Selon leur parcours, leur histoire,
il est possible que tous les jeunes adultes pratiquants de moins de
40 ans ne se reconnaissent pas totalement dans ce que j'évoque
plus loin. Cependant, la tendance est à la fois suffisamment
nette et manifestement incomprise pour que cette tentative d'explication
me paraisse nécessaire…
A 36 ans, je fais partie des aînés
de la génération JMJ. Ma génération a
toujours connu l'Eglise caricaturée dans les médias,
méconnue et méprisée dans la population. Si c'est
une souffrance, c'est aussi une chance pour nous. Cette mère
humiliée, sans qui nous, petit reste d'Israël, n'aurions
pas pu recevoir la Foi qui nous fait vivre, nous avons volontiers
le réflexe de la défendre. " Touche pas à
ma mère ! ".
Changer l'Eglise ne nous intéresse
pas beaucoup. Ce qui nous intéresse en revanche, c'est de faire
connaître notre Foi, la perle de l'Evangile, à ceux qui
n'en connaissent que la caricature. On ne peut se taire devant un
tel malentendu ! La génération JMJ est très naturellement
missionnaire. Puisque changer l'Eglise ne nous passionne pas, nous
avons la chance de n'avoir aucun grief contre notre pape, qualifié
par d'autres de conservateur. Ce n'est un secret pour personne, il
se passe quelque chose d'étonnant entre cet immense témoin
et nous.
" N'ayez pas peur ! Le monde vous
attend ! Soyez des saints ! ".
Nous nous savons tout petits par rapport
à la tâche à accomplir. C'est pourquoi nous ne
pouvons que nous appuyer sur la grâce de Dieu. Nous croyons
que l'Eglise se reçoit de Dieu, aussi nous pouvons nous appuyer
sur Elle. Un jeune qui choisit d'être prêtre aujourd'hui
fait preuve d'une audace inouïe. Pour relancer sa générosité
en toute confiance et liberté, il a besoin d'une base stable,
d'une Eglise qui ne se dérobe pas sous ses pieds. Il ne méprise
aucun trésor de la tradition, s'il pense que cela peut l'aider
à accomplir sa mission ? Il n'y a là aucun réflexe
de peur. Il s'agit plutôt d'un réalisme profond, fruit
de l'humilité et d'une grande confiance en Dieu et en l'Eglise
qui se reçoit de Lui.
Alors, génération JMJ
frileuse, peureuse ? C'est tout le contraire : génération
libre de tout faux complexe qui ose être elle-même.
Frères aînés, soyez
rassurés : je vous assure, nous sommes faits du même
bois que nos copains indifférents. Pardonnez-nous, si la vie
de Saint François d'Assise nous émeut plus que les rebellions
de Mgr Gaillot. C'est bête, mais on a tendance à penser
que ça fonctionnerait pareil chez les copains. Le vrai défi,
c'est de faire tout ce qu'on peut pour qu'une petite étincelle
puisse un jour s'allumer dans leur cœur : prière, présence
dans les médias, engagement social et solidaire, conversion
personnelle, témoignage personnel, débat intellectuel
par rapport à l'incroyance, initiatives novatrices d'évangélisation…
et puis, l'unité.
Puisse cet article être au service
d'une meilleure compréhension entre frères de sensibilités
différentes, donc au service de l'unité entre catholiques
pour commencer.
" Père, que tous soient un comme nous sommes un,
afin que le monde croie. "
Anne LAFARGUE