retour à la page d'accueil retour à la page d'accueil
retour à la page d'accueilarchives des homéliespetit germinal, informations pratiquesla vie de la communautédernières conférencesparticipez à germinal
retour page accueil Archives Forum Au sommaire du prochain numéro
 
Consulter et participer au forum Germinal

Forum Germinal

 
   La guerre des mondes  
     
   Germinal n° 124  
   
          11 Septembre 2001 : il y eu d'abord la surprise. Puis, cette fascination affreuse pour le cataclysme dont on n'est pas la victime, mais dont on devine vaguement que l'onde de choc viendra toucher on ne sait trop comment notre existence : nos pensées nous traversent parfois sans qu'on les maîtrise. L'horreur n'est venue que plus tard. Puis le doute, l'interrogation. A l'heure de la mondialisation et des satellites où toute distance, où toute frontière semble abolie, éclate une guerre de civilisations. Des armes de science-fiction, des combattants du Moyen-Age, des haines vieilles de près de 1000 ans, des "Croisés" américains, des prophètes à cartes de crédit... Deux mondes s'affrontent, hors du temps, et leurs langages se téléscopent.

          Oui, quelque chose a changé. Même si je connaissais ses débordements fanatiques, l'Islam avait, près de moi, le visage souriant de ce vieil épicier marocain qui accroche des guirlandes et des boules de Noël dans sa boutique. Celui de Khédidja, qui travaille avec nous et se désole pour l'Algérie. Celui d' Aziz, supporter malheureux du Paris-Saint-Germain... J 'ai réfléchi. Tous trois sont musulmans et font le Ramadan. Mais ils le font par tradition, par respect de leur culture et parce que c'est l'usage: nous en avons souvent parlé. Peut-être un jour reviendront-ils à une foi plus profonde.

          Or, si un chrétien retourne à sa pratique et se rapproche de l'Evangile, il trouvera des paroles de paix. Mais si un musulman retourne au Coran, que trouvera-t-il ? Mohammed est un guerrier. II prêche un Islam conquérant, impérieux, dominateur, dont l'une des exigences est la Guerre Sainte. Bien sûr, on y trouve aussi des exhortations à la patience, à la persuasion, à la fraternité, à l'amour. Mais il n'y a pas de châtiment assez cruel pour ceux qui ne sont pas soumis à l'Islam : de nombreuses sourates promettent les infidèles à tous les supplices. Rien à voir avec la parole de Jésus : "Allez donc, et de toutes les nations faites des disciples, les baptisant au nom du Père, du Fils, et du Saint Esprit " même si, hélas, la recommandation a parfois tourné au massacre. Car cette violence étrangère à l'Evangile, le Coran, lui, en prévoie et en justifie les termes. Quoi qu'on en pense, elle est écrite. Qu'un esprit scrupuleux vienne s'y conformer... Et sous les traits de feu de la colère divine, New York se couvre de cendres. Car cette guerre-là se livre aussi avec des symboles.

          Je ne doute pas que beaucoup de musulmans récusent une telle vision de l'Islam et cherchent à vivre leur foi avec une conscience plus occidentale, capable de relire, d'adapter, d'interpréter, de distancer. Mais comment distancer un texte, qui se veut, à la lettre, la parole de Dieu ?

          Je ne doute pas que L'Islam ait été un jour une école de bienveillance, d'ouverture d'esprit, d'audace intellectuelle et que le Commandeur des Croyants se soit, à l'occasion, montré plus éclairé que certains de nos Papes. Mais où sont ces trésors de sagesse, de tolérance, de modération ? L'Islam renaît aujourd'hui de ses modèles les plus archaïques : ce n'est pas en terre chrétienne qu'on coupe la main des voleurs, qu'on lapide et qu'on émascule conformément à la loi.

          J'ai relu le testament de Christian de Chergé, auquel je croyais sincèrement. Je ne sais plus ce qu'est l'Islam : celui des Talibans ou celui du grand recteur de la Mosquée de Paris ? Celui d'Aziz et de Khédidja, ou celui des égorgeurs de Tibhirine ? Je sais encore moins ce qu'il devrait être... Que pouvait penser Cuathénoc, le dernier empereur Aztèque, des bienfaits du Christianisme ? Ce que je vois en revanche, c'est que l'Islam renaissant, celui qui se lève aujourd'hui, s'arme, et soumet les peuples impose à ceux qu'il domine, et principalement aux femmes, des lois sauvages et inhumaines. Je vois aussi que cette nouvelle ferveur religieuse se trouve savamment orchestrée par des chefs dont la culture ne se limite pas à quelques versets du Coran inculqués, à grand renfort de taloches, dans des madrassat de village.

          Cet Islam-là, à sa source, ne pèche pas par ignorance. II est le choix d'hommes instruits. Issus de pays riches, qui n'ont pas de griefs contre l'Occident. Mais tout se passe comme si ces hommes avaient partagé leur esprit en deux compartiments étanches : un cerveau moderne, ouvert à la science et aux technologies du monde occidental, bien qu'étranger à leur philosophie, et une intelligence venue du fond des âges, hantée par les imprécations d'un Dieu vengeur et despotique, peuplée de malédictions, de prophéties, de paraboles et d'anathèmes. Si seulement l'un et l'autre pouvaient réconcilier leurs langages et travailler ensembles à une compréhension plus profonde de l'humanité...

          Nous avons eu, nous aussi, notre lot d'obscurantisme. Du moins notre pensée chrétienne a-t-elle été un jour capable de s'amender, d'évoluer, de maîtriser ses angoisses, de dominer ses conflits, de réduire ses contradictions face aux bouleversements du monde en marche : de se penser en devenir. Un paradoxe irrecevable pour beaucoup de religions, et pas seulement pour l'Islam.

Anne TAUVEL

 
  Envoyer sa contribution à Germinal            Consulter ou participer au forum