'institution de l'Eucharistie, ou encore "l'ours et la moniale" conférence aux Supérieurs Majeurs de France au sujet de laquelle, attendant le bus, son regard est attiré par une affiche représentant un ours en colère. Cette affiche va lui inspirer toute sa conférence qui d'un bout à l'autre comparera l'animal en colère et la religieuse. Avouez qu'il fallait y penser.

Dans le livre de T. Radcliffe éclate son amour pour Dieu et pour ses frères, mais aussi son attachement à l'Eglise. Je ne peux tout dire car je serais trop longue mais ce qui certainement m'a le plus frappée, ce qui alimente ma réflexion et m'aide à vivre les moments difficiles, c'est l'importance qu'il accorde à l'amour fraternel, à l'amitié partagée envers ses frères dominicains d'abord mais aussi envers les plus pauvres, les plus marginaux. Pour lui, il n'y a pas d'exclus. Quel que soit leur passé, il va à leur rencontre, il accepte leurs invitations, il les écoute longuement, essayant de comprendre leur cheminement. Et ce n'est que lorsqu'il a conquis leur affection qu'il peut essayer de dialoguer sur Dieu.

Avant de terminer, je voudrais citer un de ses propos qui me semble-t-il, devrait nous donner à penser et peut-être à créer : Il n'est pas douteux que l'une des façons de témoigner de ce que c'est qu'être un homme est de se réunir en petites communautés locales pour revivre l'histoire de la dernière Cène, avec son mystère de liberté et de pardon.... Dans ces communautés, nous devrions être nourris de la certitude que le bien que nous recherchons n'est pas notre satisfaction personnelle mais le bien commun. Mais ces communautés ne devraient pas être des petits groupes repliés sur eux-mêmes, des bandes de copains... Non ! Il nous faut entretenir le sens d'une appartenance plus vaste, goûter notre communion avec tous les hommes, les saints et les pécheurs, les vivants et les morts". (p.164)

Je vous souhaite à tous de vous procurer ce livre et d'en faire votre livre de chevet.*

Soeur Marie Joseph

* Timothy RADCLIFFE "Je vous appelle mes amis" La Croix - Cerf

 
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