A la suite des attentats aux Etats-Unis, le cardinal Lustiger a publié,
mercredi, cette déclaration :
" Une horreur qu'il est impossible de dire " : tels sont
les mots du pape. Je suis sous le coup de cette tragédie qui
m'effraie pour l'humanité. Le terrorisme, nous savons ce que
c'est : des attentats individuels, parfois collectifs ; il y en a
eu à Paris pour faire parler de soi ou de sa cause, pour conditionner
l'opinion publique ; une stratégie politique qui ne recule
pas devant le risque du crime.
A New York et Washington, le terrorisme devient une guerre. Le monde
entier a vu une ville dévastée comme après un
bombardement. Quelle guerre ? La troisième guerre mondiale
? Que Dieu nous en garde ! Mais il y a encore plus grave : cette guerre
est nourrie par la haine. Les évêques américains
sont les seuls à avoir prononcé ce mot : " la haine
". Oui, c'est la haine qui arme les bras et qui rend les gens
fous au point de préférer se tuer pour tuer. C'est l'inverse
des martyrs. Le martyr donne sa vie pour sauver des vies. Le fou,
le suicidaire, le kamikaze se tue pour tuer. Cette guerre, c'est la
guerre de la haine entre les peuples. Pour arrêter la guerre,
il faut arrêter la haine. Sinon, ce nouveau siècle sera
écrasé par un conflit inexpiable.
Il faut désarmer la haine. Les gens de raison doivent accepter
de se parler, de discuter, de se traiter en êtres humains ;
qu'ils se défassent de leurs préjugés raciaux,
religieux, ethniques, pour se reconnaître les uns les autres
frères en humanité. Sinon, même la simple équité
ne pourra empêcher des conflits mortels. Le droit ne peut s'imposer
qu'au nom de la justice acceptée. Pour nous, chrétiens,
il nous faut pardonner, faire miséricorde, aimer. Car sans
amour, il n'y a pas de paix possible. Il faut arrêter la gangrène
de la haine qui provoque la guerre et la mort. Ce soir (mercredi,
NDLR), à Notre Dame de Paris, je prierai avec les parisiens.
Humble et pauvre prière, acte de vérité qui peut
arrêter cette fatalité, puisqu'il dépend de nous
d'aimer, même nos ennemis, comme Jésus l'a dit. "
La Croix - Vendredi 14 septembre 2001
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