C'était
hier. Nous changions de siècle et de millénaire, et
les augures affirmaient à l'unisson que, par les vertus conjuguées
de l'Internet et des téléphones portables, l'humanité
entrait dans une ère de prospérité et de félicité
sans bornes. Les sujets de préoccupation ne manquaient certes
pas, et les médias nous entretenaient de façon périodique
et renouvelée, du réchauffement de la planète,
des trous grandissants dans la couche d'ozone, de la pollution de
l'air, des sols et de l'eau, de la vache folle, de la faim dans
le monde et autres joyeusetés. Mais enfin, nos élu(e)s
devaient s'occuper de ces problèmes - nous les avions choisis
pour cela - et le versement périodique d'une petite obole
à des associations humanitaires apaisait notre conscience.
Survinrent
les événements du 11 septembre aux USA, suivis de
la menace d'une guerre de religion planétaire ; notre conviction
que le monde allait, en cahotant parfois, vers un avenir toujours
meilleur, se fit d'un coup moins assurée, puisqu'il apparaissait
que la technologie la plus avancée pouvait être mise
au service des desseins les plus noirs d'une poignée d'hommes
qui n'hésitaient pas à plonger des milliards de leurs
semblables, riches ou pauvres, dans l'angoisse du lendemain.
Chacun
de nous, consciemment ou non, se pose dès lors ces questions :
quel avenir sommes-nous en train de fabriquer pour nos descendants
? Leur léguerons-nous des lendemains qui chantent, et pourrons-nous,
comme le laboureur de la fable, convaincre nos enfants qu'un trésor
est caché dans notre héritage ?
Le
contenu de la réponse qu'il convient de donner à ces
interrogations, dépend de notre humeur et de notre tempérament,
mais nous gardons tous à l'esprit que la vie est toujours
plus forte que la mort.
M. NAUD