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   Y aurait-il deux poids, deux mesures ?  
     
   Germinal n° 124  
   
Cahors, ce 11 septembre 2001

     Après 6 jours de marche et de " jeûne médiatique ", notre groupe des " onze pèlerins de Châtenay vers Saint-Jacques " est heureux de l'étape courte qui nous permet d'arriver à Cahors à l'heure du déjeuner, de " savourer " un beefsteak-frites à la terrasse d'une brasserie avec comme fond sonore le bruit… d'automobiles. Puis notre petit groupe se disperse pour visiter au gré de chacun la capitale du Quercy. Et là, dans la curieuse cathédrale à coupoles, un de nos couples-pèlerins s'avance bouleversé, leur fille trentenaire, épanouie, mère de famille heureuse vient de les joindre sur leur portable pour annoncer cette stupéfiante nouvelle " plusieurs avions-suicide ont percuté les Twins Towers ".

     Nous allons passer la soirée, comme des millions d'habitants de notre planète, à regarder ensemble dans une des chambres de notre hôtel, pourvue d'une télévision, des images stupéfiantes de film-catastrophe, qui pour imaginables qu'elles soient, ne semblaient pas pouvoir franchir les limites du virtuel.

Entre Cahors et Lascabannes, ce 12 septembre 2001

     Devant le désarroi exprimé par la fille de nos amis, il me semble important de rompre le silence tacite et tout en marchant je téléphone à notre propre trentenaire. Bien qu 'en état de sidération comme tout le monde, dès ce matin, cette génération paraît avoir remis en question la politique Nord-Sud, stigmatisé le fanatisme de l'islamisme intégriste et l'arrogance naïve des Etats-Unis et du monde occidental, constaté la différence de poids des morts du Rwanda et d'ailleurs, pris la mesure des répercutions économiques à leur propre échelle.

     Je ressens personnellement que je suis hors du monde et de ce qui se vit. Le soir dans le très joli village de Lascabannes un ressortissant britannique installé là depuis plus de 10 ans nous fait découvrir " son coin de paradis " sans aucune allusion aux évènements de la veille, " l'ermite " qui tous les soirs célèbre l'Eucharistie pour les pèlerins de Saint-Jacques n'a pas une parole pour les victimes et leurs proches dans la douleur….

* * * *

     Nous avons repris notre marche un peu en marge du monde jusqu'à Condom et retrouvé le 19 septembre la médiatisation extrême.

      Je crois que tout a été dit et beaucoup mieux que je ne saurais le dire, sur cette manifestation d'hyper-terrorisme, sa froide détermination, sa logique impitoyable et ses conséquences probables à court et long terme.

     Une question cependant me trouble : je me souviendrai, je crois, toujours de ce 11 septembre et de la façon dont j'ai appris la nouvelle de l'attentat (comme beaucoup de ma génération se souviennent du jour de la mort de John Kennedy..). Pourquoi, alors, ne suis-je pas en mesure de dater et mémoriser le gigantesque tremblement de terre au Gujarat qui a enseveli des milliers (combien ?) d'Indiens, il y a quelques mois (quand précisément ?) ?

     Pour moi aussi la vie humaine aurait-elle deux poids, deux mesures ?

Marie-Thérèse Chainet

 
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