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   Editorial  
     
   Germinal n° 124  
   

" Notre Communauté - notre paroisse, mais, plus largement, la communauté chrétienne - va-t-elle VIVRE ou SURVIVRE " ?

     C'est à répondre à cette question que nous a incités Luc PAREYDT, lors de notre week-end de rentrée.

     En lisant le texte " parlé " de sa conférence que vous trouverez en pages couleurs ci-dessous, vous réagirez à cette interrogation, puis, vous ne manquerez pas de communiquer le fruit de votre réflexion à GERMINAL.

     Les attentats terroristes du 11 septembre 2001 aux U.S.A. sont aussi pour nous source d'interrogation. C'est le thème de ce numéro.

     Beaucoup ont dit que rien ne serait plus comme avant.

     Certes, c'est vrai pour les familles des victimes, pour qui se pose d'une façon cruciale la question : VIVRE ou SURVIVRE quand l'on a perdu un mari, une épouse, une mère, un père, un enfant, un ami.

     Certes, c'est vrai, les américains ont pris conscience que leur pays n'était pas un sanctuaire inviolable, qu'ils pouvaient être menacés et atteints gravement chez eux.

     Mais cela suffit-il pour que notre monde ne tourne plus comme avant et que ces événements tragiques marquent un réel changement de cap dans la politique des grandes puissances, leur hégémonie et la prévalence de leurs seuls intérêts économiques ?

     Cela suffit-il pour provoquer chez nous aussi une prise de conscience assez profonde pour changer quelque chose dans notre façon de lire les événements du monde et avoir le désir profond de travailler, là où nous sommes et, à notre mesure, de tenter d'en modifier le cours.

     Très modestement, ces attentats ont déjà changé quelque chose puisque plusieurs articles de ce numéro de Germinal émanent de personnes qui n'écrivent pas habituellement dans cette revue. Ils se sont assis pour réfléchir, prier et écrire. (Nos frères de l'Eglise réformée de Robinson organisent autour de Monsieur Paul Ricoeur, le samedi 15 décembre à 14 heures, 36, rue Jean Longuet, un temps de réflexion et prière à propos de ces événements et de leur suite).

     La réflexion s'est souvent orientée sur la nature de l'islam, en particulier sur le fait de savoir si cette religion et son livre sacré, le CORAN, n'avaient pas partie liée à la violence, à la guerre sainte et sur la pertinence d'une distinction entre islam et islamisme. Des interrogations se sont fait jour sur l'aptitude de l'islam à accepter la modernité ou, plus précisément, à avoir une lecture non fondamentaliste de son livre saint.

     L'un des rédacteurs rappelle, à juste titre, combien, dans l'Eglise catholique, une lecture fondamentaliste de l'Ecriture a été imposée jusqu'au début du 20ème siècle. Quant à la violence, l'histoire de la conquête du Nouveau Monde à la fin du 15ème et au début du 16ème siècle, nous rappelle que les chrétiens n'ont pas toujours su y échapper et qu'elle a parfois été justifiée au nom même d'une conception du salut.

     On rappelle que notre livre saint, la Bible, n'est pas exempt de violence. Et n'essayons pas de nous en tirer à bon compte en opposant un peu facilement le Dieu de l'Ancien Testament au Dieu de Jésus-Christ.

     Il semble aussi, à lire certaines des contributions de ce numéro, que, malgré le souhait de poursuivre le dialogue avec les musulmans, les événements du 11 septembre dernier aient quelque peu refroidi les ardeurs du dialogue interreligieux ou que l'on veuille parvenir à plus d'exigence (moins de naïveté ?) et à plus de questionnement dans nos rencontres.

     Bruno FRAPPAT, dans un éditorial du journal LA CROIX du jeudi 13 septembre, avait très justement écrit sous le titre " Reconstruire " : " Il faut aussi que l'islam vers lequel tous les regards et toutes les pensées convergent en ces heures sombres, nous disent si, en quoi que se soit, il se rêve un avenir hégémonique, offensif, combattant. Ou si, comme on incline à le croire, l'islamisme est sa caricature, son ennemi absolu, son faux-frère infernal. Le monde entier a le droit de savoir si l'hypothèque que ferait peser sur l'humanité une religion totalitaire est un fantasme occidental ou un projet… "

     Pour ma part, je ne partage pas l'idée soutenue par JACQUES ROLLET, présentant un de ses livres dans une récente émission sur France-Culture, qui soutenait que, pour lui, l'islam, par sa conception même de la révélation, était voué à rejeter la modernité, les droits de l'homme et que les vrais musulmans étaient les talibans.

     S'il n'existe pas un Islam, mais des islams parlant de voix différentes et même divergentes, s'il n'existe pas en islam d'autorité d'interprétation, il est honnête de rappeler la déclaration de la plus haute instance de l'islam sunnite (Ben Laden et les talibans sont sunnites), le Cheikh Mohamed Sayed Tantaoui, l'imam de' l'université Al-Azhar au Caire, cité par La croix du 13 septembre 2001 : " Al-Azhar est opposé au terrorisme, quels que soient sa source et le lieu où il est pratiqué… Tuer des hommes, des femmes et des enfants innocents est un acte horrible et hideux qu'aucune religion monothéiste n'approuve et qui est rejeté par tout être humain sain ".

     Dans le même sens, Soheib BENCHEIKH, Mufti de Marseille a déclaré dans un interview, au Monde, le 20 novembre 2001 : " Prenons l'exemple des talibans, ils n'appliquent pas le Coran ou plutôt s'ils en appliquent quelques bribes, c'est toujours à travers l'interprétation la plus archaïque et la plus anachronique. Ils appliquent un droit musulman qui est le fruit d'une œuvre humaine et non divine comme ils le prétendent, élaboré du IXème au XIIème siècle, qui ensuite a été sacralisé. Et ils osent appeler cela " Charia " ! La " charia " est un mot mystique, c'est la voie qui mène à Dieu ". Il précise un peu plus loin qu'il faut dénoncer le wahhabisme avec force.

     Comme l'écrit très justement l'un des rédacteurs de ce numéro, ces événements et cette crise sont encore l'occasion de nous interroger sur l'image que nous avons de Dieu.

     Dimanche dernier, dernier dimanche de l'année liturgique, nous célébrions le Christ Roi de l'univers, et l'évangéliste Luc nous présentait Jésus sur la Croix entouré des deux larrons. Notre roi est un Messie crucifié. Saint Paul n'a rien voulu savoir et annoncer d'autre.

     Le mystère de Noël vers lequel nous allons en ce mois de décembre, nous rappelle, toujours dans l'évangile de Luc, que le signe du salut que Dieu donne aux bergers, c'est un enfant couché dans une crêche. Un Dieu qui se fait proche, l'un d'entre nous.

     Faiblesse de Dieu, humilité de Dieu, Messie Crucifié… est-ce bien à ce Dieu là que nous croyons, nous chrétiens… un Dieu qui se révèle à travers le frère, le plus faible, le plus pauvre, le plus démuni. " Ce que vous avez fait au plus petit d'entre mes frères, c'est à moi que vous l'avez fait ".

     Alors, dans le petit quotidien de nos existences ordinaires, essayons de vivre, quoi qu'il en coûte, cette fraternité universelle, seul chemin vers une paix durable.

     Bon Avent et Bon Noël 2001 !


Philippe GUIBARD, curé

 
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